19 min

Derrière les barbelés du Spins Nos Chemins de Liberté

    • Documentary

"On a été encerclé par les allemands. On a vu démolir toutes les dunes du Spins et ils ont commencé à faire les blockhaus".

À la grève blanche où sont postés les allemands, la famille de Francine et Marie Le Goasduff a été la seule à être autorisée à rester. Leur vie s'est organisée, derrière les barbelés. Elles racontent leurs souvenirs pour ce quatrième épisode de Nos chemins de Liberté. 

Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.

Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien. 

Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.

Citation
 

« Christine en parlait avec des lumières dans ses yeux 

Yannig aussi

Les sœurs, les 3, devaient être interviewées !

Le genre d’évidence qu’on n'a pas envie de questionner

Surtout quand on n’a pas toutes les cartes en main



Ici, tout le monde les connaissait

Et même la France d’ailleurs  

Faut dire qu’elles étaient passées aux infos 

Régionales et nationales !

Au 20h même

Celui de TF1



Il me fallait alors simuler

Omettre une certaine forme d’ignorance

Faire comme si je connaissais les sœurs Le Goasduff

Comme si j’avais déjà croisé les chemins de Francine, Marie et Jeanne…



Souvent, dans un processus d’intégration, faut mentir pour accéder aux histoires

Pour comprendre l’Histoire d’un territoire

Quand des femmes sont des Institutions c’est qu’elles incarnent des valeurs d’importance

Des valeurs d’appartenance

Des cultures qui se préservent

Qui passent de générations en générations

Alors les sœurs Le Goasduff sont les amies de tout le monde 

Chacun partage une anecdote comme on partage un gâteau de famille

Chacun dispose d’un bout de l’histoire



Alors un jour d’été, en fin de journée, 

quand on est arrivé chez Francine et Marie

avec nos micros et enregistreurs

j’avais l’impression de rentrer à l’Elysée

Le matin j’avais même repassé ma chemise



Et heureusement car Francine et Marie étaient sur leur trente-et-un

Toutes belles

En couleurs

On devait être autour du 14 juillet

Un vrai feu d’artifice

Elles avaient aussi dû aller chez le coiffeur

Bref, elles nous attendaient !



Tout de suite elles se sont étonnées de ne pas voir de caméras

Juste des micros a demandé Francine ?

Oui oui ai-je murmuré de peur de me prendre une remarque

Sans les caméras on avait l’air pas à la hauteur de ce rendez-vous

De leur rendez-vous !



Christine, en douceur, leur a expliqué l’absence d’images

L’importance de préserver leur voix

L’arrivée des « podcasts » aussi dans cette modernité mouvante

La puissance du décalage dans un monde qui va si vite

La douceur de perdre son temps en prenant celui du temps d'écouter

Pour apprendre autrement

Pour les découvrir différemment



Si Francine parlait beaucoup, Marie observait 

Son regard était là

Comme la présence d'une Maîtresse d’école qui sait se faire respecter

En silence 

Christine a su rassurer

Créer une confiance partagée

Et l’entretien a pu commencer



On était content de les écouter 

On sentait leur envie de transmettre

De ne pas oublier

De ne pas les oublier



Dans leurs récits croisés on était touché

On était au bon endroit

Là où les questionnements se font 

Là où les évidences s’écroulent 

Là où les certitudes s’effritent 

Là où les apprentissages se font



Après deux heures d’échanges

On avait pu se rencontrer

On avait

"On a été encerclé par les allemands. On a vu démolir toutes les dunes du Spins et ils ont commencé à faire les blockhaus".

À la grève blanche où sont postés les allemands, la famille de Francine et Marie Le Goasduff a été la seule à être autorisée à rester. Leur vie s'est organisée, derrière les barbelés. Elles racontent leurs souvenirs pour ce quatrième épisode de Nos chemins de Liberté. 

Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.

Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien. 

Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.

Citation
 

« Christine en parlait avec des lumières dans ses yeux 

Yannig aussi

Les sœurs, les 3, devaient être interviewées !

Le genre d’évidence qu’on n'a pas envie de questionner

Surtout quand on n’a pas toutes les cartes en main



Ici, tout le monde les connaissait

Et même la France d’ailleurs  

Faut dire qu’elles étaient passées aux infos 

Régionales et nationales !

Au 20h même

Celui de TF1



Il me fallait alors simuler

Omettre une certaine forme d’ignorance

Faire comme si je connaissais les sœurs Le Goasduff

Comme si j’avais déjà croisé les chemins de Francine, Marie et Jeanne…



Souvent, dans un processus d’intégration, faut mentir pour accéder aux histoires

Pour comprendre l’Histoire d’un territoire

Quand des femmes sont des Institutions c’est qu’elles incarnent des valeurs d’importance

Des valeurs d’appartenance

Des cultures qui se préservent

Qui passent de générations en générations

Alors les sœurs Le Goasduff sont les amies de tout le monde 

Chacun partage une anecdote comme on partage un gâteau de famille

Chacun dispose d’un bout de l’histoire



Alors un jour d’été, en fin de journée, 

quand on est arrivé chez Francine et Marie

avec nos micros et enregistreurs

j’avais l’impression de rentrer à l’Elysée

Le matin j’avais même repassé ma chemise



Et heureusement car Francine et Marie étaient sur leur trente-et-un

Toutes belles

En couleurs

On devait être autour du 14 juillet

Un vrai feu d’artifice

Elles avaient aussi dû aller chez le coiffeur

Bref, elles nous attendaient !



Tout de suite elles se sont étonnées de ne pas voir de caméras

Juste des micros a demandé Francine ?

Oui oui ai-je murmuré de peur de me prendre une remarque

Sans les caméras on avait l’air pas à la hauteur de ce rendez-vous

De leur rendez-vous !



Christine, en douceur, leur a expliqué l’absence d’images

L’importance de préserver leur voix

L’arrivée des « podcasts » aussi dans cette modernité mouvante

La puissance du décalage dans un monde qui va si vite

La douceur de perdre son temps en prenant celui du temps d'écouter

Pour apprendre autrement

Pour les découvrir différemment



Si Francine parlait beaucoup, Marie observait 

Son regard était là

Comme la présence d'une Maîtresse d’école qui sait se faire respecter

En silence 

Christine a su rassurer

Créer une confiance partagée

Et l’entretien a pu commencer



On était content de les écouter 

On sentait leur envie de transmettre

De ne pas oublier

De ne pas les oublier



Dans leurs récits croisés on était touché

On était au bon endroit

Là où les questionnements se font 

Là où les évidences s’écroulent 

Là où les certitudes s’effritent 

Là où les apprentissages se font



Après deux heures d’échanges

On avait pu se rencontrer

On avait

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