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Polynésie : la plus grande épopée maritime d’avant l’ère moderne Un Jour dans l'Histoire

    • 歴史

Nous sommes le 15 novembre 1766, à Nantes. Louis-Antoine de Bougainville, officier de marine, se voit confié par le roi Louis XV, passionné de géographie, le commandement du premier grand voyage scientifique français. La France est en quête de prestige, il lui faut réaffirmer sa puissance face aux autres acteurs géopolitiques de premier plan, comme la Grande-Bretagne. Bougainville reçoit des instructions aussi précises que les connaissances de l’époque le permettent. Ainsi : « En traversant pour se rendre en Chine, il reconnaîtra dans l’océan Pacifique, autant et du mieux qui lui sera possible, les terres gisantes entre les Indes et la côte occidentale de l’Amérique (...). Comme aucune nation européenne n’a ni établissement ni droit sur ces terres, il ne peut être que très avantageux pour la France de les reconnaître et d’en prendre possession si elles peuvent offrir des objets utiles à son commerce et à sa navigation. (...) Le sieur de Bougainville en examinera les terres, les arbres et les principales productions ; il rapportera des échantillons et des dessins de tout ce qu’il jugera pouvoir mériter attention. » Bougainville met le cap jusqu’aux Malouines, puis s’engage dans le détroit de Magellan avant de parvenir au Pacifique. L’équipage navigue, comme le rapporte, l’explorateur, « au milieu d’îles basses et en partie noyées ». « J’ai nommé l’Archipel dangereux, cet amas d’îles dont nous en avons vu onze, et qui sont probablement en plus grand nombre (…) Parmi ces îles, le marin évoque Tahiti : « Nous courions à pleines voiles vers la terre ( … ), lorsque nous aperçûmes une pirogue qui venait du large et voguait vers la côte, se servant de sa voile et de ses pagaies. Elle nous passa de l’avant et se joignit à une infinité d’autres qui, de toutes les parties de l’île, accouraient au-devant de nous. L’une d’elles précédait les autres ; elle était conduite par douze hommes nus, qui nous présentèrent des branches de bananier, et leurs démonstrations attestaient que c’était là le rameau de l’olivier. Nous leur répondîmes par tous les signes d’amitié dont nous pûmes nous aviser ; alors ils escortèrent le navire, et l’un d’eux, remarquable par son énorme chevelure, hérissée en rayons, nous offrit, avec son rameau de paix, un petit cochon et un régime de bananes. Nous acceptâmes son présent qu’il attacha à une corde qu’on lui jeta. Nous lui donnâmes des bonnets et des mouchoirs, et ces présents furent le gage de notre alliance avec ce peuple (…) Je me croyais transporté, ajoute-t-il, dans le jardin d’Eden ; nous parcourions une plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraîcheur délicieuse, sans aucun des inconvénients qu’entraîne l’humidité. Un peuple nombreux y jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui. Nous trouvions des troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers ; tous nous saluaient avec amitié ; ceux que nous rencontrions dans les chemins se rangeaient pour nous laisser passer ; partout nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur. » Quelques années plus tard, l’encyclopédiste Denis Diderot mettra en doute la vision idéalisée de Bougainville. Alors qu’en est-il exactement ? Pagayons, pagayons vers la Polynésie… Notre invité est Nicolas Cauwe, conservateur de la section Océanie des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, directeur de la classe des Sciences humaines de l’Académie royale des Sciences d’Outre-Mer. Il a dirigé l’ouvrage collectif "Trésors de Polynésie" paru aux éditions du CEDARC. Une exposition du même nom est aussi à découvrir au Musée du Malgré-Tout, à Treignes.
Merci pour votre écoute

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Nous sommes le 15 novembre 1766, à Nantes. Louis-Antoine de Bougainville, officier de marine, se voit confié par le roi Louis XV, passionné de géographie, le commandement du premier grand voyage scientifique français. La France est en quête de prestige, il lui faut réaffirmer sa puissance face aux autres acteurs géopolitiques de premier plan, comme la Grande-Bretagne. Bougainville reçoit des instructions aussi précises que les connaissances de l’époque le permettent. Ainsi : « En traversant pour se rendre en Chine, il reconnaîtra dans l’océan Pacifique, autant et du mieux qui lui sera possible, les terres gisantes entre les Indes et la côte occidentale de l’Amérique (...). Comme aucune nation européenne n’a ni établissement ni droit sur ces terres, il ne peut être que très avantageux pour la France de les reconnaître et d’en prendre possession si elles peuvent offrir des objets utiles à son commerce et à sa navigation. (...) Le sieur de Bougainville en examinera les terres, les arbres et les principales productions ; il rapportera des échantillons et des dessins de tout ce qu’il jugera pouvoir mériter attention. » Bougainville met le cap jusqu’aux Malouines, puis s’engage dans le détroit de Magellan avant de parvenir au Pacifique. L’équipage navigue, comme le rapporte, l’explorateur, « au milieu d’îles basses et en partie noyées ». « J’ai nommé l’Archipel dangereux, cet amas d’îles dont nous en avons vu onze, et qui sont probablement en plus grand nombre (…) Parmi ces îles, le marin évoque Tahiti : « Nous courions à pleines voiles vers la terre ( … ), lorsque nous aperçûmes une pirogue qui venait du large et voguait vers la côte, se servant de sa voile et de ses pagaies. Elle nous passa de l’avant et se joignit à une infinité d’autres qui, de toutes les parties de l’île, accouraient au-devant de nous. L’une d’elles précédait les autres ; elle était conduite par douze hommes nus, qui nous présentèrent des branches de bananier, et leurs démonstrations attestaient que c’était là le rameau de l’olivier. Nous leur répondîmes par tous les signes d’amitié dont nous pûmes nous aviser ; alors ils escortèrent le navire, et l’un d’eux, remarquable par son énorme chevelure, hérissée en rayons, nous offrit, avec son rameau de paix, un petit cochon et un régime de bananes. Nous acceptâmes son présent qu’il attacha à une corde qu’on lui jeta. Nous lui donnâmes des bonnets et des mouchoirs, et ces présents furent le gage de notre alliance avec ce peuple (…) Je me croyais transporté, ajoute-t-il, dans le jardin d’Eden ; nous parcourions une plaine de gazon, couverte de beaux arbres fruitiers et coupée de petites rivières qui entretiennent une fraîcheur délicieuse, sans aucun des inconvénients qu’entraîne l’humidité. Un peuple nombreux y jouit des trésors que la nature verse à pleines mains sur lui. Nous trouvions des troupes d’hommes et de femmes assises à l’ombre des vergers ; tous nous saluaient avec amitié ; ceux que nous rencontrions dans les chemins se rangeaient pour nous laisser passer ; partout nous voyions régner l’hospitalité, le repos, une joie douce et toutes les apparences du bonheur. » Quelques années plus tard, l’encyclopédiste Denis Diderot mettra en doute la vision idéalisée de Bougainville. Alors qu’en est-il exactement ? Pagayons, pagayons vers la Polynésie… Notre invité est Nicolas Cauwe, conservateur de la section Océanie des Musées Royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, directeur de la classe des Sciences humaines de l’Académie royale des Sciences d’Outre-Mer. Il a dirigé l’ouvrage collectif "Trésors de Polynésie" paru aux éditions du CEDARC. Une exposition du même nom est aussi à découvrir au Musée du Malgré-Tout, à Treignes.
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