Naïma Lozano - Le Lancement du disque, Étienne-Jules Marey À vos arts, prêts... Partez ! - Radio Campus Paris

    • Music Commentary

Bonjour, je m’appelle Naïma, et je vais vous parler de photos, de mouvement et de lancer de disque.

Je me trouve ici devant une planche d’Étienne-Jules Marey, comprenant deux séries en noir et blanc de seize petites photographies, disposées dans la hauteur, en frise. On y voit un lanceur de disque quasi nu, en pleine action dont le mouvement est décomposé sur ces trente-deux clichés. Il tourne sur lui-même en tenant fermement le disque dans sa main droite. En équilibre sur une jambe, le bras droit tendu, il lâche le disque qui disparaît du cadrage de la dernière photo de la série.  
Bien avant l’invention des GIF, ces images numériques animées, qu’on retrouve sur les réseaux sociaux, Étienne-Jules Marey invente un procédé à partir d’un fusil photographique qui lui permet de décomposer le mouvement en plusieurs photographies.  
Il s’agit d’un appareil muni d’une crosse, semblable à celle d’un fusil traditionnel, qui lui permet de prendre plusieurs photographies. C’est l’invention de la chronophotographie. Ce qui en fait aussi l’un des pionniers du cinéma. Les frères Lumière doivent partager le mérite ! 
Mais si Marey est aujourd’hui surtout connu pour ses photographies, c’est avant tout un médecin et chercheur, passionné par l’étude du mouvement animal et humain. Il incorpore la photographie à son travail scientifique afin d’enregistrer ce que l’œil ne voit pas. À la même époque aux États-Unis, Eadweard Muybridge décompose lui aussi le mouvement de chevaux au galop grâce à des procédés similaires.  
Les compétitions sportives de l’Exposition Universelle de 1900 lui offrent un vaste champ d’expérimentation. Il y observe des athlètes en situation dynamique pour étudier les caractéristiques physiologiques de leur performance. En 1900, l’année où Marey réalise cette épreuve, le contexte des Jeux Olympiques est un peu différent. Les concours sportifs de l'Exposition Universelle qui a lieu cette année-là à Paris, font office de Jeux Olympiques.  
Bien qu’elles participent avant tout d’une ambition scientifique, ces séquences photographiques sont pour moi porteuse d’une force poétique, qui me touche particulièrement. En arrêtant le temps et le mouvement, Marey nous donne à voir l’invisible. Malgré elles, ces images célèbrent la beauté éphémère du geste humain dans une esthétique qui transcende leur intention scientifique initiale.  
Le Lancement du disque, Étienne-Jules Marey, 1900, quatre chronophotographies sur pellicules souples, 35 par 5,6 centimètres par bande, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. 

Texte et voix : Naïma Lozano
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat

Bonjour, je m’appelle Naïma, et je vais vous parler de photos, de mouvement et de lancer de disque.

Je me trouve ici devant une planche d’Étienne-Jules Marey, comprenant deux séries en noir et blanc de seize petites photographies, disposées dans la hauteur, en frise. On y voit un lanceur de disque quasi nu, en pleine action dont le mouvement est décomposé sur ces trente-deux clichés. Il tourne sur lui-même en tenant fermement le disque dans sa main droite. En équilibre sur une jambe, le bras droit tendu, il lâche le disque qui disparaît du cadrage de la dernière photo de la série.  
Bien avant l’invention des GIF, ces images numériques animées, qu’on retrouve sur les réseaux sociaux, Étienne-Jules Marey invente un procédé à partir d’un fusil photographique qui lui permet de décomposer le mouvement en plusieurs photographies.  
Il s’agit d’un appareil muni d’une crosse, semblable à celle d’un fusil traditionnel, qui lui permet de prendre plusieurs photographies. C’est l’invention de la chronophotographie. Ce qui en fait aussi l’un des pionniers du cinéma. Les frères Lumière doivent partager le mérite ! 
Mais si Marey est aujourd’hui surtout connu pour ses photographies, c’est avant tout un médecin et chercheur, passionné par l’étude du mouvement animal et humain. Il incorpore la photographie à son travail scientifique afin d’enregistrer ce que l’œil ne voit pas. À la même époque aux États-Unis, Eadweard Muybridge décompose lui aussi le mouvement de chevaux au galop grâce à des procédés similaires.  
Les compétitions sportives de l’Exposition Universelle de 1900 lui offrent un vaste champ d’expérimentation. Il y observe des athlètes en situation dynamique pour étudier les caractéristiques physiologiques de leur performance. En 1900, l’année où Marey réalise cette épreuve, le contexte des Jeux Olympiques est un peu différent. Les concours sportifs de l'Exposition Universelle qui a lieu cette année-là à Paris, font office de Jeux Olympiques.  
Bien qu’elles participent avant tout d’une ambition scientifique, ces séquences photographiques sont pour moi porteuse d’une force poétique, qui me touche particulièrement. En arrêtant le temps et le mouvement, Marey nous donne à voir l’invisible. Malgré elles, ces images célèbrent la beauté éphémère du geste humain dans une esthétique qui transcende leur intention scientifique initiale.  
Le Lancement du disque, Étienne-Jules Marey, 1900, quatre chronophotographies sur pellicules souples, 35 par 5,6 centimètres par bande, Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. 

Texte et voix : Naïma Lozano
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat