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Info environnement, musiques du monde, ambiance Nature

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Info environnement, musiques du monde, ambiance Nature

    « On est à la fin d’un système », le regard de France Libertés

    « On est à la fin d’un système », le regard de France Libertés

    Crise climatique, sociale, démocratique, économique, le monde de 2020 doit faire face comme jamais à des défis majeurs pour l’avenir.

    Face à l’accélération des dérèglements politique, sociaux, environnementaux, il est temps de rompre avec un système libéral et productiviste qui mène l’humanité à sa perte. C’est le sens d’un texte que va présenter dans quelques temps France Libertés. Sous le titre « Radicalisme utopique », la Fondation pointe l’urgence de la situation et lance des pistes pour changer de cap.



    * Avec Jérémie Chomette, le directeur de France Libertés



    Il y a plus de 30 ans, Danielle Mitterrand affirmait la nécessité pour l’humanité de repenser son rapport au monde. En ce début 2020, son constat est toujours d’actualité ?

    « Plus encore qu’avant peut-être. Il y a 30 ans, on parlait de LUTTER CONTRE TOUTES LES OPPRESSIONS. Aujourd’hui, ces oppressions se multiplient et s’accélèrent. Donc il faut complètement reprendre les choses à la racine. Il faut repenser notre rapport au monde, repenser notre rapport aux autres, repenser notre rapport aux autres êtres vivants, et pas seulement aux êtres humains »

    Vous estimez qu’il y a une multiplication des crises ?

    « Oui, et c’est logique que ces crises soient liées les unes aux autres et qu’elles se multiplient. On est à la fin d’un système. On s’aperçoit que nos ressources sont de plus en plus limitées. Forcément, les personnes les plus riches ou celles qui sont au pouvoir, qui constituent une minorité, vont chercher à garder leurs privilèges au maximum. Elles voient qu’elles ne pourront plus faire autant de bénéfices en détruisant la planète. Elles vont chercher à survivre. Ce sont elles qui ont le pouvoir. Donc les crises vont se multiplier. »

    Pour produire du bonheur, « il faut une forme d’esclavage »

    Qu’est-ce qui cloche dans le monde de 2020 ?

    « On voit qu’on est arrivé à bout de notre système de fonctionnement. Notre système occidental est basé sur la domination d’une poignée d’hommes sur d’autres êtres humains, mais aussi des êtres humains sur toutes les ressources planétaires. Pour qu’on produise une forme de bonheur, qui est souvent de très artificiel, on a besoin de consommer énormément, de chercher à toujours développer la croissance économique. Pour développer la croissance économique, il faut des formes d’esclavage. C’est ce qu’on voit sur le plan social où, pour faire des vêtements, on va toujours délocaliser pour les concevoir là où on va payer 30 euros ou 30 dollars du mois les gens, que ce soit au Cambodge, en Chine ou en Ethiopie. On voit qu’on est obligé de dominer certaines autres personnes. De la même façon, pour continuer cette croissance, on est obligé d’extraire énormément de ressources, d’éléments naturels du sol. En fait, on est en train d’arriver au bout. La planète ne peut plus supporter tout ça. Il en est de même des humains qui sont dominés et qui se révoltent. Donc on est vraiment sur la fin d’un système. Les crises se multiplient puisque les privilégiés ne veulent pas lâcher et vont chercher à garder leurs privilèges. »



    Le système capitaliste et consumériste, que vous dénoncez dans le texte, est à bout de souffle ?

    « Exactement. C’est même les systèmes capitalistes et productivistes. Même dans d’autres façons de faire société, toute l’idée qui est basée sur la croissance, sur le productivisme, de devoir toujours faire plus, on ne peut plus. Il y a des limites et on est en train de dépasser toutes les limites. »

    Inventer d’autres formes de rapport au monde

    Pourtant,

    • 5 min
    Radioka, le média autochtone guyanais qui compte

    Radioka, le média autochtone guyanais qui compte

    Il y a du nouveau dans le paysage médiatique de Guyane. Radioka est né. Radioka, c’est un média en ligne amazonien. Son ambition : être le réseau d’échanges d’informations sur l’actualité du monde autochtone de Guyane. Ce nouveau média est né il y a tout juste trois mois, à la mi-octobre.



    * Avec Ludovic Pierre, fondateur de Radioka.



    Qu’est-ce qui vous a poussé à monter ce projet et quel est l’objectif de Radioka ?

