Petit Souffle Petit Souffle

Aujourd’hui je te parle depuis l’aéroport de Vancouver. Je crois qu’il y a encore des choses à dire concernant le Canada. Depuis mon départ, je réalise que j’ai voyagé partout, mais que j’ai fui l’essentiel. L’histoire d’une quête d'identité, d’un attachement profond et d’un éloignement nécessaire. À la frontière des lignes subtiles entre celles de la vie d’un voyageur et celles d’un humain qui a peut-être trouvé sa place.

L'auberge espagnole n'est pas qu'à Barcelone, et elle n'est pas qu'une colocation. Elle peut aussi être un restaurant routier, qui n'ouvre ses cuisines qu'à 21 heures et où l'on y joue aux dominos pour patienter. Sur le retour de mon road-trip entre Lisbonne et le sud-ouest de la France, j'ai décidé de m'arrêter une nouvelle fois à La Puebla de Obando. Parce qu'il y fait bon vivre, et que je m'y suis donné rendez-vous.

Comme le désert, il y a dans le repos quelque chose de très silencieux, qui a tendance à nous faire perdre la tête. Au nord de Madrid, en Espagne, je te parle depuis le Désert des Bardenas Reales. C'est un arrêt sur mon périple : 3000 kilomètres aller-retour entre Lisbonne et la France. Je te raconte la raison de ma venue, et tente de te partager l'expérience auditive unique de cet endroit.

Cela fait bientôt un an que je vis au Portugal et je ne peux pas dire que tout a changé. Ma relation familière avec ce pays, je la partage depuis le début. Comme si en m'installant ici, le plus étrange pour moi fut de me sentir là où j'avais toujours vécu. Les pierres que j'imaginais avant sont bien réelles, la culture et la saudade aussi.

Dix ans que je voulais voir ce village. Au coeur du Portugal, Bendada m'a construit. À deux frontières qui nous séparait, à deux générations d'histoires, ses anecdotes m'ont fait prendre conscience de mon identité, et de l'importance du voyage pour savoir d'où l'on vient. J'en ai fait le pèlerinage et je comptais t'en partager les derniers mètres avec toi.

Lorsqu’un colocataire vous écrit, pour vous proposer de prendre les planches et le rejoindre pour aller surfer, vous dites oui. Surtout si c’est votre première fois, que vous êtes aussi venu habiter ici pour cela, et que votre première vague sera à l’heure du coucher du soleil. La matière vous compresse, vous aimez tout ce qui vous entoure. Vous devenez un surfeur, avant même d’être dans l’eau.