L'Heure H La Première (RTBF)

La soirée du 22 juin 1963 est particulièrement chaude. A tous les égards. Nous sommes sur la place de la Nation, en plein cœur de Paris. L’équipe de Salut les Copains a décidé d’organiser un concert géant pour célébrer le premier anniversaire du magazine éponyme. Sur place, les organisateurs sont débordés. C’est la cohue. Ils attendaient au mieux 20 000 jeunes, en voilà 150 000. L’ambiance est incroyable. Irréelle. Marianne, qui trône sur l’espace, semble totalement noyée sous le nombre. Des blousons noirs et leurs cigarettes, des jeunes ados en compagnie de leurs parents, quelques rockeurs, tous attendent un seul homme. Enfin, un couple. Sylvie Vartan d’un côté, Johnny Hallyday de l’autre. Dans quelques instants, il fera son entrée sur scène. Le service de sécurité perd pied, la situation est en passe de devenir incontrôlable. Et la foule, elle, attend son DIEU, et l’appelle d’une seule voix : JOHNNY, JOHNNY, JOHNNY.

18 août 1590, 14h30. CROATOAN. Huit lettres gravées avec empressement et force dans la chair d’un arbre qui se dresse aux abords de la colonie. S’il avait pu imaginer un retour pareil … John White, le gouverneur de cette colonie en terre indienne, est de retour d’Angleterre, après une absence longue de trois ans. Il est désabusé. La tempête au-dessus de sa tête n’est pas encore passée. L’orage menace et le bruit du tonnerre, déjà, s’immisce dans le paysage sonore. Ses hommes autour de lui, leurs armes en évidence, ont des yeux de bêtes apeurées. Les cuirasses de leurs uniformes chantent au contact des gouttes de pluie. L’homme en charge, loin de se laisser distraire par les éléments qui s’apprêtent à se déchainer, frise sa moustache. Il n’arrive pas à comprendre. Ni le sens de ce mot CROATOAN, ni les raisons qui ont conduit à la catastrophe qui se déroule sous son regard désabusé. Tout le monde a disparu.

Notre histoire d’aujourd’hui débute le 5 mai 1957 à Hexham, dans le Northumberland anglais. Une petite bourgade charmante, qui se dresse là depuis des siècles, et qui fait partie intégrante d’un patrimoine national riche et prospère. Depuis 5 ans, la reine Elizabeth II règne sur un royaume prospère, dans lequel les retombées positives de la victoire de 1945 sur l’Ogre Nazi se font encore ressentir. Sur les trottoirs pavés d’Hexham, trois enfants, sur le perron d’une maison de la vieille ville, embrassent leurs parents. Ils vont, tous les trois, à l’église. Nous sommes dimanche matin, et s’ils partent peu de temps avant leurs parents, c’est que le prêtre leur a proposé de prendre part à l’office avec lui. Un privilège. Le soleil brille, les arbres qui jalonnent les rues et les parcs renaissent depuis l’apparition de ce printemps revigorant. Les oiseaux chantent et les trois jeunes gens qui se tiennent la main courent en chantant vers la maison de Dieu. Ils n’y arriveront jamais. Le bonheur n’est jamais qu’un voile qui adoucit la réalité du monde. Sordide, froide.

Il est 8h. Nous sommes à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville du Mans, près de la paroisse de Souligné. Ce matin du 25 novembre 1573 se préparent les noces de Françoise de Maridor. Dans cette région qui compose le berceau de sa famille. Au calendrier de l’Histoire, nous sommes dans la seconde moitié du 16ème siècle. Une période où le Royaume de France traverse la pire tourmente de son destin. Ce que les spécialistes nomment les guerres de religion, ou mieux les guerres civiles. Ou les deux à la fois. Déjà ce mariage est à l’image de son temps : la famille de la future mariée est protestante, et Françoise va épouser un propriétaire catholique, Jean de COME (Coësmes), baron de Lucé. Dans la noblesse, ce genre d’unions entre gens de croyances différentes est fréquent. Les Maridor ont de la fortune et un statut qui les distingue : Anne, la mère, et Olivier, le père, sont attachés à la cour de la sévère Jeanne d’Albret, mère du futur Henri IV. Anne en tant que dame d’honneur, Olivier comme écuyer tranchant. Le père, parlons-en : il représente le type même du seigneur du XVIe siècle : mi-gentilhomme, mi-soudard. Cette période de conflits a fini par ôter à ce genre de personnes tout scrupule. Et il n’est pas le seul. Les hommes de ce rang tuent quiconque semble n’être pas de leur avis, presque avec désinvolture, souvent en toute impunité, pour un oui, pour un non. Sous prétexte de défendre leur religion, ils suppriment volontiers ceux qui les gênent !

Nous sommes le samedi 7 juillet 2018. Il est 15 heures au château de Valençay, au cœur de l’Indre, un département rural français du centre de la France. Antoine est en retard. Le jeune homme, qui porte son uniforme réglementaire, autrement dit, pantalon noir et chemise noire, attrape les clés qui l’intéressent et sort en trombes de l’accueil du château. Il se dirige vers la boutique, située un peu plus loin, qui est le point de ralliement de sa visite du jour. D’une voix forte, il réunit son groupe autour de lui. Aujourd’hui, ensemble, ils vont découvrir un trésor...

Nous sommes le 24 janvier 1848, aux Etats-Unis, plus précisément en Californie. Il est environ 14 heures. James Marshall, un ouvrier travaillant sur la propriété du suisse Johann Sutter, est attelé à la réparation d'un moulin à eau, lorsque soudain, il découvre des pépites d'or mélangées à des cailloux. Sa trouvaille va déclencher une guerre, susciter la première « ruée vers l'or » du continent nord-américain, accélérer le peuplement de l'Ouest américain et le développement vertigineux d’une jeune nation. Si sa découverte va créer un véritable séisme et des mouvements de populations jamais vu jusqu’alors, elle va aussi donner naissance à des épopées mythiques ! Elle va propulser au-devant de la scène de grands chefs indiens tels que Sitting Bull, Crazy Horse, Cochise, et Geronimo - entre autres. Elle va créer les grandes légendes de l’Ouest américain. Billy the Kid, Butch Cassidy, les frères Dalton, Jessie James, Buffalo Bill. Autant de légendes parmi lesquelles se trouve aussi une femme : Calamity Jane. Une figure qui va traverser cette seconde partie de 19èmee siècle, en y laissant une trace indélébile. Au point de devenir un mythe.