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Juriste historien, Dario Mantovani est né en 1961 à Milan (Italie). Sa formation en lycée classique a préludé aux études de droit. Il a parcouru dans différentes universités italiennes (Trente, Parme) une carrière de chercheur et d'enseignant, avant de devenir professeur de droit romain à l'université de Pavie (à partir de 1997).

Droit, culture et société de la Rome antique - Dario Mantovani Collège de France

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Juriste historien, Dario Mantovani est né en 1961 à Milan (Italie). Sa formation en lycée classique a préludé aux études de droit. Il a parcouru dans différentes universités italiennes (Trente, Parme) une carrière de chercheur et d'enseignant, avant de devenir professeur de droit romain à l'université de Pavie (à partir de 1997).

    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    Résumé

    Il existe de nombreuses façons de définir un objet, en l'occurrence un navire. Ce cours explore les démarches d'un déclamateur latin (Cicéron, De l'invention, 2.153), d'un juriste (Alfénus, Digeste, 21.2.44), d'un érudit (Aulu-Gelle, Nuits attiques, 10.25.5), du graveur d'un sesterce de Néron (RIC 178 ; BnF). Au centre d'un faisceau d'images et de métaphores, suivre le langage d'Alfénus permet de découvrir qu'un poète lui a sans doute emprunté sa métaphore des « membres » d'un navire (Ovide, Métamorphoses, 14.539 sqq.) ; à son tour, le juriste s'est peut-être approprié un diminutif – parva navicula – qu'il avait entendu dans sa jeunesse dans un discours de Cicéron (Après son retour de l'exil, au peuple Romain 19-20). À travers ces liens, la pensée juridique se révèle ancrée dans la culture et la société qui l'entourent.

    • 1 hr 6 min
    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    Résumé

    Pour aborder un problème juridique, il faut d'abord des concepts pour le rendre maniable, puis le résoudre à la lumière des critères de valeur jugés préférables. Le juriste P. Alfenus Varus, consul en 39 av. J.-C. et personnalité de la scène politique et culturelle romaine, doit déterminer si le fait de changer quelques juges dans un jury modifie l'identité du jury et du procès (Digeste, 5.1.76). Une question d'identité dans le temps, donc. Comment la traiter ? Alfénus utilise la notion de corps développée par la philosophie grecque, qui les distingue selon qu'ils sont unitaires (comme une pierre), composés d'éléments cohérents (comme un navire) ou d'éléments séparés, mais conceptuellement considérés comme un seul corps (comme un peuple). Derrière cette question se cachent de profonds dilemmes philosophiques, notamment celui représenté par le navire de Thésée ou, plus troublant encore, celui concernant l'identité dans le temps de chacun d'entre nous. Pouvons-nous être considérés comme les mêmes qu'il y a une semaine, malgré le changement incessant de notre constitution physique ? L'idée du corps sert donc non seulement pour produire des métaphores permettant de nommer des concepts, mais aussi comme outil d'argumentation.

    • 1 hr 3 min
    03 - Le corps et son contraire, les choses incorporelles. La voix, la famille sont-elles des corps ?

    03 - Le corps et son contraire, les choses incorporelles. La voix, la famille sont-elles des corps ?

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    03 - Le corps et son contraire, les choses incorporelles. La voix, la famille sont-elles des corps ?

    Résumé

    « C'est au langage, et au langage seul, que les entités fictives doivent leur existence, leur impossible et néanmoins indispensable existence ». On peut compléter ce propos de Jeremy Bentham, père de l'utilitarisme, en précisant que le langage, pour poursuivre ce but, se sert des métaphores et du corps. Le latin corpus dérive probablement du proto-indo-européen *ḱrp-os-, *ḱrp- Sa signification première est en fait le corps humain, du point de vue de son anatomie et de son aspect extérieur, par opposition à l'esprit. Mais de façon extensive, corpus en est venu à désigner le corps des animaux autres que l'homme, et aussi tous les êtres vivants organisés, puis tout objet matériel, quel qu'il soit. La polysémie du terme « corps » était telle que les anciens ont tenté de le définir, en le testant sur un cas précis, celui de la voix. La voix est-elle un corps ou bien est-elle un incorporel, se demande Aulu-Gelle (5.15). La discussion autour de la voix nous aide à prendre conscience du fait que le corps constitue l'image incontournable aussi pour dire son contraire. « Incorporel » n'est autre chose que le concept symétriquement inverse du corps. On ne peut penser une entité, réelle ou imaginaire, que si on lui donne ou on lui refuse un corps. Les juristes ont-ils aussi utilisé la catégorie des choses incorporelles. Gaius, notamment, en fait la (sous-)composante d'une triade qui se veut exhaustive de toute la matière juridique, personae, res, actiones. Cette démarche trace une ligne précise, de la métaphore à des notions abstraites. La pensée juridique tend d'abord à construire ses concepts à l'aide d'images corporelles (la notion d'obligation appartient à ce genre). Ensuite, dans une étape ultérieure, cette idée est transférée dans la catégorie des choses incorporelles. Cette oscillation permanente entre abstrait et concret peut prendre aussi une autre direction. C'est le cas lorsqu'un ensemble d'individus est conçu à son tour comme un seul corps. Le juriste Ulpien (D. 50.16.195.1-2, 4) cherche ainsi à définir les multiples significations du mot famille (familia) à l'aide de la notion de corps, mais aussi de sang et de mémoire. Les métaphores ne sont pas neutres : en tant que porteuses des idées provenant d'un domaine différent, elles ne s'en dépouillent jamais complètement et appellent d'autres métaphores.

