TDAH et méditation│MÉDITER AUTREMENT : 7 clefs pour apprendre la pleine conscience Pauline Bédé

La pleine conscience est une discipline d'entraînement mental : elle ne délivre ses bienfaits qu'avec une pratique régulière, au bout de plusieurs semaines, plusieurs mois. Selon les recherches, 10 minutes par jour suffisent pour produire des changements significatifs. Dans cet épisode, je vous donne 4 conseils pour parvenir à régulariser votre pratique en prenant en compte vos besoins spécifiques liés au TDAH.

Beaucoup de personnes débutent la méditation en pensant trouver un outil, une technique pour "gérer" leurs émotions au sens de les contrôler et les réprimer. Avec une telle attente, on peut facilement interpréter les émotions déplaisantes comme un obstacle ou un échec de la pratique.

Rappelons-nous que la pleine conscience n'est pas une pratique pour maîtriser ou évacuer les expériences difficiles. Nous apprenons au contraire à les accepter et à les explorer, en conscience et sans jugement, au lieu de chercher à les éliminer. Cette approche permet, avec le temps, d'accueillir nos émotions plus sereinement, de les traverser pleinement, sans nous laisser submerger ni craindre leur présence.

Les personnes qui ont un TDAH rencontrent fréquemment deux grands défis quand elles essaient de régulariser leur pratique de méditation : le manque de motivation et les oublis. Dans les deux cas, la solution est d'amener davantage de conscience au coeur même de votre journée, en introduisant des petits moments de pratiques informelles, comme la pratique STOP.

Aucune expérience n'est en elle-même monotone et ennuyeuse. C'est parce que nous n'accordons pas suffisamment d'attention et de curiosité au moment que nous vivons, qu'il nous semble sans saveur et sans intérêt. 

Lorsque nous méditons, nous entraînons notre capacité à retrouver de la stimulation dans les choses les plus simples, les plus ordinaires qui se manifestent dans l'instant présent. 

Quand vous vous ennuyez pendant une méditation, cela signifie que vous avez perdu le contact avec le moment présent et que votre mental a pris le dessus. Dans ces cas-là, redisposez-vous à observer ce que vous vivez avec davantage d'intensité et de curiosité. Vous vivez de l'ennui ? Explorez en conscience cette sensation d'ennui... Voyez comment l'accueillir, l'accepter et l'examiner. Elle devient un objet passionnant 😉.

Le TDAH génère des états inconfortables que vous avez peut-être pris l'habitude de fuir en détournant l'attention de vos ressentis. A long terme, ces stratégies de distraction nous privent des moyens de nous ressourcer dans l'instant présent. La pratique de pleine conscience n'est pas une stratégie supplémentaire pour fuir vos ressentis. Elle vous invite au contraire à les rencontrer, à les explorer.  Avec l'entraînement, vous développerez une capacité à mieux accueillir les expériences difficiles, d'une façon qui créera moins de souffrance et de frustration. Avez-vous déjà vu un fakir marchant sur des braises ? C'est un peu ce que nous visons à travers la pratique : nous nous exerçons à marcher sur les braises du TDAH, pour apprendre à vivre avec, de façon plus apaisée .

Figurez-vous qu'il est normal que votre attention décroche 10 fois ou même 100 fois pendant la pratique 😌.  Méditer ne consiste pas à arrêter de penser (spoiler : c'est impossible !) ; il s'agit plutôt de vous exercer à : 1) prendre conscience quand votre esprit s'est égaré, emporté par des pensées ou des distractions 2) replacer votre attention sur le moment présent. Pratiqué régulièrement, cet entraînement mental vous aidera à remarquer plus souvent et plus facilement quand vous avez des moments d'absence ou de distraction dans votre vie de tous les jours, et à mieux contrôler le placement de votre attention. Dans l'exercice du jour, nous utilisons le souffle comme point d'ancrage pour revenir au présent.