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Livres-audio contemporains. Collection dirigée par François Lozet. Des classiques mis en scène. Des univers sonores et musicaux conçus autour des textes. Pour mieux entendre. Avec les comédiens et les musiciens de Harpo, ce sont plus seulement des livres lus, mais des textes mis en scène par le son et la musique.

Arts Po : Ubi Sunt ‪?‬ François LOZET

    • Arts

Livres-audio contemporains. Collection dirigée par François Lozet. Des classiques mis en scène. Des univers sonores et musicaux conçus autour des textes. Pour mieux entendre. Avec les comédiens et les musiciens de Harpo, ce sont plus seulement des livres lus, mais des textes mis en scène par le son et la musique.

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 11

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 11

    Voulez-vous savoir combien leur vie est courte ? Voyez combien ils désirent la prolonger Des vieillards décrépits demandent les mains jointes quelques années de plusEt se font plus jeunes qu’ils ne sontet se berçant de ce mensongeIls le soutiennent aussi hardiment que s’ils pouvaient tromper le destin







    Mais si quelque infirmité vient leur rappeler leur condition mortelleIls meurent remplis d’effroiIls ne sortent pas de la vieIls en sont arrachésIls s’écrient qu’ils ont été insensés de n’avoir pas vécuQue si seulement ils réchappent de leur maladieComme ils vivront dans le repos !Et reconnaissant la vanité de leurs efforts pour se procurer Des propriétés dont ils ne pourront pas jouirIls voient en conséquence combien Tous leurs travaux ont été inutiles et stériles







    Mais pour celui qui l’a passée loin de toute négoce combien la vie n’est-elle pas longue Rien n’en est sacrifiéNi donné à l’un ou à l’autreRien n’en est livré au hasardPerdu par négligence Retranché par gaspillageRien n’en demeure superfluTous ses moments sontpour ainsi direPlacés avec intérêtsAussi courte qu’elle est elle est plus que suffisante et alors







    Lorsque le dernier jour arrive  le sage n’hésite pas à aller vers la mort Sans aucun regret 

    • 2 min
    Sénèque, De la vie brève, chapitre 12

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 12

    Vous me demanderez peut-êtreQuels sont ces hommes que j’appelle affairés ? Ne croyez pas que je donne ce nom seulement à ceux qui ne sortent des tribunaux que lorsque les chiens viennent les en chasserNi à ceux que vous voyez étouffés par la multitude de leurs courtisansOu refoulés avec mépris par les courtisans des autresNi à ceux que d’obséquieux devoirs extirpent de chez eux pour aller se presser à la porte des grandsNi à ceux à qui le prêteur octroie une somme honteuse Et qui sera pour eux un jour ou l’autre une vraie gangrène







    Non : il est des hommes pour qui le loisir même est affairéA la campagneDans leur litAu milieu de la solitudeAussi éloignés soient-ils du reste des hommes Ils sont insupportables à eux-mêmes La vie de ces gens-là ne peut pas être appelée une vie oisiveElle leur est une activité (comment dirais-je)laborieusement désœuvrée







    Diriez-vous qu’ils ne font rien l’amateur qui avec minutieS’occupe à ranger symétriquement des vases de Corinthe que la manie de quelques curieux a rendus précieux ?Ou celui qui passe la plus grande partie de son temps à polir d’une laine de vieux métaux rouillés ? Ou (parce qu’il faut avouer que les dépravations graveleuses qui nous travaillent ne sont plus uniquement romaines) Celui qui va au gymnase pour contempler de jeunes combattantsDans les coulisses où ils s’enduisent et se frottent d’huiles   ? Et celui qui s’amuse à assortir en fonction de l’âge ou de la couleurles champions accoutumés à la victoire ? Ou celui qui (ostensiblement) se charge de nourrir l’appétit des athlètes les plus célèbres ? 







    Diriez-vous livrés au repos ceux qui passent tant d’heures chez un barbier pour se faire arracher le moindre poil qui leur sera poussé pendant la nuitPour prendre conseil sur chaque cheveuPour qu’on relève leur mèche déplacée et qu’on ramène également de chaque côté du front leurs cheveux clairsemés ? Comme ils se mettent en colèresi le barbierCroyant avoir affaire à des hommesMet à les raser un peu de négligence Comme ils rentrent en fureur s’il leur a coupé le poil d’un peu trop prèsSi quelques cheveux dépassent des autres Si tous ne tombent pas en boucles bien égalesEst-il un seul d’entre eux qui ne préfère pas voir sa patrie en désordre plus que sa coiffure ? Qui ne soit plus inquiet des coquetteries de sa tête que de sa santé ? Qui ne préfère pas être bien coiffé plus qu’honnête homme ? Appelleriez-vous oisifs ces hommes toujours occupés entre le peigne et le miroir ?







