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Stéphane Morin est expert en méthodologie de l'entrainement et en analyse des données dans le sport. Enseignant et chercheur, il vous éclaire sur les stratégies d'entrainement pour performer plus, plus souvent, aux bons moments et réduire l'incertitude de blessure. Des rendez-vous entre paroles pragmatiques, vérités pratiques et esprit scientifique.

Comprendre l'entrainement Stéphane Morin

    • Sport

Stéphane Morin est expert en méthodologie de l'entrainement et en analyse des données dans le sport. Enseignant et chercheur, il vous éclaire sur les stratégies d'entrainement pour performer plus, plus souvent, aux bons moments et réduire l'incertitude de blessure. Des rendez-vous entre paroles pragmatiques, vérités pratiques et esprit scientifique.

    Opinion : Les études scientifiques seront utiles à l'entraineur quand ...

    Opinion : Les études scientifiques seront utiles à l'entraineur quand ...

    Souvent, trop souvent, la science est l’unique contenu de la formation initiale. Les multiples références scientifiques, citées dans autant de diaporamas, pour chaque champ disciplinaire, laissent croire à l’entraineur profane qu’il trouvera toujours les réponses à ses questions dans les études scientifiques.

    Initié, confronté aux réalités de terrain, l’entraineur est souvent déçu. Les études scientifiques ne répondent jamais, ou presque, à ses interrogations de terrain, provoquant chez lui déception et parfois, hélas, un rejet de l’approche scientifique.

    La formation initiale, jadis très pragmatique, trop même, ne l’est plus du tout aujourd’hui. La formation initiale est aujourd’hui très, trop même, scientifique.

    Ces deux praticiens, l’entraineur et le scientifique alors ne se comprennent pas, et il me semble, de moins en moins. Le scientifique se « scientifise » s’enfermant dans sa tour et l’entraineur s’enfonce dans un empirisme dogmatique.

    L’entraineur doit accepter que la science ne réponde pas aux questions de terrain. La science a pour objet de rejeter des théories, de rejeter des croyances. C’est d’ailleurs pour cela qu’on « rejette H0 avec plus ou moins de confiance en statistique » et qu’on ne valide jamais une hypothèse.

    Le scientifique doit lui veiller à ne jamais laisser croire à l’entraineur qu’il peut répondre à ses questions de terrain. Tous ne sont pas vigilants à ce sujet.

    L’entraineur ne doit pas plus justifier ses contenus par des fragments de connaissances scientifiques le plus souvent déconnectés de la complexité du mouvement.

    Comment les réunir ?

    D’abord en expliquant aux uns et autres qu’ils vivent dans des temporalités différentes : courte pour l’entraineur, longue pour le scientifique.

    Ensuite en demandant à l’entraineur de collecter des données pour que le scientifique les analyse et qu’ensemble ils les interprètent.

    Mais le vrai changement consisterait à interdire les publications scientifiques qui ne porteraient que sur une seule expérimentation. Les scientifiques devraient avoir l’obligation de mener au moins trois à quatre études avant de publier. Avec les mêmes sujets, à des moments différents, par exemple. Ou avec des sujets différents, dans des contextes différents.

    Un entraineur sait qu’une victoire ne valide pas sa compétence. Le match suivant peut être une défaite. Un attaquant sait que marquer un but ne suffit pas à dire de lui qu’il est un bon attaquant. C’est la constance des victoires, des buts qui crédibilisent la compétence.

    Pourquoi n’en serait-il pas de même pour un scientifique ? Pourquoi ne crédibiliserait-il pas ses résultats en éprouvant ses hypothèses plusieurs fois, pour ne publier que les résultats de ses multiples expériences scientifiques ? Alors, oui, il publierait moins. Mais assurément, des publications de meilleures utilités.

    On croule sous les publications scientifiques, dont la grande majorité n’est jamais lue, alors que certaines sont citées à outrance. Pour être lus et indexés, les auteurs jouent avec les mots-clés, qui sont devenus le plus souvent des attrape-mouches.

    Aujourd’hui, il faut mettre « deep learning », « machine learning », « random forest ». Ou « soccer », « injury ». Cela en est devenu ridicule.

    • 4 min
    Analyse des données - Analyse Factorielle Exploratoire

    Analyse des données - Analyse Factorielle Exploratoire

    Bonjour et bienvenue dans ce podcast aujourd’hui consacré à l’analyse des données et plus particulièrement à l’analyse factorielle.

    Concrètement, qu’est-ce que l’analyse factorielle ?

