9 avsnitt

Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois.
Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.

Raconter par les bribes - Journal de voix tissées lou dimay

    • Skönlitteratur

Ce que je vais vous raconter ne se chuchote pas. Ne se hurle pas. Un liquide froid glisse entre mes mains. Je le réchauffe avec mes mots, avec ma voix. Je le réveille. Je m’y baigne pour le rendre vivant. Que la température s’ajuste. Sans choc thermique, cette fois.
Je vais vous raconter les morts et les vivants du quotidien. Notre peau tannée au fil des jours, qui soudain se fissure. La chair qui parle avant la voix.

    Plus large que nos langages

    Plus large que nos langages

    Je me jette dans le langage comme on se jette à l’eau

    Oripeau de corps-peau

    Accueillir l’écume au large du bois flotté

    Je danse une mère salée qui pique à mes souvenirs

    Source qui berce, mes sens naviguent

    Elle monte doucement la vague en moi

    Jambes cotonneuses

    Poitrine qui trésaille

    Ondes de choc, alvéoles gonflées

    La main s’agite

    Reflux d’instants

    La peau s’étire encore

    Trop grand, trop fort

    Quel océan accueillera nos larmes



    Derrière les draps, l’enfant rêve

    Tentures de coton serré

    Exploratrice de la maison

    Baignoire refuge aux flots menaçants

    Tissage de textures fluides

    Cape d’invisibilité



    Elle lève son ancre

    S’éloigne de la surface

    Vague, vague sur son dos

    Colonne liquide

    Elle est aqueuse, devient frisson

    Contour du monde

    Sa peau contient tous les peuples

    Accueille ses multiples silhouettes

    Je plonge

    Rides d’autres visages

    Souffle des abysses

    Plus froid que la terre sous mes ongles

    Je n’ai plus d’épaisseur, de pesanteur

    Je touche le fond au plat de mes paumes

    Le monde en haut s’estompe

    Passage vers l’indicible

    Je coule en piqué, mes jambes pleines

    Mouvements lisses m’enfoncent

    Alliées de la descente

    Ruines et reines des mers

    Scintillements protecteurs, traces dans le sable

    S’engouffrer



    Je te retrouverai

    Ta voix à mes oreilles

    Je suis brise et caverne

    Chavire l’ample nappe bleue

    Je suis remous de l’abîme

    Ridule qui gonfle

    Antre marine où sommeille l’histoire du monde

    Mémoires englouties

    Corps gonflés de sel

    Étoffe nautique, ciel des êtres d’écailles

    Plus large que nos langages

    Rideau mythique de nos lucidités



    Je plonge pour me retrouver

    Attraper dans le cratère les mots perdus

    Les ramener, ondoyer en surface

    Déferler

    Propagation d’ondes furieuses

    -



    Texte écrit lors d'un atelier proposé par Alice Legendre - le 23 juin 2022

    • 2 min
    Pas de visage

    Pas de visage

    Je ne veux pas voir le visage de la haine 

    Sous les poignées acier 

    Sous la colère froide de la domination contrariée  

    Je ne veux pas voir leur visage déformé 



    La haine dans les dents carnassières 

    Posséder l’autre 

    Jusqu’à sa vie 

    Celle ou celui que l’on a soumis 

    Sous son pied, écrasé  



    Je veux voir son visage arraché 

    à ce fascisme montant, 

    vomir de voir la vie réduite à leur croyance 

    d’être supérieurs  



    Ils n’ont pas de visage 

    La nuit les a dévorés 

    Ils sont vides 

    Banalement, infiniment vides  