    « Radioka est axé sur trois grands objectifs. C’est tout d’abord de relayer les actualités autochtones de Guyane. Mais il s’agit également de relayer les actualités autochtones de par le monde, que ce soit en Nouvelle-Calédonie, au Brésil, au Canada, aux Etats-Unis, etc… Et le plus important c’est d’apporter l’analyse des peuples autochtones sur l’actualité, que ce soit sur l’économie, les enjeux scientifiques et divers sujets. »

    Donner de l’écho aux autochtones

    Quelle est la signification du nom Radioka ?

    « Cela vient d’Oka, qui signifie écho, nouvelles d’ailleurs. en langue kali’na, une des langues autochtones de Guyane. »

    Radioka veut donc être un espace d’expression des peuples autochtones. Cela veut dire que ces peuples n’étaient pas entendus jusqu’alors sur les médias traditionnels ?

    « Pas suffisamment en tous cas et pas de la manière dont on voudrait aborder ces sujets-là. Pour pouvoir traiter un sujet comme un autochtone pourrait le faire, il faut redéfinir certains concepts, certains traits spécifiques aux autochtones. Il faut être capable de traduire quelques concepts de nos langues vers les langues européennes pour pouvoir apporter au mieux une analyse plus complète que ce que les médias actuels ont apporté jusqu’à aujourd’hui. »

    Les angles choisis par les médias clastiques ne prennent pas suffisamment en compte les peuples autochtones ?

    « Disons que la manière de traiter les sujet, à Guyane 1ere par exemple, c’est très académique. Cela baigne dans un contexte social où on a été exclu pendant longtemps. Du coup, la manière dont on traite le sujet enlève cet héritage social qu’ont les autochtones et les autres communautés. Cela entre en jeu dans l’analyse et la perception de toute information. »

    Pour être concret, il y a un exemple des sujets que vous abordez et de la manière dont vous les traitez ?

    « Le dernier article qui est paru concerne les élections municipales de 2020 à Saint-Laurent du Maroni, dans l’ouest guyanais. Dans l’interview, j’ai abordé l’héritage traditionnels, la coutume, dans les enjeux urbains. La ville est un espace urbain. Nous on vient de communautés où la tradition et les coutumes sont encore très vivants. La plupart des médias ne s’intéressent pas beaucoup à ça. Ils attaquent directement les programmes de manière frontale, par l’économie par exemple à Saint-Laurent. Or Saint-Laurent et une commune où il y  a énormément de communautés différentes. Il faut vraiment prendre ça en compte. »

    Riches d’une histoire pour exister

    Vous voulez également mieux valoriser les langues et cultures autochtones ?

    « Bien évidemment cela va ensemble. Dans Radioka il y aura quelques émissions qui seront en langues autochtones. Ce sera un espace pour découvrir les différentes langues qui existent en Guyane et un espace où les locuteurs peuvent pratiquer d’une autre manière. Cela pourra être un espace d’expression dans leur lague. La culture va avec. Il y aura une présentation des différentes cultures et des cultures qui ont existé avant. Parce qu’il y a eu plus de 30 peuples a href="https://www.frequenceterre.

    • 5 min
    Municipales 2020 : l’eau est un droit

    Municipales 2020 : l’eau est un droit

    L’eau est un droit pour tous. Pourtant, aujourd’hui encore, plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable. Et plus de quatre milliards ne bénéficient pas de réelles installations sanitaires.

    Il y a pourtant un défi mondial à relever, celui fixé par les Nations Unies d’assurer à ces milliards de personnes des services d’alimentation en eau et d’assainissement d’ici 2030. De quoi leur assurer une vie digne.

    Cet objectif concerne également la France. A l’occasion des élections municipales de 2020, 29 associations s’unissent à la campagne lancée par la Coalition eau et la Fondation France Libertés, « L’eau ne se mérite pas, c’est un droit ».



    * Avec Justine Richer, chargée du programme “Eau, bien commun” à la Fondation France Libertés



    On connaît les difficultés, voir l’impossibilité d’accéder à l’eau et à l’assainissement dans énormément de régions dans le monde. Ce qu’on sait moins, c’est qu’en France aussi, des millions de personnes connaissent ces carences.

    « En France métropolitaine on compte 1,4 millions de Français qui n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable gérés en toute sécurité. Ce sont des chiffres de l’OMS et de l’Unicef qui datent de 2019. Ce sont des chiffres dont on n’a pas forcément conscience. On entend toujours parler de la situation mondiale dans laquelle 40% de la population seront confrontés à des pénuries d’eau d’ici 2050. Mais on sait moins ce qui se passe en France, alors que 7,5 millions de personnes en métropole ne disposent pas de service d’assainissement géré en toute sécurité. La situation en Outre-mer est encore plus alarmante. Par exemple en Guyane, 35 000 personnes n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable. Ce ce sont plus de 4 700 personnes qui pratiquent la défécation en plein air. Et 16 000 personnes recueillent leur eau de boisson directement à partir de sources d’eau de surface. »

    A quoi est-ce dû ?