    Le suivi quotidien de l’entrainement consiste à collecter des données de nombreuses variables, telles que la distance, la vitesse, la fréquence cardiaque, et les perceptions. L’analyse factorielle est un moyen de condenser les données de nombreuses variables en quelques variables seulement, pour simplifier la compréhension des résultats, comme c’est le cas pour interpréter et analyser les données issues d’un suivi quotidien de l’entrainement.

    Pour cette raison, elle est aussi parfois appelée « réduction de dimension ». L’analyse factorielle réduit les « dimensions » des données en une ou plusieurs « super-variables ».

    L’analyse factorielle exploratoire est une technique statistique permettant d’identifier les facteurs latents sous-jacents d’un ensemble de données.

    [...]

    • 15 min
    Opinion : L'entraineur, les préparateurs physiques et mentaux.

    Opinion : L'entraineur, les préparateurs physiques et mentaux.

    Qu’est-ce qu’entrainer sinon aider une personne à passer d’un état actuel à un autre, plus souhaitable, à changer ce qui n’est pas possible en ce qui est possible. Entrainer, c’est donc permettre à une personne de passer de « ne pas être capable » à « être capable » ; c’est donc l’aider à se délivrer, à se défaire d’une contrainte, d’une inexpérience. Son niveau de plaisir correspond par ailleurs souvent à la difficulté et à la quantité de ces obstacles qui ont été franchis.

    Être entraineur, c’est donc « pousser quelqu’un vers quelque chose » ; c’est « exercer un effet stimulant ». Quel entraineur n’a pas trainé et stimulé ses sportifs pour les convaincre de l’arrivée prochaine d’un futur heureux, pour qu’ils n’abandonnent pas après une déception soudaine, ou un défi complexe qui demandait une maitrise exigeante et des répétitions nombreuses ? Être entraineur, c’est en quelque sorte « amener quelqu’un à agir, à faire quelque chose en exerçant sur lui une contrainte ».

    Quel entraineur n’a pas non plus réfléchi et consacré des heures et des jours à la recherche d’exercices appropriés, à trouver les consignes adéquates pour donner de l’entrain, pour répondre au manque d’entrain du sportif, pour obtenir les mouvements justes, aux moments opportuns ?

    Si l’on veut comprendre la vraie mission de l’entraineur, il est par conséquent indispensable de lui associer deux verbes qui lui correspondent, qui répondent à toutes ses formes, dont les divers synonymes n’expriment jamais qu’un aspect particulier.

    Ce sont les verbes « enseigner » et « apprendre ». Apprendre, c’est d’abord élever, s’élever et c’est aussi former. Enseigner, c’est transmettre un savoir et apprendre, c’est faire acquérir une maitrise. Cela consiste à aider le sportif à apprendre et à se développer, à lui proposer des expériences d’apprentissage où il pourra perfectionner ses compétences et sa compréhension de son sport.

    Alors plutôt que d’imposer des « préparateurs physiques » et des « préparateurs mentaux » aux entraineurs, je préfèrerais donc qu’on impose aux « préparateurs physiques » et aux « préparateurs mentaux » de passer un diplôme d’entraineur.

    [...]

    L’entraineur possède donc aujourd’hui déjà des connaissances en psychologie, en physiologie, en management, en statistiques et dans bien d’autres domaines. Il en a déjà les bases. Ce dont l’entraineur aurait besoin c’est éventuellement de référents extérieurs, qu’il pourrait consulter si besoin, pour rester informer et se former dans le cadre d’une formation continue. Ce dont l’entraineur aurait besoin c’est de temps pour se former. C’est donc de pouvoir libérer du temps et donc de ne pas être seul à entrainer. Par conséquent d’être accompagné d’un autre entraineur. Quitte à ajouter une personne, autant ajouter un entraineur.

    À démembrer l’entraineur, à lui enlever des compétences au prétexte qu’il ne saurait pas faire, ce qui reste à démontrer, à laisser croire qu’il n’est compétent ni en psychologie ni en management, ni en physiologie ni en anatomie, on lui enlève ce qui fait sa spécificité : sa capacité à passer du complexe au simplexe, on lui enlève ses valeurs morales, son humanisme et l’universalité de ses interventions. Accessoirement, on dénigre aussi les formations universitaires.

    Si l’on considère qu’entrainer c’est enseigner, l’entraineur est un enseignant, un éducateur. Les enseignants n’ont pas de préparateurs mentaux, de préparateurs physiques, dans leur salle de classe. Ils se forment dans ces différents domaines. Cela suffit à améliorer leur métier, à mieux assurer leurs missions.

    Alors cela ne veut pas dire que la préparation mentale et la préparation physique ne sont pas utiles. Cela sign

    • 6 min
    Existe-t-il une "bonne" et une "mauvaise" fatigue ?