    Je ne veux rien savoir de leur visage 

    Qui me fait hurler de rage 

    Que leur mains puissent encore saisir 

    le monde, bout de réel  



    Vomir ma colère à leur visage 

    Le recouvrir  

    La colère ne suffira pas 

    les emmurer dans la colle, l’acier, le ciment brut 

    Les ficeler dans leur propre haine 

    Cette puissance noire qui les possède 

    Qui détruit tout 

    Qui a détruit déjà toute parcelle d’humanité 

    Recouverte de cette banale inhumanité  



    Je ne veux rien comprendre de ce visage 

    Le briser en mille fragments 

    Impossible à recoller, reconstituer 

    La mort sur leurs jambes 

    Qui ne supporte pas de voir la moindre vie en dehors d’eux 

    De leur pouvoir  



    Je vomis votre visage 

    Je l’extirpe de ma propre chair 

    Je vous le crache 

    Cette part sombre qui veut ma mort 

    Je vous la rends

    • 1 min.
    Ecouter ses voix dans les interstices

    Ecouter ses voix dans les interstices

    Tenter d’écrire dans les interstices

    Sans savoir combien de temps

    S’ouvre ou se referme



    Tenter à la minute

    L’ancrage intérieur

    L’entretien du jardin

    Qui réclame

    Attend

    Aide

    M’offre le soutien

    De la traversée



    Passagère

    D’un monde à l’autre

    Ici pour remembrer

    Les morts



    Tisser la mémoire aux vivants

    Danser de souffle

    Dans la mer et les pieds à terre

    Lire dans l’humus

    La voix des ancêtres

    Qui nous accompagnent



    Les chaussures lacées

    Aux chevilles

    La tempe luisante

    Effort impossible

    De se hisser

    En haut

    Du sol

    Au plus profond.



    Descendre comme on s’élève

    S’alléger des peaux multiples

    Pour retrouver

    L’os dur

    Et brillant

    Qui chante son histoire

    Au creux de notre tempe.



    La sirène hurle à nouveau

    Le besoin de se relier

    Pour hisser au ciel

    La perte des espoirs



    Les retracer

    Dans les nuages



    Fumées étincelantes

    Que l’on respire

    Comme l’on court

    Sur une place en coton



    Encore l’écume, s’approche



    Rie dans nos veines



    Brise nos ancres



    Pour nous laisser explorer

    ce qui ne se laisse pas

    dévoiler



    le voilier 

    cette partie du territoire

    encore inhabitée



    colonisateurs de l'âme

    revenir sur nos pas

    pour se rendre attentives

    à tout ce que nous avons

    laissé passer



    milles vies discrètes

    présentes toujours

    à l'écoute

    minimisées 

    écartées



    le sol et la trame pourtant

    de ce qui nous tient

    • 2 min
    Devenir refuges

    Devenir refuges

    Tends tes mains



    là devant toi



    garde-les longtemps ouvertes



    Mets-y tes espoirs



    tes colères



    ta peur



    tes errements



    agacements et étonnements



    sursauts et joies



    ta tristesse



    Concentre-les entre tes mains



    dans l’espace ouvert



    et invisible



    Viens les déposer sur mon cœur, délicatement



    comme si tu recousais mon âme



    réparais la blessure au creux de l’espace qui manque



    Je me glisse au creux de tes mains



    m’y réconforte



    M’y réfugie



    le temps que l’énergie revienne



    y puiser une régénération nouvelle



    qui crée de l’air



    entremêlement d’émotions libres



    là au creux de mes mains



    où je t’accueille.