    Et que sont donc ceux qui ont l’esprit sans cesse tendu à composer Entendre et réciter des chansonsEt quiForçant leur voix formée par la nature à rendre facilement des sons simples Lui font exécuter les modulations affectées d’une mélodie langoureuse ? Leurs doigts battent sans cesse la mesure du chant quelconque qu’ils ont dans la têteet au milieu même d’affaires sérieusesdans des circonstances tristes Ils font entendre un léger   fredonnement ? 







    Ces gens-là ne sont pas oisifs mais inutilement occupés     







    Et certes je ne regarderai pas leurs festins comme des moments de détenteQuand je vois avec quel soin ils rangent leur vaisselle Quelle importance ils mettent à ce que les tuniques de leurs serviteurs soient portées avec grâceCombien ils sont inquiets de la manière dont un sanglier sort des mains du cuisinierAvec quel art la volaille est découpée en petits morceauxAvec quel empressement leurs esclaves épilés saventAu signal donnéS’acquitter de leurs taches diversesAvec quel soin les malheureux font disparaître les traces de salives des convivesCar c’est ainsi qu’on se fait une réputation :Munificence et délicatesse







    Les travers de ces gens les accompagnent si constamment A tous les moments de leur viequ’ils mettent une vanité ambitieusey compris dans 

    • 7 min
    Sénèque, De la vie brève, chapitre 13

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 13

    Il serait trop long de parler de ceux qui ont passé toute leur vie à jouer aux échecs Ou à la peloteou à exposer leur corps aux ardeurs d’un soleil cuisantCeux-ci ne sont pas non plus des oisifs à qui les plaisirs donnent beaucoup de travail                             







    Quant à ceux qui se plongent dans de vaines études littéraires                   Personne ne doute qu’ils se donnent de la peine à faire rienLe nombre en devient assez grand chez nous les RomainsC’était déjà la maladie des Grecs que de chercher à savoir le nombre de rameurs d’UlysseOu si l’Iliade fut écrite avant l’OdysséeOu si ces deux poèmes étaient du même auteurEt d’autres questions de telle importanceQui s’il faut les garder pour vous ne peuvent vous procurer aucune satisfaction Et que vous ne sauriez communiquer aux autres sans paraîtreNon pas plus savantMais plus ennuyeux 







    Ainsi voilà les Romains possédés de l’étrange manie d’acquérir des connaissances inutiles ! Ces jours derniers J’ai entendu un certain philosophe disserter sur ce que chacun des généraux romains avait fait le premier le premier Cæso Duillius avait vaincu sur meret le premier Manius Curius Dentatus avait montré des éléphants à son triomphe







    Encore que ces connaissances ne mènent pas à une vraie gloire  Au moins tendent-elles à nous faire connaître par des exemples les exploits de nos concitoyensS’il n’y a pas de véritable utilité dans ce savoiril y a néanmoinsEn dépit de sa futilitéToujours des choses à tirer d’un sujet vide







    Apprenons à ceux qui aiment ces sortes de recherches quel fut le premier qui engagea les Romains à monter sur un vaisseauCe fut Claudius surnommé pour cette raison CaudexNom que les anciens donnaient à un assemblage de plusieurs planchesEn sorte que les tables publiques où sont inscrites nos lois ont été appelées codesEt que de nos jours encoreLes bateaux qui depuis toujours apportent à Rome sa nourriture par le Tibres’appellent caudicaires







    Il est sans doute bien important de savoir que Marcus Valerius Corvinus s’empara le premier de la ville de MessinaEt qu’il fut le premier de la maison des Valere qui empruntant son nom d’une ville prisefut appelé Messinapuis vulgairement Messala Au moyen d’un échange de lettres







    Il est permis aussi de chercher à savoir que Sylla De la maison des Cornelii présenta le premier Au cirqueDes lions en liberté tandis qu’auparavant ils étaient attachéset que le roi Bocchus de Maurétanie envoya des archers pour les tuerD’accord ! Passons encore sur cela