    « En France, les raisons de ces difficultés d’accès sont principalement dues à des raisons économiques et de précarité. Ce sont des estimations qui recouvrent aussi bien des personnes qui vivent dans la rue, que des personnes vivant dans des bidonvilles, dans des squats, dans leur voiture, des gens du voyage. Il y a évidemment les personnes vivant dans des camps de migrants et qui sont dépourvus de confort sanitaire de base. Et il y a ces personnes qui voient leur facture d’eau dépasser 3% du revenu du ménage. Ce sont principalement des personnes sans emploi, seules, des retraités également. On considère au niveau de l’OCDE qu’une facture d’eau qui dépasse 3% du revenu d’un ménage, ce n’est pas acceptable. »

    Quelle conséquences concrètes pour ces familles touchées par ce manque d’accès à l’eau ou à l’assainissement ?

    Une source d’angoisse au quotidien

    « Les familles qui sont touchées par ce manque d’accès à l’eau sont obligées de trouver des solutions intermédiaires, des plans B. Par exemple, elles vont devoir trouver des accès à l’eau beaucoup plus loin de chez elles. Cela va provoquer un manque d’hygiène et une source d’angoisse au quotidien qui perturbe la vie sociale. Il y a par exemple des enfants qui ne veulent plus aller à l’école parce qu’ils sont moqués. Dans des habitats précaires ou mal isolés, on a des cas de propagations de maladies, cela peut être très rapide. Cela concerne les populations les plus vulnérables. »

    A l’occasion des élections municipales,

    • 7 min
    « La Chose » Bolsonaro : un an après, un livre témoignage sur la vie des Brésiliens

    « La Chose » Bolsonaro : un an après, un livre témoignage sur la vie des Brésiliens

    Il y a un peu plus d’un an, Jair Bolsonaro était élu président de la République du Brésil. C’était le 28 octobre 2018. Les Brésiliens portaient au pouvoir cet ancien militaire proche de l’extrême droite. Depuis, ils assistent à un profond bouleversement de leur pays, tant économique, sociétal, environnemental, ou encore sécuritaire.

    Muriel Pérez est photographe et auteure. Il y a un an, elle a passé plus d’un mois aux côtés de ces Brésiliens. Elle témoigne, dans un livre à paraitre prochainement, de l’ascension au pouvoir de Jair Bolsonaro et du ressenti de la population.

    Muriel Pérez, vous êtes une ancienne membre de la Fondation France Libertés. Vous avez beaucoup travaillé dans le développement international. « O Coiso, la chose » est un récit sur votre voyage au Brésil de l’an dernier. Vous connaissez bien le Brésil pour y avoir vécu plusieurs années. Avant de parler de cette élection qui a changé la vie des Brésiliens, d’’abord, quel souvenir, quelle impression gardez-vous de ces années passées là-bas ?

    « La première fois que j’y suis allée, c’était en 2012. Je suis arrivé à Rio, c’était l’époque vraiment dorée. On avait envie d’y aller, on avait envie d’y vivre. Tout était encore très lumineux là-bas. C’est vraiment une période très lumineuse que je garde en mémoire. C’était avant toute la période des Jeux olympiques et de la Coupe du Monde, et le début des grands mouvements sociaux qui s’opposaient à cela. Très lumineux, c’est le mot qui me vient. »

    Vous y êtes donc retournée l’année dernière à l’occasion d’un festival de cinéma. Qu’est-ce qui vous a marqué en y arrivant ?

    « J’y retourne depuis 2015.  J’y passe trois mois dans l’année. Et à chaque fois je vois la situation changer. C’est toujours Rio qui m’impressionne le plus parce qu’il y a une augmentation de la violence qui est réelle, palpable. Même dans ma bulle des beaux quartiers de Rio, il y a des choses que je pouvais faire en 2012, il y a des rues dans lesquelles je pouvait marcher en 2012, dans lesquelles je ne peux plus marcher maintenant. Ce sont des choses tout à fait palpables. C’est ce qui est le plus marquant. L’Etat de Rio est un Etat qui est en faillite. C ‘est quelque chose qui est en train de s’effondrer. Ça évidement, ça m’a tout à fait marqué. »

    « Tout était devenu politique »