    Existe-t-il une "bonne" et une "mauvaise" fatigue ?

    La fatigue peut se définir comme un état de baisse générale des ressources de l’organisme. Ressources qui peuvent être spirituelles, affectives, cognitives ou motrices. Être fatigué, c’est donc estimer avoir moins de ressources pour réaliser des activités.

    Vous écoutez « Comprendre l’entrainement », un podcast pour découvrir et réfléchir sur les méthodes et les techniques d’entrainement.

    Je m’appelle Stéphane Morin, je suis enseignant à l’Université, entraineur et chercheur spécialiste de méthodologie de l’entrainement et de l’analyse des données.

    Bonjour et bienvenue dans ce podcast aujourd’hui consacré à la fatigue.

    Mesurer précisément la fatigue dans le contexte sportif est une préoccupation prioritaire qui conduit à s’interroger sur les affirmations très souvent entendues de « bonne » et de « mauvaise » fatigue.

    Que signifie « bonne » ou « mauvaise fatigue » ?

    Est-il pertinent de distinguer deux types de fatigue dans le contexte du sport et de l’activité physique ?

    Une « bonne » fatigue serait une fatigue bénéfique, souvent associée à un effort physique immédiat, plus ou moins important. Elle surviendrait après un entraînement ou une compétition et indiquerait que l’organisme a été suffisamment sollicité pour stimuler des réactions adaptatives. Cette forme de fatigue serait considérée comme positive, car elle caractériserait une réaction d’adaptions de l’organisme à des contraintes d’entrainement planifiées, périodisées et programmées avec pertinence. Ces adaptations continues, régulières et progressives permettraient à l’organisme de performer plus, plus souvent, aux bons moments.

    En revanche, une « mauvaise » fatigue serait une fatigue excessive, causée par des sollicitations trop importantes ou trop fréquentes associées à un manque de repos et de récupération adéquats. Cette forme de fatigue serait considérée comme négative, car elle ne serait pas associée aux variations de contraintes d’entrainement. La fatigue pourrait alors avoir un impact négatif sur les performances et la santé en général. La mauvaise fatigue pourrait donc entraîner une diminution des performances, une augmentation du risque de blessures, une diminution de la motivation, une détérioration de la vie personnelle.

    Autrement exprimé, le degré de sollicitation d’une ressource provoque une baisse de ladite ressource. L’arrêt de la sollicitation permet ensuite une restauration totale ou partielle de la ressource selon un continuum temporel plus ou moins long, de quelques secondes, à quelques minutes à plusieurs jours. Plus court est ce délai, plus il est possible de postuler que l’organisme a été sollicité régulièrement et de manière optimale. Plus ce délai est long, moins il est possible de postuler que l’organisme a été sollicité régulièrement et spécifiquement. Il est possible ici de faire une analogie avec la fréquence cardiaque : elle revient très vite à sa valeur de repos après avoir atteint des valeurs maximales à la condition qu’on ait régulièrement sollicité l’organisme et qu’on ait sollicité cette fréquence cardiaque.

    La fatigue est générale si plusieurs ressources sont concernées.

    La fatigue est spécifique s’il s’agit d’une ressource.

    (...)

    • 10 min
    Faut-il baisser la charge à l'approche de la compétition ou l'histoire de l'affûtage.

    Faut-il baisser la charge à l'approche de la compétition ou l'histoire de l'affûtage.

    Les stratégies pour parvenir à une capacité de performance optimale les jours de compétition ne peuvent pas s'acquérir uniquement par la synthèse des résultats d’études scientifiques pas plus qu’en se basant sur des recherches sporadiques et fragmentaires.

    Vous écoutez « Comprendre l’entrainement », un podcast pour découvrir et réfléchir sur les méthodes et les techniques d’entrainement.

    Je m’appelle Stéphane Morin, je suis enseignant à l’Université, entraineur et chercheur spécialiste de méthodologie de l’entrainement et de l’analyse des données.

    Bonjour et bienvenue dans ce podcast aujourd’hui consacré à l’affûtage. Faut-il réellement réduire la charge de travail à l'approche de la compétition ?

    Mon propos liminaire a pu vous surprendre. Non, je ne remets pas en question la science, bien au contraire. Toutefois, concernant l’affûtage, la littérature scientifique semble laisser penser qu’il n’y a pas d’autres alternatives à la baisse de la charge de travail à l’approche de la compétition. Il faudrait toujours réduire les efforts à l’approche d’un événement majeur.

