LE POUVOIR A-T-IL UN SEXE ? Diane Ducret
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- Society & Culture
De l'antiquité jusqu'à aujourd'hui, nous nous demanderons si le pouvoir peut être exercé par
une femme, ou si ce dernier est par essence masculin.
Nous questionnerons l’affirmation de Henry Kissinger, conseiller de Richard Nixon, selon
lequel «le pouvoir est l’aphrodisiaque ultime», mais encore pourquoi les dictateurs sont-ils de
grands séducteurs ? Peut-on être encore une femme, se sentir femme, lorsque l'on est au
pouvoir ou doit-on renoncer à toute sexualisation ? Est-il utopique d’envisager un monde où
le pouvoir serait désexualisé ?
A cheval entre la politique, la philosophie, la sociologie et l'histoire, les pistes de réponses ne
sont certainement pas celles que vous croyez !
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Vers un pouvoir asexué
Est-il utopique de penser qu’il soit possible pour les hommes de sortir de la sexualisation du pouvoir ?
Quels seraient les contours d’une telle société ?
Allons-nous au contraire vers un retour du pouvoir viril avec la résurgence de régimes conservateurs ? -
Le pouvoir religieux échappe-t-il au sexe ?
La femme peut-elle être prophète ? Le cas de Miriam. Dieu ne parle-t-il qu’aux hommes ? Une femme peut-elle guider les âmes ? Le cas de Jeanne la papesse. Il semble que la religion envisage le pouvoir féminin comme celui des femmes renonçant à l’utilisation de leur sexe. La figure de la Vierge, de Marie à Jeanne d’Arc, en passant par les amazones.
Comme si le pouvoir féminin n’était pas celui temporel et séculaire, mais bien celui des mythes, des muses, du lien avec le divin. Comme si, par nature, son pouvoir était irrationnel. -
Quand le sexe féminin prend le pouvoir
Longtemps en effet, le politique était avant tout un chef de guerre, laquelle était interdite aux femmes. Mais certaines femmes ont endossé le rôle de chef de guerre, sans renoncer à leur féminité. Catherine de Russie ou la Reine Victoria. Avaient-elle un rapport au pouvoir différent ? Ces deux femmes ont-elles exercé le pouvoir de la même manière ou y avait-il une culture nationale ? Plusieurs femmes, également, ont cassé les codes et ont pris le parti d’utiliser leur sexe comme arme politique.
Mais les femmes sont-elles mieux loties lorsqu’une femme accède au pouvoir ? La femme est-elle un loup pour la femme ? Rien n’est moins sûr ! -
La naissance du pouvoir
Si certains pensent que le pouvoir est une affaire d’hommes, on s’étonne que le contrôle du sexe féminin, de son pouvoir de reproduction ou de son plaisir, soit, tous régimes confondus, une des obsessions des politiques.
L’interdiction faite aux femmes de maitriser l’art de l’accouchement jusqu’au XVIème siècle, l’interdiction faites aux femmes de pratiquer la masturbation, au XVIIIème siècle, les politiques natalistes et celles de l’enfant unique, la question de l’avortement depuis la Rome antique jusqu’à la ‘war on women’ lancée par des sénateurs américains durant la dernière mandature. -
Le pharaon était une femme
La Pharaonne Hatshepsout, l'une des plus célèbres reines d'Egypte avec un long règne prospère de 22 ans entre -1490 et 1460 avant notre ère, passionne les historiens avec son identité androgyne, se montrant tantôt masculine, tantôt féminine et portant la barbe. Cléopâtre, au contraire, joue la carte de la féminité. Laquelle laissera son empreinte comme dirigeante ? Les femmes pour accéder au pouvoir doivent se masculiniser, effacer la dimension sexuelle de leur être : couper les cheveux, coupe rigide, sans taille, Tatcher, Merkel, H. Clinton.
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Le dictateur, comble de l'HOMO VIRILIS
La séduction du dictateur : il travaille son image, sa virilité est son bien le plus précieux. Pour l’attaquer, on l’affuble d’impotence ou de difformité sous la ceinture. Hitler, Mao ou Franco furent accusés de monorchisme, de n’avoir qu’un seul testicule. Anecdote graveleuse ? Rien n’est moins vrai, ces accusations révèlent les liens étroits entre pouvoir et sexe.
D’ailleurs, les programmes des dictateurs mettent en avant les « hommes nouveaux », les valeurs viriles et sportives en assignant des rôles définis aux sexes.
Le dictateur, meilleur allié des femmes ? Etonnamment, puisqu’il a besoin des femmes pour établir son pouvoir total, le dictateur leur octroie souvent des droits. Droit de vote pour Mussolini et Saddam Hussein, droit à l’avortement pour Lénine ou accouchement sans douleur, tandis que la chrétienté et le Vatican le refusaient ailleurs en Europe. D’ailleurs, le communisme, proposait l’utopie d’un pouvoir sans sexe. Une égalité parfaite entre les sexes pour les ‘travailleurs’.