    • 1 hr 6 min
    02 - Voir à travers les corps : métaphores corporelles et métaphores incarnées

    02 - Voir à travers les corps : métaphores corporelles et métaphores incarnées

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    02 - Voir à travers les corps : métaphores corporelles et métaphores incarnées

    Résumé

    Après les métaphores, protagonistes de la première séance, c'est le corps qui va faire son entrée sur scène lors de ce cours. Le corps agit au moins de deux façons différentes en tant que matrice de métaphores et d'autres tropes. De nombreuses métaphores surgissent du fait que notre esprit est habitué à concevoir le monde à partir de notre condition d'êtres pourvus d'un corps. On parle à ce propos de métaphores « incarnées », motivées par des expériences sensori-motrices que nous avons tous vécues. D'autres métaphores – qu'on qualifie de « corporelles » – puisent en revanche dans un imaginaire issu d'une représentation mentale du corps, le nôtre et surtout celui d'autrui. Pour mieux comprendre à la fois ces types de métaphores et la pensée des juristes qui s'en servent pour parler du droit, on abordera notamment un texte du juriste Paul, actif au premier tiers du IIIe siècle après J.-C. (Digeste, 48, 20, 7). Il traite d'une question ardue, à savoir le sort de l'héritage d'une personne condamnée à mort ou, en tout cas, à une peine entraînant la confiscation de ses biens, si le condamné a des descendants. Les enfants doivent-ils perdre le patrimoine de leur parent ou doivent-ils le recevoir en héritage ? Intérêt public à la punition et intérêt privé à la transmission du patrimoine entrent ici en conflit. Le juriste parvient à une solution grâce à un discours riche en métaphores et autres tropes, qui non seulement rendent le langage très vivant, mais constituent un élément sur lequel s'appuie le raisonnement pour parvenir à une solution équitable.

    • 1 hr 2 min
    01 - Dire autre chose pour dire le droit. Introduction aux métaphores comme outil de pensée dans la Rome antique

    01 - Dire autre chose pour dire le droit. Introduction aux métaphores comme outil de pensée dans la Rome antique

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    01 - Dire autre chose pour dire le droit. Introduction aux métaphores comme outil de pensée dans la Rome antique

    Résumé

    La métaphore est le transport d'un mot de sa signification propre à une autre signification. Par elle, on exprime une idée au moyen d'un terme qui normalement en désigne une autre.

    Il s'agit parfois d'une façon de rendre le discours plus élégant. D'autres fois, cela répond à une nécessité, parce qu'on manque de mots pour décrire de façon assez claire ce dont on veut parler.

    Les sciences sont riches en métaphores et, plus largement, de tropes. Cela vaut aussi pour le droit, alors qu'on s'attendrait au contraire pour cette langue de précision. Mais le droit n'existe pas à l'état naturel : c'est une technique développée par les sociétés humaines pour réduire les conflits. Et justement, comme la plupart des figures juridiques n'existent pas à l'état naturel, pour les rendre plus compréhensibles, il faut les rapprocher de ce qui constitue déjà notre expérience, notamment le corps et ses parties. C'est une façon d'insérer l'indicible dans un cadre familier et, par ce biais, de l'appréhender.

    C'est pourquoi souvent on parle d'autre chose pour parler de droit, en recourant à des métaphores et à d'autres tropes, comme lorsque les juristes romains disent « L'esclave ayant été manumis ne perd pas sa tête, parce qu'il n'avait pas de tête ». Un propos apparemment bizarre, mais qui avait une signification précise dans la langue juridique.

    Quintilien, maître de l'art du discours, notait que nous avons tous recours à des métaphores, sans en être toujours conscients. C'est à ce même résultat que la linguistique cognitiviste est parvenue ces dernières décennies, notamment avec le livre fondateur de Lakoff et Johnson. Les métaphores – nous expliquent-ils – sont dans la vie quotidienne. Ce qui fait tout leur intérêt est que souvent, sous une métaphore, on devine un concept plus profond, voire une façon de concevoir le monde : par exemple, considérer le temps comme de l'argent ou un procès comme une bataille ou une loi comme pourvue de volonté. C'est en suivant cette voie, qui considère la métaphore corporelle comme un détecteur de modèles culturels, que le cours tentera de pénétrer la mentalité des juristes romains, de remonter à l'origine du droit, et au fond aussi de réfléchir à notre propre façon de penser la justice. Ce premier cours introduira le cadre méthodologique.

    • 1 hr
    Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Conclusions

    Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Conclusions

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024
    Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Conclusions
    Intervenants :

    Dario Mantovani, Professeur du Collège de France

    A. Voies de la philologie classique

    Ce premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.

    B. Voix de la philologie classique

    Ce second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.

    Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).

    • 24 min

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