    Mais que Pompée ait donné le premier au peuple un combat De dix-huit éléphants contre des malfaiteursQuel mérite peut-on tirer de cette connaissance-là ? Le premier citoyen de Rome Le même que la renommée nous a dépeint comme un modèle de bonté parmi nos illustres aïeuxA cru donner un spectacle mémorable en inventant un moyen inédit de faire périr les hommesQu’ils se battentC’est peuQu’ils soient criblés de coups Ce n’était pas encore assezIl fallait en outre qu’ils périssent écrasés sous l’énorme masse  des éléphants







    Mieux valait laisser de pareilles actions dans l’oubli Pour empêcher que quelqu’un de puissant ne les connût par la suiteet n’enchérît en conséquence sur des actes que l’humanité réprouveO quelles épaisses ténèbres un grand renom répand-il dans l’esprit des mortels ! Pompée se croyait-il au-dessus de la NatureLorsqu’il exposait tant de malheureux à la fu...

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    Sénèque, De la vie brève, chapitre 14

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 14

    Seuls profitent du repos ceux qui se consacrent à l’étude de la sagesse Seuls ils viventCar non seulement ils profitent de leur part d’existenceMais ils y ajoutent tout l’ensemble des âgesToutes les années qui ont précédé leur premier jour leur sont acquisesA moins d’être particulièrement ingratsles célèbres fondateurs de ces écoles sublimes sont nés pour nousIls nous ont défriché la vieCes admirables connaissances qu’ils ont tirées des ténèbres et mises à jourC’est par leurs travaux que nous y sommes initiésAucun siècle ne nous est interditTous nous sont ouvertsEt si notre esprit par sa grandeur nous porte à nous affranchir des limites de la faiblesse humaineNous pouvons parcourir les vastes horizons du temps







    Je peux discuter avec SocrateÊtre sceptique avec CarnéadeJouir du repos avec Épicure  Avec les Stoïciens vaincre la nature humaine Avec les Cyniques dépasser son importanceMarcher enfin d’un pas égal avec la Nature elle-mêmeEtre contemporain de tous les sièclesPourquoide cet intervalle de temps si courtSi incertainNe m’élancerais-je pas vers ces espaces immensesEternelsOù retrouver les meilleurs des sages ?







    Les insensés qui Sans cesse en démarchesA rendre d’inutiles devoirsSe privant de reposEt en en privant les autresEt qui se seront livrés tout à leur aise à leur manieauront été frapper chaque jour à toutes les portesn’auront oublié aucune de celles qu’ils auront trouvées ouvertescolportant dans toutes les maisons leurs hommages intéressésDans cette ville immense et agitée de tant d’intérêts différents







    Combien de personnes auront-ils pu voir finalementCombien de hauts personnages dont le sommeil les débauches ou la dureté les auront éconduits ? CombienAprès l’ennui d’une longue attenteLeur échapperont en feignant une affaire pressante ? Combien d’autresévitant de paraître dans le vestibule rempli de clientsS’échapperont par quelque issue secrèteComme s’il n’était pas plus malhonnête de s’esquiver que de refuser sa porte







    Combien à demi endormisLa tête encore lourde des excès de la veille Combien entrouvriront à peine les lèvres pour balbutierDans un bâillement dédaigneuxCe nom que leur esclave leur souffla mille fois à l’oreilleCelui de ces malchanceux qui ont hâté leur réveil Pour venir attendre le réveil des autres







    Mais ceux qui tous les jours ont avec les Zénonles Pythagoreles Démocrite les Aristoteles Théophrasteet tant d’autres précepteurs de la morale et de la science Des relations familièresintimesCeux-là nous pouvons le dire s’attachent à leurs véritables devoirs







    Aucun de ces sages ne refuse de les recevoirAucun ne renvoie ceux qui sont venus à luiPlus heureux et plus affectionnés à sa personneAucun ne souffre que vous sortiez de sa compagnie les mains videsLeur porte est ouverte à tousNuit et jour







    Aucun d’entre eux ne vous forcera à mourirTous vous en apprendront le secretAucun ne vous fera perdre des annéesChacun y ajoutera les siennes







    Nul ne vous compromettra par ses discoursEt aucun dont l’amitié vous mettra en dangerAucun ne vous fera payer cher sa faveur