    « L’an dernier, j’ai passé un mois dans le Nordeste. C’était la période des élections.  A ce moment-là tout était devenu politique. Il n’y avait pas une discussion qui ne retombait pas là-dessus. Tout le monde se positionnait. Même quand on passait à la caisse du supermarché, il y avait un échange là-dessus, pour qui on allait voter, qu’est-ce qui allait se passer. On montait dans un bus, on parlait avec le voisin. Tout était politique tout le temps et du coup tout très polarisé. C’était très impressionnant de voir à quel point on n’arrivait pas à penser à autre chose, à parler d’autre chose. »

    Depuis l’élection, vous dites que les Brésiliens se sont retrouvés face à l’horreur qui se déploient de jour en jour. Quelle est-elle cette horreur ?

    « Moi j’y étais pendant toute cette période où il a constitué le gouvernement. On ne savait pas encore ce qu’il allait faire. Mais malgré ça, tous les jours on recevait des nouvelles. Par exemple le ministre de la Justice qu’il allait nommer, c’était le juge Moro qui a mis Lula en prison, ou son nouveau ministre de l’Environnement qui est un climatosceptique. Il a nommé pendant cette période-là une ministre de la famille qui est une pasteur évangélique. L’une des premières choses qu’il a fait c’est de supprimer le ministère de la Culture.

    • 7 min
    Rendre l’eau à la terre pour restaurer le climat : trois alternatives en Afrique du Sud, en Colombie et en Inde

    Rendre l’eau à la terre pour restaurer le climat : trois alternatives en Afrique du Sud, en Colombie et en Inde

    Sécheresses, inondations, désertifications… l’eau et le climat sont intrinsèquement liés. Le dérèglement climatique met en péril ce délicat équilibre du cycle de l’eau et le droit à chacun d’avoir accès à la ressource.

    Partout dans le monde des actions tendent à préserver cet équilibre au bénéfice de l’environnement et des populations.



    * Avec Justine Richer, chargée du programme “Eau, bien commun” à la Fondation France Libertés



    Une école sur l’eau en Afrique du Sud

    Avec la Fondation Abbé Pierre et le R20 Fond vert pour les femmes, vous avez choisi d’apporter votre soutien à trois projets de terrain, portés par trois ONG qui agissent en Afrique du Sud, en Colombie et en Inde. Trois porteurs d’alternatives autour du droit à l’eau et des valeurs de la Fondation, sensibiliser, plaider agir.

    Commençons par l’Afrique du Sud, au Cap… où une ONG fait de la sensibilisation au changement climatique.

    « On a décidé de soutenir l’ONG EMG, Environmental Monitoring Group. C’est une ONG qui a décidé de créer une école sur l’eau et le changement climatique pour ses militants. L’objectif de cette école est le renforcement des capacités pour faire face à la pénurie d’eau au Cap qui sévit un peu plus chaque année. Ces militants souhaitent parvenir à un accès équitable et durable à l’eau pour toutes les communautés marginalisées du Cap qui sont les principales touchées. Ce beau projet doit aboutir à des études de cas, qui se traduiront par des livrets et des cours, types vidéo. Le  but est d’avoir un maximum de communication entre ces militants et de sensibiliser toutes les parties prenantes du Cap. Par la suite, ces militants vont pouvoir s’approprier ces études et les partager plus largement ».

    Restaurer les plans d’eau à New Dehli

    En Inde, c’est à New Delhi que vous soutenez les communautés dans leur action contre le changement climatique.

    « Nous soutenons HAIYYA, une organisation féministe à la base, dirigée par des jeunes principalement. Ces jeunes œuvrent à la transformation du processus de changement au niveau local. Il faut comprendre le contexte. A New Dehli, la ville dépend de la rivière Yamuna pour l’approvisionnement en eau. Or, les plans d’eau alimentés par cette rivière sont quasiment détruits à cause des décharges de déchets et des eaux usées déversées dans la rivière. De plus, la nappe phréatique s’épuise de plus en plus. Le tout créé des terrain propices au paludisme et à la dengue. Donc il s’agit du droit à l’eau qui est en jeu, mais aussi du droit à la santé de ces communautés qui sont souvent de milieux socioéconomiques très défavorisés. Ce sont donc les plus touchées par la perturbation de ces plans d’eau. Ici, le projet de cette ONG est de mobiliser de jeunes porte-parole pour tenter de restaure ces plans d’eau par le biais de plaidoyer. L’objectif va être d’organiser un groupe de 1 000 jeunes leaders qui seront eux-mêmes dirigés par 25 jeunes entrepreneurs du changement. Cela permettra de créer une campagne de plaidoyer pour sensibiliser davantage le public et pour créer un plan de plaidoyer. Puis il y aura une réunion à la mairie avec le gouvernement concerné et les inciter à agir pour restaurer ces plans d’eau ».