    • 59 sek.
    Tu es le sang du monde

    Tu es le sang du monde

    Je ne sais pas ce que j’écris

    Mais ma main écrit pour moi

    Sans que le cœur ne sache à l’avance

    Si je ne suis pas là,

    c’est que l’âme s’est absentée

    Un instant

    Sans savoir où elle se loge

    Ni comment pourquoi et peu importe

    Je suis là

    Ce qui compte

    Mon cœur sur l’étagère,

    Aussi loin que je me souvienne

    En état second

    Ou premier

    Retrouver la source enfin

    de mon être absent

    Aux choses

    Au monde

    À la danse infinie

    La tête dans le chêne

    Au-delà du totem

    La volonté même d’exister

    Remettre en circulation

    À l’épreuve de la vie fuyante

    Des êtres non invités

    Des anges non parvenus

    Toi dans cet entre-deux

    De la joie imaginale

    De la joie profonde

    Du fin fond de l’être qui guide

    À quel endroit du corps

    Puiser

    Plexus solaire de nos vies décousues

    Et la mort invisible

    Que l’on tue

    Ou l’autre pour qu’il revienne à la vie

    C’est ainsi

    Que je danse

    Au milieu des tombeaux

    Dans l’entre-deux du silence

    La transe

    Inconditionnelle et magique

    La possibilité d’une salutation au vivant

    Danser plus fort

    Respirer à perdre haleine

    Danser encore

    Tu sais que tu es là

    par la présence immense

    du regard de l’intérieur

    Ce regard envahissant

    Relégué au dehors

    Dans l’ailleurs où je ne suis pas

    Là tout en bas

    Dans l’obscurité brillante

    Amusante car finie

    Enfin le cycle reprend

    La danse qui traverse

    L’âme pleine de surprise

    dans l’eau

    et l’écume

    La perte de la peur

    Sa substance ensevelie

    Du fin fond du corps

    qui vise la finitude

    de ce qui ne donne plus la joie

    Dans le refuge assez profond de la gorge

    Parler par leur bouche

    Asséchée de ruines, de sève

    Et pourtant je suis si seule

    Et si entourée de ces rires lumineux

    Enveloppée, le repli

    Dépliée, développée

    Amulette cousue de mille visages éparpillés

    Qui se rassemblent pour danser

    La famille recomposée

    Les membres recousus

    La chaise qui m’assombrit

    Je m’y fond

    la dernière statue

    De glaise

    Je ne sais pas où je suis

    Mon corps de lumière

    Enveloppé d’herbes hautes

    Et le vent

    Qui s’engouffre dans l’éternité

    De son souffle

    Danse infinie

    La joie de nos âmes recomposées

    L’anéantissement à jamais

    est reparti dans les ondes ondulantes

    Du vent qui prend la chair comme voile

    La voile

    Qui m’embarque

    Je m’immerge

    Je te donne le souffle

    Qui me manquait

    Je le tisse, l’emballe dans des foulards doux

    Je me regarde à nouveau

    Être de lumière

    Je prends l’air qui me reste

    Le ballon, le cerf-volant

    Danse danse

    Et prends au temps

    Ce qui lui manque

    Pour le souffle au-delà de l’air

    Ma voix-voile

    Ma cape d’infinité

    Me porte sur le dos des goélands

    Chouettes de mer

    Qui protègent la destination inconnue

    Seuil de nos méandres infinis

    Je ne suis plus un être de chair

    Je vogue ailleurs

    Éternelle capture rendue impossible

    Par l’immensité de nos bras

    Qui tiennent nos élans

    Je ne connais plus ce que je suis

    La vague sera mon voilier

    Je ne regarderai pas l’eau

    La laisserai passer

    Entre mon cœur et mon âme

    Pour en boire toute l’étendue

    Inconnue je deviens à moi-même,

    j’embarque

    (...)

    • 8 min
    "Humus entre les morts" : performances ASMR de voix imaginales

    "Humus entre les morts" : performances ASMR de voix imaginales

    #ASMR #autohypnose #voixentendues #imaginal #hypnographie Nous entendons continuellement des voix mais nous ne leur prêtons jamais d'attention. Avec la conversation écologique (ou "autohypnose"), nous nous donnons enfin les moyens de les accueillir. L'ASMR - la texture narrative et sonore des objets - illustre cette traversée, l'accompagne et la provoque. Ce travail est une collaboration entre lou dimay et Marc Jahjah, chercheur.cheuse, ami.e et entendeur.seuse de voix.

    • 14 min

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