Moi, journaliste Raphaëlle Orenbuch

« Il n’y a pas de journaliste heureux ». C’est un article de Vice, publié cet été, qui l’affirme et nous met le doute. Sommes-nous épanouis dans ce métier qu’on a si longtemps idéalisé ? Comment continuer à l’exercer dans les conditions de précarité qu’on lui connait ? Julie Mendel a été journaliste pendant une dizaine d’années. A Paris, elle arpentait les couloirs de l’Elysée et de l’Assemblée pour le service politique et société de grands quotidiens nationaux. Aujourd’hui, à Bordeaux, Julie dirige une école de journalisme. Et si elle a accepté de relever ce défi, elle s’est fait la promesse que ce serait à condition d’y former des journalistes heureux. Des journalistes en phase avec la réalité du métier, débrouillards, polyvalents et surtout : prêts à réinventer une profession en perpétuelle mutation. Alors comment garder la foi et comment la transmettre dans ce contexte compliqué ? Qu’apprend-t-on aujourd’hui à des jeunes qui ont grandi noyé dans un flot d’information ? Julie Mendel a accepté de nous raconter son expérience et sa vision, dans l’épisode 10 de Moi, journaliste.

Quand elle était enfant, la télévision illuminait le salon d’Emilie Tran Nguyen. Elle représentait, pour ses parents immigrés, un moyen d’être spectateurs d’une France à laquelle ils n’avaient pas accès. Émilie, elle, jamais n’aurait pu s’autoriser à s’imaginer de l’autre côté de l’écran. Dedans, il n’y avait que des femmes blanches, aux yeux clairs, et aux prénoms composés. Pourtant, le destin, la chance, et surtout la persévérance, ont mené la jeune femme sous les projecteurs. Aujourd’hui, à 35 ans, Émilie est à la tête du JT de midi de France 3 et chroniqueuse dans l’émission "C à vous". Une place qu’elle a conquise seule, en travaillant deux fois plus que les autres et en n’oubliant jamais d’où elle venait. Émilie est une femme, jeune, métisse, et elle a réussi à montrer qu’elle était avant tout une bonne journaliste. Son parcours semé d’embûches, ce syndrome de l’imposteur qui continue de la poursuivre, l’ambivalence de la discrimination positive, Émilie a accepté de tout nous raconter à l’heure où les plateaux télé manquent cruellement de diversité.

Il y a dans la vie d’un homme, des dates qui restent gravées à jamais. Pour Yves Harté, le 16 mai 1990 en fait partie. Ce jour là, le journaliste reçoit le prix Albert Londres, récompense la plus prestigieuse de la profession, pour ses reportages sur la chute du bloc soviétique. Pourtant, rien ne prédestinait ce jeune Landais au journalisme et encore moins à une telle carrière. Après avoir goûté au grand reportage et avoir donc reçu la reconnaissance de ses pairs, Yves Harté a poursuivi la totalité de sa carrière au journal Sud Ouest. Et il y a occupé à peu près tous les postes possibles dans une rédaction. Alors comment vit-on son quotidien de localier après avoir gagné un prix mondialement reconnu ? A l’orée de sa retraite, Yves Harté a accepté de nous raconter ses plus beaux souvenirs et de nous livrer son regard sur les évolutions de ce métier qu’il a tant aimé, dans l’épisode 8 de Moi Journaliste.

Dans une carrière de journaliste, il faut souvent faire des choix et prendre des risques. C'est ce qu'a fait Clémentine Sarlat, en septembre 2018, en démissionnant de son poste de journaliste sportive à France Télévisions. Un an plus tôt, la naissance de sa première fille avait bouleversé sa vie et ses priorités. Clémentine sait qu'elle ne veut plus subir de remarques sexistes au travail, elle ne trouve plus de plaisir dans ce métier qui lui en donnait tant auparavant. La jeune femme décide alors de se mettre à son compte et de lancer un podcast autour du sport, puis un autre sur cette maternité qui l'a métamorphosée. Aujourd'hui, "La matrescence" fait partie des podcasts natifs les plus écoutés en France et Clémentine Sarlat ne regrette pas un instant d'avoir écouté sa petite voix.

Antoine Estève a plusieurs vies de journaliste. Grand reporter, il a couvert les plus grands conflits des dernières décennies. Et garde de ces terrains qu’on dit « difficiles » des souvenirs hallucinants, parfois même traumatiques. Correspondant local, il arpente la région bordelaise à la recherche d’histoires à raconter, et de gens à rencontrer, pour alimenter l’antenne de Cnews, chaîne pour laquelle il travaille depuis des années. Tantôt rédacteur en chef, spécialiste de politique américaine ou encore prof dans des écoles de journalisme, Antoine a en lui cette flamme, cette curiosité insatiable des hommes de terrain. Un terrain qu’il s’est juré de quitter le jour où son métier ne le ferait plus vibrer. En attendant, il a des milliers d’histoires à raconter et a accepté de se livrer dans l’épisode 6 de Moi, journaliste.

Elle aurait pu être vétérinaire ou bien travailler dans l’humanitaire, Aude Favre est finalement devenue journaliste. Pourtant, cette envie d’aider est bien au coeur de son métier. Loin de l’information en continu, ou des reportages chronométrés, Aude a choisi de s’attaquer au fléau de nos réseaux sociaux : les fake news. Sur sa chaîne Youtube créée il y a 3 ans, elle livre au grand public les coulisses du travail de journaliste et démonte une à une les fausses infos du web. Mieux encore, depuis quelques mois, la jeune femme fait participer sa communauté à chacune de ses enquêtes, dans une immense rédaction collaborative qu’elle anime d’une main de maître. Ses secrets pour « débunker » les théories du complot, son regard sur la défiance mais aussi la viabilité de ces nouveaux formats journalistiques, Aude Favre a accepté de tout nous raconter, dans l’épisode 5 de Moi journaliste.