2 min

Les cicatrices De l'écriture à la voix

    • Self-Improvement

Je m’appelle Andreia, j’ai 47 ans. Mon corps est « tatoué » de vergetures profondes. J’ai pris 30 kilos en l’espace de trois mois à l’âge de 14 ans.

Pendant des années j’éteignais la lumière pour me déshabiller. Voir mes vergetures, ces « traces », ces cicatrices me rappelait sans cesse cet épisode douloureux de mon adolescence et mes faiblesses.

A 14 ans j’ai subi deux abandons. Mon père, que j’adorais, a quitté la maison pour refaire sa vie. A son tour, mon premier grand amour m’a laissée, car j’étais dans l’incapacité de montrer mes sentiments, mes émotions, mon affection.

Ces deux pertes consécutives, ont déclenché en moi de l’hyperphagie. Il fallait remplir ce vide colossal créé par leur départ, en avalant, vite, très vite, des quantités de nourriture exorbitantes !

Comme j’étais devenue la cible des pires moqueries, j’ai quitté l’école et me suis enfermée chez moi durant une année. « La sale grosse » … il y a des mots, des étiquettes qui te brisent.

J’avais un dégout atroce pour ce corps que je considérais comme étranger à moi, des bouts de peau qui ne m’appartenaient pas… « Dégout », quand je prononce ce mot aujourd’hui, je réalise à quel point, j’ai été dure avec moi.

Pendant les années qui ont suivi, j’ai oscillé entre deux extrêmes, les crises d’hyperphagie et les phases de contrôle avec du sport à outrance et des laxatifs. A ce rythme effréné, ma tête et mon corps m’ont lâchée.

Je n’ai pu verbaliser mes souffrances intérieures que plus tard lors d’une thérapie en clinique spécialisée, en rencontrant des personnes bienveillantes et à l’écoute ayant eu le même parcours de vie que moi.

A tous ces gens qui m’ont soutenue sur le chemin, je dis merci d’avoir pris le temps de m’écouter, d’embrasser mes démons, mon corps avec amour et tendresse. Parler de mes blessures, enlever le masque, montrer mon vrai visage, ça m’a sauvé !

J’ai une profonde gratitude pour mes vergetures qui m’ont portée jusqu’ici et permis d’être la femme que je suis devenue.

Cette expérience m’a appris que je suis vulnérable et en même temps courageuse, gentille.

Ce mélange de fragilité et de force, c’est moi… entière, complète, authentique.

Pour moi, il est vital de creuser au-delà des apparences, pour connaître vraiment quelqu’un. Il y a des diamants bruts qui ne demandent qu’à être taillés avec calme, patience et compassion.



Texte et voix: Andreia Glanville 

Photo: Stéphanie Page

Témoignage faisant partie de l'exposition audiovisuelle "Les cicatrices" créée par Andreia Glanville et Stéphanie Page

lescicatrices.com 

Je m’appelle Andreia, j’ai 47 ans. Mon corps est « tatoué » de vergetures profondes. J’ai pris 30 kilos en l’espace de trois mois à l’âge de 14 ans.

Pendant des années j’éteignais la lumière pour me déshabiller. Voir mes vergetures, ces « traces », ces cicatrices me rappelait sans cesse cet épisode douloureux de mon adolescence et mes faiblesses.

A 14 ans j’ai subi deux abandons. Mon père, que j’adorais, a quitté la maison pour refaire sa vie. A son tour, mon premier grand amour m’a laissée, car j’étais dans l’incapacité de montrer mes sentiments, mes émotions, mon affection.

Ces deux pertes consécutives, ont déclenché en moi de l’hyperphagie. Il fallait remplir ce vide colossal créé par leur départ, en avalant, vite, très vite, des quantités de nourriture exorbitantes !

Comme j’étais devenue la cible des pires moqueries, j’ai quitté l’école et me suis enfermée chez moi durant une année. « La sale grosse » … il y a des mots, des étiquettes qui te brisent.

J’avais un dégout atroce pour ce corps que je considérais comme étranger à moi, des bouts de peau qui ne m’appartenaient pas… « Dégout », quand je prononce ce mot aujourd’hui, je réalise à quel point, j’ai été dure avec moi.

Pendant les années qui ont suivi, j’ai oscillé entre deux extrêmes, les crises d’hyperphagie et les phases de contrôle avec du sport à outrance et des laxatifs. A ce rythme effréné, ma tête et mon corps m’ont lâchée.

Je n’ai pu verbaliser mes souffrances intérieures que plus tard lors d’une thérapie en clinique spécialisée, en rencontrant des personnes bienveillantes et à l’écoute ayant eu le même parcours de vie que moi.

A tous ces gens qui m’ont soutenue sur le chemin, je dis merci d’avoir pris le temps de m’écouter, d’embrasser mes démons, mon corps avec amour et tendresse. Parler de mes blessures, enlever le masque, montrer mon vrai visage, ça m’a sauvé !

J’ai une profonde gratitude pour mes vergetures qui m’ont portée jusqu’ici et permis d’être la femme que je suis devenue.

Cette expérience m’a appris que je suis vulnérable et en même temps courageuse, gentille.

Ce mélange de fragilité et de force, c’est moi… entière, complète, authentique.

Pour moi, il est vital de creuser au-delà des apparences, pour connaître vraiment quelqu’un. Il y a des diamants bruts qui ne demandent qu’à être taillés avec calme, patience et compassion.



Texte et voix: Andreia Glanville 

Photo: Stéphanie Page

Témoignage faisant partie de l'exposition audiovisuelle "Les cicatrices" créée par Andreia Glanville et Stéphanie Page

lescicatrices.com 

2 min