Développement durable – Environnement, énergie et société (2013-2014) - Gilles Boeuf

Développement durable – Environnement, énergie et société (2013-2014) - Gilles Boeuf

Gilles Boeuf est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (UPMC) et effectue ses travaux de recherche au sein de l'unité « Biologie intégrative des organismes marins » au Laboratoire Arago (Observatoire océanologique) à Banyuls-sur-Mer, dans les Pyrénées Orientales. Il est actuellement le président du Muséum national d'Histoire naturelle, à Paris. Après avoir passé vingt ans à l'IFREMER, il a été directeur durant six ans de l'Observatoire océanologique de Banyuls, puis pendant quatre ans de l'unité CNRS/UPMC Modèles en biologie cellulaire et évolutive. Il a été membre de nombreux conseils scientifiques et a siégé neuf ans au Comité national de la recherche scientifique (1991-2000). Il est aujourd'hui président du conseil scientifique d'Agropolis International à Montpellier, président de la Commission environnement de la Fondation de France, président du conseil scientifique du CIRAD, membre du Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité auprès du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, membre du conseil d'administration de l'Agence des aires marines protégées et de l'Association Humanité et Biodiversité, membre du comité de perfectionnement du Centre scientifique de Monaco, membre du conseil scientifique de l'Association Good Planet, membre du Bureau de l'International Platform for Biodiversity and Ecological Services, président de l'Association de gestion de la Réserve naturelle de la Massane (Pyrénées Orientales). Il est membre de la Commission française pour l'Unesco, chevalier de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite. Il a reçu en 2013 la Grande médaille Albert 1er de l'Institut océanographique de Monaco pour l'ensemble de sa carrière, dédiée aux océans. Universitaire, Gilles Boeuf a fait sa thèse à la station de biologie marine d'Arcachon. Il a ensuite travaillé à Brest comme chargé puis directeur de recherche pour le CNEXO puis l'IFREMER. Il est ensuite devenu professeur à l'UPMC et a été affecté à Banyuls où il poursuit encore une partie de ses activités d'enseignement et de recherche. Il a effectué plus de 100 missions à l'étranger, à destination d'une quarantaine de pays, et a séjourné plus de trois années au Chili. Spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité, il a longtemps travaillé sur la migration des poissons salmonidés et a abordé par des approches de physiologie expérimentale et d'endocrinologie divers mécanismes adaptatifs et évolutifs chez les animaux. Il s'est particulièrement intéressé aux mécanismes du développement, de la croissance et de l'adaptation chez les poissons. Il a beaucoup travaillé et écrit en matière de bases biologiques de l'aquaculture et de biodiversité, marine et continentale. Il est l'auteur de plus de 400 publications nationales et internationales (h-index à 33, près de 3 000 citations, moyenne > 27), participations à des Congrès et est fréquemment invité à l'étranger. Il a co-organisé avec Bernard Swynghedauw et Jean-François Toussaint, en octobre 2010, le colloque « L'Homme peut-il s'adapter à lui-même ? » au Muséum (conférences téléchargeables sur canal-insep.fr, livre paru chez Quae en novembre 2012) et, en novembre 2011, le colloque intitulé « La biodiversité et son évolution, limites de l'adaptabilité des systèmes » à la Fondation des Treilles, dans le Var. Il a co-organisé, avec le Commissariat général au développement durable, un colloque sur la bio-inspiration et le biomimétisme qui s'est tenu au Muséum le 10 décembre 2012. Il a animé le thème « Biodiversité » à la conférence environnementale du Conseil économique, social et environnemental en septembre 2012. Il a participé au colloque de l'Agence nationale de la recherche,« 8 ans de recherche sur l'environnement », en décembre 2012, au Collège de France. Enfin, il a prononcé une des conférences d

Episodes

  1. 19/12/2013

    Leçon inaugurale - Gilles Boeuf : La biodiversité, de l'océan et la forêt, à la cité

