Récits, contre-récits Benjamin Roux

Aujourd’hui j’échange avec Fabrice Luraine, designer, et notamment directeur artistique aux éditions du commun. Il pratique ce qu’il nomme la typoésie générative et il va nous expliquer en quoi cela consiste. Nous menons, lui et moi, un travail de recherche-création autour de la notion de « Récit-barricade ». Nous tentons d’y déployer ce que permet cette notion dans différents espaces et sous différentes formes : que ce soit un texte issu d’une résidence à paraître prochainement dans la revue Agencements, un échange lors d’un colloque avec deux autres personnes depuis leurs propres pratiques ou encore cet épisode qui se veut une nouvelle étape de ce travail. Nous allons donc évidemment parler de récits, de barricades, mais aussi de magie, d’incantation, de partage, ou encore de Tony Blair et de MTV qui ont tué l’essor des sous-cultures. Rien que ça. Plus concrètement, dans une première partie nous continuons de tourner autour du « récit-barricade » pour vous le présenter sans en clore l’imaginaire. Dans un second temps, nous irons voir ce qu’il permet pour penser la manière dans les œuvres sont créées. Comment se propagent les savoirs et les créations ou au contraire comment celles-ci se trouvent verrouillées ou récupérées et comment existerait ainsi deux manières de penser la création. Pour finalement ne pas rester sur un constat pessimiste et proposer des ouvertures et interstices qui redonnent à voir comment tout se rejoue et ce depuis nos propres pratiques.

Aujourd’hui j’ai pris le temps d’échanger avec Myriam Suchet autour de son livre L’horizon est ici, paru aux éditions du commun. Nous revenons sur cette aventure éditoriale collective, nous dévoilons comment les proliférations et relations évoquées en sous-titre sont présentes autant dans la forme de son ouvrage que dès les premières étapes de sa conception. En s’inspirant du Talmud, un des textes fondamentaux du judaïsme, mais aussi de ses souvenirs d’enfance des repas de famille, nous avons exploré comment Myriam Suchet fait vivre les relations jusque dans la mise en forme des pages. Nous avons aussi questionné l’idée qui voudrait que « tout ai déjà été dit » en regardant ce qui fait que cet ouvrage est bien plus qu’une simple accumulation de fiches de lecture. Nous avons exploré les relations au territoire, où comment les textes imprimés font prolifération depuis un photocopieur mutualisé ou par des formes de publication plus spontanées et ouvertes comme les fanzines et autres objets agrafés-pliés. Ce qui nous a finalement amené à ses derniers travaux qui, en prenant le S de Français comme une marque de pluriel, tentent de faire entendre les relations jusque dans les langues.

Pour ce premier épisode je suis allé à la rencontre de Caroline Drieu pour revenir sur son travail de Master, autoédité sous la forme d’un fanzine++ et intitulé 𝘚𝘩𝘢𝘳𝘪𝘯𝘨 𝘊𝘢𝘳𝘪𝘯𝘨 𝘓𝘦 𝘋𝘑-𝘪𝘯𝘨 𝘢𝘶 𝘴𝘦𝘳𝘷𝘪𝘤𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘢𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘢𝘨𝘦. Nous y avons évoqué son métier de DJ, sa pratique de digging et son approche plasticienne du mix. C’était l’occasion de parler d’archive, de transmission, de partage, de lien et de sens (éthique) à donner à ses pratiques de gold digger ou chercheur.euse d’or, quelles soient de DJ, de libraire, de chercheur.se ou d’éditeur.ice.
J’espère que cet échange résonnera avec vos propres espaces et pratiques, j’accueille avec plaisir vos retours et réflexions.