    • 4 min
    Sénèque, De la vie brève, chapitre 15

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 15

    Vous retirerez d’eux tout ce que vous voudrez   Il ne tiendra pas à eux queplus vous aurez puisé à cette source abondanteplus vous y puisez de nouveauQuelle joieQuelle vieillesse sereine est réservée à celui qui s’est mis sous leur patronageCar il aura des amis avec lesquels il pourra juger des plus grandes Comme des plus petites affairesRecevoir tous les jours des conseilsEntendre la vérité sans offenseL’éloge sans flatterieIl pourra les prendre pour modèles







    On dit souvent qu’il n’a été donné à personne de choisir ses parentsLe sort seul nous les donneIl y a pourtant une naissance qui dépend de nousIl existe des familles d’illustres géniesA laquelle voudrez-vous appartenir ?







    Vous y serez adopté Et non seulement son nom mais ses richesses seront les vôtresEt pour les conserver Ni avarice Ni sordides économies nécessairesElles augmenteront d’autant plus que vous en ferez part à plus de monde







    Ces grands hommes vous ouvriront la voie de l’éternitéEt vous élèveront à une hauteur d’où personne ne saura vous faire retomberTel est l’unique moyen de prolonger une vie mortelleEt plus De l’échanger contre une immortelle   HonneursMonumentsTout ce que l’ambition obtient par décretsOu qui se construit de ses propres mainss’écroule bien viteLe temps ruine toutEt renverse en un moment ce que lui-même a consacré







    Or la sagesse est à l’abri de ses atteintesAucun siècle ne pourra ni l’abolirni la diminuerL’âge suivant et par contiguïté tous les âges qui viendrontAjouteront à la vénération qu’elle inspire Car si la jalousie s’attache aux choses voisinesOn admire plus volontiers celles qui sont éloignées







    Ainsi s’allonge la vie pour le sageElle ne se cantonne pas aux limites imposées au reste des hommes







    A lui seul Affranchi des lois du genre humainTous les siècles sont soumisComme à un Dieu







    Il est maître par le souvenirDu temps passéLe présentIl sait en jouirEt l’avenirIl le possède d’avance







    Sa vie est longue car en un point du tempsIl concentre tous les temps

    • 2 min
    Sénèque, De la vie brève, chapitre 16

    Sénèque, De la vie brève, chapitre 16

    Mais combien courte et inquiète est la vie de ceux qui oublient le passé Négligent le présentEt craignent l’avenirAu moment ultime les malheureux comprennent Trop tardCombien ils ont été longtemps occupés à ne rien faireEt n’allez pas conclure que leur vie soit longueDe ce qu’ils invoquent parfois la  mortLa folie les agite de passions désordonnées qui les précipitent précisément vers ce qu’ils craignentAussi ne désirent-ils souvent la mort que parce qu’ils en ont peur







    Et ne regardez pas non plus Pour preuve qu’ils vivent longtempsQue le jour souvent leur paraît longEt qu’en attendant le moment fixé pour le souperils se plaignent de la lenteur des heurescar si par hasard leurs activités les délaissent      ils sont accablés du temps libre qu’elles leurs donnent







    Ils ne savent ni en faire usageNi comment s’en déchargerAussi se cherchent-ils une occupation quelconqueet dans l’intervalle toute durée leur pèseCela est si vrai que si un jour a été annoncé pour un combat de gladiateursou si la date de tout autre spectacle ou de divertissement est attendueIls voudraient sauter tous les jours intermédiairesDès qu’il attendent tout délai est trop longMais le moment après lequel ils soupirent est court et fugitifet leur amour le rend plus bref encore d’un objet ils passent déjà à un autreIls ne peuvent se fixer en un seul désirPour eux les journées ne sont pas longues mais détestablesEt au contraire combien les nuits leur paraissent courtesQue leurs orgiesrapetissentEt leurs orgies beaucoup trop éphémères







    Aussi les poètesdont la folie attise avec des inventions les divagations des hommesOnt-ils imaginé un Jupiter Ivre des délices d’une nuit adultère En doubler la durée







    N’est-ce pas enflammer nos défauts que de les attribuer aux DieuxEt de donner pour excuse à nos désirs l’exemple des excès des Dieux ? Pourraient-elles ne pas leur paraître courtes ces nuits que ces dissolus achètent si cher ? 







    Ils perdent le jour dans l’attente de la nuitet la nuit dans la crainte du jour

    • 2 min

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