4 min

Confettis Polaroid 41

    • Relazioni interpersonali

http://polaroid41.com/confettis/

Lundi 16 Novembre 2020, 15h31.

Huit heure trente, je suis en train d’essuyer les cheveux de ma fille avant de les sécher. On se marre bien, comme d’habitude. Ses cheveux sont longs et denses, il va falloir à nouveau y consacrer dix minutes. Je râle un peu parce que je trouve qu’elle a passé trop de temps sous la douche, et puis elle aurait pu les laver hier soir ses cheveux comme ses deux sœurs, mais en vrai j’aime ça.

J’aime sécher les cheveux de mes filles et les coiffer. Je sais bien que ça peut paraître étrange, moi qui suis à peu près aussi chevelu qu’un galet, mais j’ai toujours aimé ça. J’ai même été élu champion de la queue de cheval à l’unanimité par mes filles l’an dernier, devançant de très loin ma chérie. C’est normal puisque j’aime ça. Je m’applique.

Donc, le séchage et le coiffage : on se raconte toutes sortes d’âneries, on se lance dans des imitations ratées, ou on chante à tue-tête des chansons dont on ignore les paroles. J’en profite pour frictionner énergiquement leurs têtes, oreilles comprises. Elles protestent, sortent finalement victorieuses de cette torture avec le visage écarlate, et on se marre. Ensuite c’est l’épreuve du sèche-cheveux et enfin le brossage, oreilles comprises là aussi, juste pour avoir le plaisir de les entendre râler.

_ “Et voilà, tu sens bon, tu es propre, file t’habiller dans ta chambre, on va finir par être en retard !”

Soit la victime file dans sa chambre sans broncher, parce qu’au final elle se trouve jolie avec ses nouveaux cheveux qui sentent bon, soit j’ai droit à quelques représailles pour avoir abusé de ma position d’apprenti coiffeur. On me pince, on menace de me faire subir la même chose, “_ ah ben non zut c’est nul toi t’as même pas de cheveux”, et finalement là encore on se marre.

Ce matin, donc, pendant que je torturais Anouk, je repensais à une phrase d’Alexandre Vialatte.

Il y a quatre ans j’ai créé un spectacle sur cet auteur génial et une amie m’a fait savoir par mail hier soir que ses chroniques étaient remises en lumière par le journal La Montagne, à l’occasion du confinement. Il faut dire que le monsieur a écrit neuf cent chroniques pour ce journal à raison d’une par semaine, ce qui représente à peu près vingt ans de sa vie.

J’ai cliqué sur le lien et j’ai lu la première phrase Le bonheur date de la plus haute antiquité. Il est quand même tout neuf car il a peu servi.

Une pure Vialatterie comme disent les inconditionnels. Ce qu’il y a de bien avec ce type d’écrivains c’est qu’ils nous offrent la beauté, la poésie et la sensation d’être intelligent, tout ça rien qu’en les lisant.

...

Polaroid et texte intégral disponible sur: http://polaroid41.com/confettis/

http://polaroid41.com/confettis/

Lundi 16 Novembre 2020, 15h31.

Huit heure trente, je suis en train d’essuyer les cheveux de ma fille avant de les sécher. On se marre bien, comme d’habitude. Ses cheveux sont longs et denses, il va falloir à nouveau y consacrer dix minutes. Je râle un peu parce que je trouve qu’elle a passé trop de temps sous la douche, et puis elle aurait pu les laver hier soir ses cheveux comme ses deux sœurs, mais en vrai j’aime ça.

J’aime sécher les cheveux de mes filles et les coiffer. Je sais bien que ça peut paraître étrange, moi qui suis à peu près aussi chevelu qu’un galet, mais j’ai toujours aimé ça. J’ai même été élu champion de la queue de cheval à l’unanimité par mes filles l’an dernier, devançant de très loin ma chérie. C’est normal puisque j’aime ça. Je m’applique.

Donc, le séchage et le coiffage : on se raconte toutes sortes d’âneries, on se lance dans des imitations ratées, ou on chante à tue-tête des chansons dont on ignore les paroles. J’en profite pour frictionner énergiquement leurs têtes, oreilles comprises. Elles protestent, sortent finalement victorieuses de cette torture avec le visage écarlate, et on se marre. Ensuite c’est l’épreuve du sèche-cheveux et enfin le brossage, oreilles comprises là aussi, juste pour avoir le plaisir de les entendre râler.

_ “Et voilà, tu sens bon, tu es propre, file t’habiller dans ta chambre, on va finir par être en retard !”

Soit la victime file dans sa chambre sans broncher, parce qu’au final elle se trouve jolie avec ses nouveaux cheveux qui sentent bon, soit j’ai droit à quelques représailles pour avoir abusé de ma position d’apprenti coiffeur. On me pince, on menace de me faire subir la même chose, “_ ah ben non zut c’est nul toi t’as même pas de cheveux”, et finalement là encore on se marre.

Ce matin, donc, pendant que je torturais Anouk, je repensais à une phrase d’Alexandre Vialatte.

Il y a quatre ans j’ai créé un spectacle sur cet auteur génial et une amie m’a fait savoir par mail hier soir que ses chroniques étaient remises en lumière par le journal La Montagne, à l’occasion du confinement. Il faut dire que le monsieur a écrit neuf cent chroniques pour ce journal à raison d’une par semaine, ce qui représente à peu près vingt ans de sa vie.

J’ai cliqué sur le lien et j’ai lu la première phrase Le bonheur date de la plus haute antiquité. Il est quand même tout neuf car il a peu servi.

Une pure Vialatterie comme disent les inconditionnels. Ce qu’il y a de bien avec ce type d’écrivains c’est qu’ils nous offrent la beauté, la poésie et la sensation d’être intelligent, tout ça rien qu’en les lisant.

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Polaroid et texte intégral disponible sur: http://polaroid41.com/confettis/

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