    Gilles Boeuf Collège de France Chaire annuelle Développement durable – Environnement, énergie et société (2013-2014) Leçon inaugurale : La biodiversité, de l'océan et la forêt, à la cité Date : 19 décembre 2013 Résumé Les grandes questions environnementales aujourd'hui sont celles de l'énergie, de l'eau, du changement climatique et de la biodiversité. La biodiversité est née dans l'océan ancestral, bâtie sur la chimie pré-biotique issue d'une géo-diversité antérieure, vers 3850 millions d'années (Ma), quand les premières cellules se sont clonées par scissiparité. La vie s'est ensuite diversifiée dans l'océan durant des milliards et des centaines de millions d'années et se sont alors produits des évènements essentiels pour le vivant : l'émergence de la cellule eucaryote, la capture de bactéries qui deviendront les organites par symbiose (mitochondries et plastes), la pluri-cellularité et, enfin, le développement de la sexualité. Tout est en place quand la vie métazoaire organisée sort des océans vers 450 Ma. La biodiversité (arthropodes) explose sur les continents dans les forêts du Carbonifère et se répand partout, les espèces s'organisent en populations, écosystèmes, biomes... Depuis 570 Ma, il a été mis en évidence une soixantaine de « crises d'extinction », dont cinq particulièrement prépondérantes, la plus aigüe s'étant déroulée vers 251 Ma, entre Permien et Trias (charnière paléozoïque/mésozoïque), durant laquelle 96 % des grandes espèces se sont éteintes. La biodiversité est bien autre chose que les seuls catalogues ou inventaires d'espèces qui ont été élaborés depuis quelques siècles, à partir de grandes expéditions ou de travaux sur de longues périodes sur le terrain. Elle est en fait l'ensemble des relations établies entre les êtres vivants et avec leur environnement. C'est tout simplement la fraction vivante de la nature ! Actuellement, la biodiversité est menacée par quatre grands phénomènes dans lesquels l'humanité a bien sa part : la destruction et la contamination des milieux naturels, la prédation en excès et la surexploitation des ressources naturelles, les introductions anarchiques d'espèces d'un milieu à un autre et, enfin, le réchauffement climatique. Après la conquête du feu (vers 800 000 ans), la fin du nomadisme au Néolithique (12-8000 ans) associée au développement de l'agriculture et de l'élevage et, plus tard, l'invention de la machine à vapeur (fin XVIIIe), l'humain a été de plus en plus impactant sur les milieux naturels et les a profondément transformés. En réalité, nous ne faisons aujourd'hui que prolonger et accélérer ce mouvement, amplifié par la démographie et l'idée délétère « d'asservissement » de la nature. En trois-quatre siècles, l'humanité aura épuisé la totalité des ressources combustibles fossiles accumulées durant des centaines de millions d'années et, aujourd'hui, les espèces vivantes disparaissent de la planète à un rythme de 100 à 300 fois supérieur au taux d'extinction « naturel » attendu. Ceci a amené certains à se demander si l'humain n'était pas en train de mettre en place les conditions d'une sixième crise massive d'extinction ! Nous sommes confrontés à des prévisions de plus en plus précises d'un épuisement des ressources finies, dans le monde fini qui est le nôtre. Seules les ressources vivantes sont renouvelables mais, bien souvent, l'humain les surexploite et dépasse alors les « seuils de renouvelabilité ». Les écosystèmes les plus riches en espèces sont, sur les continents, les forêts tropicales humides et, dans les océans, les récifs coralliens. Aujourd'hui, nous connaissons un peu plus de deux millions d'espèces (1,7 million d'espèces terrestres et 300 000 espèces marines), décrites et déposées dans les musées. Il en demeure plus de 80 % à découvrir. Depuis 2007, l'humanité vit majoritairement dans les cités et, à l'heure actuelle, nous nous intéressons tout particulièrement au retour de la biodiversité en ville. Pourquoi faut-il impérativement enrayer cette érosion de la diversité biologique ? Tout simplement parce que nous ne pouvons pas nous en passer, nous en sommes constitués et la côtoyons en permanence ! Les services qu'elle nous rend sont incontournables. En 2002, à Johannesburg, les Nations Unies avaient fixé l'année 2010 pour l'arrêt de cette érosion. Pourtant, lors de la conférence d'introduction de l'année dédiée à la biodiversité à l'Unesco à Paris en janvier 2010, nous avons collectivement constaté que nous avions échoué. Nous avons alors décidé de repousser l'échéance à 2020 et de consacrer la décennie 2010-2020 au sauvetage de la biodiversité. Mais pourquoi réussirions-nous mieux entre 2010 et 2020 quelque chose que nous avons été incapables d'organiser entre 2002 et 2010 ? Projet réaliste ou rêve insensé ? C'est une question que nous nous étions déjà posée lors du premier colloque du Collège de France à l'étranger, à Bruxelles, en 2006. Dans ce cadre, l'apport des sciences participatives est très substantiel, tant pour fournir des données aux chercheurs qui ne peuvent être présents partout et tout le temps, que pour responsabiliser grand public et « amateurs » et, collectivement, faire pression sur les acteurs d'un développement insoutenable. De par les changements de tous ordres qu'il déclenche depuis deux siècles et en accélération croissante, l'humain crée certainement, en ce moment même, des conditions favorables à l'apparition d'espèces, mais, au fur et à mesure, il détruit également les écosystèmes. Le résultat risque d'être bien consternant. L'humain, avec son cortège d'activités, ses plantes et ses animaux domestiques, est devenu la plus puissante force évolutive s'exerçant sur la nature. Nous sommes entrés dans l'anthropocène. Nous réfléchissons aux limites d'adaptabilité des écosystèmes et de l'humain. Pourra-t-il tout simplement s'adapter à lui-même ? Le capital naturel ne peut indéfiniment être appauvri et nous ne pouvons pas nous passer des services rendus par les écosystèmes. En estimant les vitesses d'évolution, en tentant de prédire les trajectoires possibles et en planifiant les mécanismes à l'avance, nous pourrions sans doute fortement réduire notre impact sur les espèces et les écosystèmes et sérieusement améliorer les coûts économiques et sociaux de nos activités sur la nature. Une prise de conscience généralisée est en cours mais le changement de nos habitudes suivra-t-il un rythme au moins aussi rapide que celui des changements environnementaux de tous ordres que nous déclenchons autour de nous ? Ce n'est pas sûr. Saurons-nous pleinement justifier, et enfin mériter, au cours de ce XXIe siècle, ce terme de sapiens dont nous nous sommes affublés ?