    En Colombie, protéger les sources d’eau

    Enfin direction la Colombie. Il s’agit là de préserver les sources d’eau locales.

    « Le projet est mené par l’ONG Corpenca (Corporación Ecológica y Cultural Penca de Sábila).

    • 6 min
    Offensive militaire turque : « Des années d’efforts anéanties par cette invasion »

    Offensive militaire turque : « Des années d’efforts anéanties par cette invasion »

    Depuis mercredi 9 octobre, la Turquie mène une offensive militaire au nord-est de la Syrie contre les forces kurdes, une opération baptisée « source de paix ». Les frappes visent les Unités de protection du peuple (YPG), la milice kurde qui constitue la colonne vertébrale des Forces démocratiques syriennes (FDS), principal acteur de la victoire sur Daech dans la région.

    Un peu partout dans le monde, des voix s’élèvent pour condamner ce coup de force du président Erdogan. La communauté internationale monte au créneau et des ONG s’inquiètent du brasier ravivé par la Turquie.

    Avec Jérémie Chomette, directeur de France Libertés

    Par cette opération militaire, que vise le président turc Recep Tayyip. Erdogan ? Quel est son objectif ?

    « L’objectif est multiple. Officiellement, c’est d’imposer une zone appelée « de sécurité » de 20 kilomètres à l’intérieur du nord de la Syrie pour, soi-disant, protéger ses populations. Ce qu’il faut savoir, c’est que les 20 kilomètres dont il parle, c’est tout le nord de la Syrie. C ’est là où se situe l’essentiel des populations kurdes. La seconde chose, il veut renvoyer les populations réfugiées syriennes dans ces zones-là pour qu’elles reviennent en Syrie ».

    Est-ce qu’on peut rappeler le rôle que jouent les YPG ?

    « Les YPG sont les forces de défense. Ce sont elles qui ont combattu Daech pendant plusieurs années et qui en sont venues à bout avec l’aide de la coalition internationale. Aujourd’hui, elles défendent toutes les populations du nord de la Syrie face à l’invasion turque. Ce sont également elles qui essayaient de nettoyer les dernières cellules de Daech, puisqu’il reste des cellules dormantes de Daech dans la région. Il y a encore des attentats de temps en temps ».

    Daech peut se relancer sans forcer

    Quelle peut-être la conséquence de cette opération militaire pour la région ?

    « Les conséquences sont multiples et graves. La première, c’est que toutes les opérations contre les cellules de Daech sont arrêtées. Daech peut se relancer sans forcer. La deuxième, c’est qu’il y a encore énormément de prisonniers jihadistes. On estime à 70 000 jihadistes dans la région. Ces jihadistes ne vont plus être surveillés dans les prisons, puisque les forces démocratiques syriennes doivent empêcher l’invasion turque. Derrière, cela va raviver certaines autres milices, notamment du côté syrien. On a déjà entendu parler d’attaques du côté de Raqqa ou de Deir ez-Zor pour aller récupérer des villes et entraîner encore un peu plus la Syrie dans le chaos. Et on peut aussi s’attendre à une nouvelle grande vague de déplacements de personnes, puisque les populations du nord de la Syrie vont chercher à fuir vers l’Europe ».

    Autre conséquence à prendre en compte : celles pour l’Europe et la France. Il y a déjà plus de 100 000 déplacés depuis mercredi. Est-ce qu’il y a une nouvelle crise migratoire à craindre ?

    « Complètement. Sur la zone dont on parle, il y a trois millions de personnes. Ils vivent quasiment tous à proximité de la frontière turque. Ces personnes vont devoir se mettre en sécurité. Beaucoup partent dans le Sud. Mais là vous avez des résurgences et le retour de Daech. Donc elles risquent d’être menacées également. Elles vont chercher à se sauver. Elles ne peuvent pas aller en Turquie. Il ne reste plus qu’à aller côté irakien pour essayer de remonter vers l’Europe. Donc on peut s’attendre à une nouvelle masse de personnes qui partent. Dans la région, on a aussi le Liban ou la Jordanie où il y a déjà énormément de réfugiés syriens, énormément de déplacés ou de réfugiés irakiens. Donc la situation va encore être plus difficile qu’avant ».

    Des années d’efforts qui risquent anéanties

    Est-ce qu’il n’y a pas le risque que les camps de prisonniers de Daech soient moins surveillés ?

    « Exac

    • 6 min

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