    Pour justifier leur baisse de charge de travail avant la compétition, les entraineurs brandissent avec force leurs lots de méta-analyses et de publications sur l’affûtage. Dans la réalité, ils ne brandissent rien, ce sont bien plus les préparateurs physiques, formés dans les UFR STAPS qui le font à leur place. Biais de sélection classique, les entraineurs avancent eux leur passé de sportifs dont ils n’ont retenu le plus souvent qu’une chose : il faut récupérer avant la compétition pour faire le plein d’état de forme. Attitude qui a conduit de nombreux sportifs à hélas récupérer d’efforts qui n’avaient pas été faits.

    Revenons à la science. Il est important de considérer que les publications scientifiques sur l’affûtage n’ont analysé quasi exclusivement que des données physiologiques. La majorité de la littérature scientifique passée et actuelle s'est de plus concentrée sur les sports d'endurance, sur les sports individuels n’ayant pas de compétitions régulières, chaque semaine.

    A l'heure actuelle une seule revue a tenté de résumer les recherches psychologiques qui ont été menées pour examiner le tapering (le mot anglais pour “affûtage”). L’article « The Psychology of Athletic Tapering in Sport: A Scoping Review » de Maxwell J. Stone et collaborateurs confirme que la plupart des recherches étaient quantitatives, qu’elles utilisaient une conception longitudinale et qu’elles étaient menées en natation, en triathlon, en cyclisme ou dans plusieurs sports. L’article précise que les recherches utilisaient un échantillon d'athlètes masculins de niveau universitaire, régional ou national. Cette review mettant également en évidence le nombre limité de recherches examinant la psychologie de la réduction progressive de la charge de travail.

    Les preuves concernant les protocoles d’affûtage pour les athlètes de force et de puissance font également défaut. Affirmer que réduire progressivement la charge de travail, où cesser de s’entrainer, permettrait d’atteindre sa force maximale aux bons moments n'est toujours pas prouvé scientifiquement comme le confirme l’article de S. Kyle Travis et collaborateurs « Tapering and peaking maximal strength for powerlifting performance : a review ».

    La gestion des efforts à l’approche des compétitions ferait donc consensus. Tous les entraineurs s’accordent pour dire qu’il est nécessaire. Les sportifs n’en doutent pas plus. Toutefois, les preuves scientifiques basées sur des données probantes et des hypothèses réalistes testables font défaut.

    (...)

    • 10 min
    Blessure et calendrier surchargé : et si nous faisions fausse route ?

    Blessure et calendrier surchargé : et si nous faisions fausse route ?

    « On s’aperçoit depuis des années qu’il y a de plus en plus de blessures, ça ne peut pas durer comme ça, il faut que les acteurs soient pris en compte autrement que comme des pions qu’on déplace à sa guise sur un échiquier. Il faut d’urgence mettre en place des procédures pour réglementer tout cela », réclamait il y a deux ans Philippe Piat, président de l’UNFP et de la Fifpro.

    Il préconisait :


    L’introduction de pauses de 4 semaines obligatoires en fin de saison, et de pauses de 2 semaines obligatoires à mi-saison.
    Une limitation du nombre de fois par saison où les joueurs doivent enchaîner des matchs de compétition avec moins de cinq jours de récupération.
    Envisager d’imposer un nombre maximum de matchs annuels pour chaque joueur afin de protéger sa santé et ses performances.

    Une succession de compétitions tous les trois jours, pendant plusieurs semaines, même plusieurs mois, n’est pas une spécificité du football. Ce constat existe au handball, au volley, au tennis, etc.

    Il est difficilement discutable que ce temps consacré aux compétitions, auxquels il faut ajouter les problématiques de déplacements et d’hébergement, réduise considérablement le temps d’entrainement et le temps de présence dans les familles. Temps d’entrainement nécessaire pour préparer correctement les sportifs aux compétitions pour qu’ils puissent performer plus, plus souvent, aux bons moments et réduire la probabilité de blessure, qu’elle soit physique ou mentale. Mais aussi temps personnel indispensable pour que le sportif retrouve son équilibre émotionnel et affectif auprès de ses proches.

    Quand la performance ne s’améliore pas, quand le nombre de blessures augmente, il semblerait logique que l’on cherche à mieux comprendre les relations entre les compétitions et les blessures.

    La littérature scientifique sur les blessures, bien qu’abondante, est assez pauvre concernant l’analyse des relations entre le nombre de compétitions et le nombre de blessés.

    Autorisons-nous une courte parenthèse : si la question des blessures occupe régulièrement l’espace médiatique, ce n’est pas parce que les journalistes lisent chaque semaine la littérature scientifique et constatent la croissance exponentielle des publications scientifiques.

    (...)

    • 16 min

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