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Gilles Boeuf est professeur à l'université Pierre et Marie Curie (UPMC) et effectue ses travaux de recherche au sein de l'unité « Biologie intégrative des organismes marins » au Laboratoire Arago (Observatoire océanologique) à Banyuls-sur-Mer, dans les Pyrénées Orientales. Il est actuellement le président du Muséum national d'Histoire naturelle, à Paris. Après avoir passé vingt ans à l'IFREMER, il a été directeur durant six ans de l'Observatoire océanologique de Banyuls, puis pendant quatre ans de l'unité CNRS/UPMC Modèles en biologie cellulaire et évolutive. Il a été membre de nombreux conseils scientifiques et a siégé neuf ans au Comité national de la recherche scientifique (1991-2000). Il est aujourd'hui président du conseil scientifique d'Agropolis International à Montpellier, président de la Commission environnement de la Fondation de France, président du conseil scientifique du CIRAD, membre du Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité auprès du ministère de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, membre du conseil d'administration de l'Agence des aires marines protégées et de l'Association Humanité et Biodiversité, membre du comité de perfectionnement du Centre scientifique de Monaco, membre du conseil scientifique de l'Association Good Planet, membre du Bureau de l'International Platform for Biodiversity and Ecological Services, président de l'Association de gestion de la Réserve naturelle de la Massane (Pyrénées Orientales). Il est membre de la Commission française pour l'Unesco, chevalier de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite. Il a reçu en 2013 la Grande médaille Albert 1er de l'Institut océanographique de Monaco pour l'ensemble de sa carrière, dédiée aux océans. Universitaire, Gilles Boeuf a fait sa thèse à la station de biologie marine d'Arcachon. Il a ensuite travaillé à Brest comme chargé puis directeur de recherche pour le CNEXO puis l'IFREMER. Il est ensuite devenu professeur à l'UPMC et a été affecté à Banyuls où il poursuit encore une partie de ses activités d'enseignement et de recherche. Il a effectué plus de 100 missions à l'étranger, à destination d'une quarantaine de pays, et a séjourné plus de trois années au Chili. Spécialiste de physiologie environnementale et de biodiversité, il a longtemps travaillé sur la migration des poissons salmonidés et a abordé par des approches de physiologie expérimentale et d'endocrinologie divers mécanismes adaptatifs et évolutifs chez les animaux. Il s'est particulièrement intéressé aux mécanismes du développement, de la croissance et de l'adaptation chez les poissons. Il a beaucoup travaillé et écrit en matière de bases biologiques de l'aquaculture et de biodiversité, marine et continentale. Il est l'auteur de plus de 400 publications nationales et internationales (h-index à 33, près de 3 000 citations, moyenne > 27), participations à des Congrès et est fréquemment invité à l'étranger. Il a co-organisé avec Bernard Swynghedauw et Jean-François Toussaint, en octobre 2010, le colloque « L'Homme peut-il s'adapter à lui-même ? » au Muséum (conférences téléchargeables sur canal-insep.fr, livre paru chez Quae en novembre 2012) et, en novembre 2011, le colloque intitulé « La biodiversité et son évolution, limites de l'adaptabilité des systèmes » à la Fondation des Treilles, dans le Var. Il a co-organisé, avec le Commissariat général au développement durable, un colloque sur la bio-inspiration et le biomimétisme qui s'est tenu au Muséum le 10 décembre 2012. Il a animé le thème « Biodiversité » à la conférence environnementale du Conseil économique, social et environnemental en septembre 2012. Il a participé au colloque de l'Agence nationale de la recherche,« 8 ans de recherche sur l'environnement », en décembre 2012, au Collège de France. Enfin, il a prononcé une des conférences d

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