Linguistique générale - Luigi Rizzi

Linguistique générale - Luigi Rizzi

Les enseignements (cours et séminaire) liés à la chaire Linguistique générale portent sur les modèles théoriques du langage, ainsi que sur l'analyse comparative des structures linguistiques. Suivant une longue tradition d'études en linguistique générale, la recherche actuelle présentée dans les enseignements concerne à la fois l'invariance, les propriétés générales du langage humain, et la variation possible entre les langues. L'emphase portera tantôt sur la nature des principes universels qui régissent la structure du langage, tantôt sur les mécanismes responsables de la variation, avec une référence particulière aux modèles paramétriques. Le noyau central de l'enseignement sera consacré à l'analyse des structures syntaxiques, objets complexes qu'il est important de cartographier de manière aussi détaillée que possible. Si l'articulation des structures peut atteindre un niveau de complexité considérable, les mécanismes générateurs fondamentaux sont, selon certains modèles actuels, d'une grande simplicité. Les enseignements abordent en parallèle les ingrédients de base du calcul syntaxique postulés par le minimalisme, les résultats des projets cartographiques, ainsi que les questions et les nouvelles directions que ces lignes de recherche ouvrent. L'étude de l'acquisition du langage peut éclairer l'analyse des structures linguistiques, et en même temps être inspirée de façon décisive par la théorie et la description de la grammaire adulte. Le développement du langage chez l'enfant sera donc un autre thème central des enseignements liés à la chaire. Ces enseignements se nourrissent des derniers développements de la recherche dans tous les domaines évoqués : la théorie de la syntaxe et la syntaxe comparative, les modèles paramétriques de la variation, la cartographie des structures, les mécanismes combinatoires, les effets de localité. Tous ces thèmes sont abordés, dans les recherches liées à la chaire Linguistique générale, du point de vue des systèmes linguistiques adultes, ainsi que dans la perspective de l'acquisition du langage.

  1. 6 NOV.

    Conférencier invité - Daniel Petit - La langue lituanienne : histoire et perspectives

    Luigi Rizzi Linguistique générale Collège de France Année 2024-2025 Conférencier invité - Daniel Petit La langue lituanienne : histoire et perspectives Daniel Petit École normale supérieure & École pratique des hautes études, Paris IDans le cadre de la Saison de la Lituanie en France, le professeur Luigi Rizzi a invité le professeur Daniel Petit pour une conférence sur la langue lituanienne afin de faire le point sur l'étude de cette langue dans l'Hexagone et ses perspectives. Cet événement est aussi l'occasion de mettre en lumière un partenariat entre le Collège de France et l'Ambassade de Lituanie en France. Suite au classement du fonds d'archives du professeur Antoine Meillet, un manuscrit portant sur les langues baltes, et plus précisément sur le lituanien, a été retrouvé. L'Ambassade a financé la numérisation de ce document qui va faire l'objet d'une étude approfondie par le professeur Daniel Petit. Cette conférence est donc aussi une forme d'introduction à ce futur travail. Invitée d'honneur : Madame Diana Nausėdienė, Première dame de Lituanie, ambassadrice de l'action éducative lituanienne dans le monde Résumé Depuis le XIXe siècle, la langue lituanienne, membre de la famille baltique au sein des langues indo-européennes, a attiré l'attention de nombreux linguistes en Europe de l'Ouest. Plusieurs voyages de collecte ethnographique et linguistique en Lituanie ont été entrepris par des linguistes aussi célèbres qu'August Schleicher (1821-1868), Karl Brugmann (1849-1919) et Ferdinand de Saussure (1857-1913). La découverte récente, au Collège de France, de notes prises vers 1920 par le linguiste Antoine Meillet (1866-1936) sur la langue lituanienne montre que cet intérêt s'est prolongé au-delà du XIXe siècle ; il se poursuit de fait encore aujourd'hui. L'objet de cette communication est de donner une présentation générale de la langue lituanienne, de sa position dans sa famille de langues et de ses principales caractéristiques linguistiques, afin d'expliquer pourquoi cette langue a autant attiré les linguistes. On abordera successivement trois aspects qui rendent le lituanien fascinant pour les linguistes : d'abord, son archaïsme linguistique, qui en fait la langue la plus conservatrice de toute la famille indo-européenne, à part égale avec les grandes langues anciennes que sont le grec, le latin et le sanskrit ; d'autre part, sa position aréale au carrefour des langues de la Baltique orientale, qu'elles soient indo-européennes (polonais, russe, allemand), ou non-indo-européennes (langues fenniques) ; enfin, sa singularité typologique, qui en fait un objet d'étude particu­lièrement fécond pour la linguistique générale. Programme Présentation par Monsieur l'Administrateur Thomas Römer Intervention de la Première dame de Lituanie, Mme Diana Nausėdienė Ouverture par Monsieur le Recteur de l'université de Vilnius, Rimvydas Petrauskas Introduction à la conférence par Monsieur le Professeur Luigi Rizzi Conférence par Monsieur Daniel Petit, Professeur à l'École normale supérieure, Directeur d'études à l'École pratique des hautes études Focus sur le fonds d'archives Antoine Meillet, par Ina Valintelyte

    1 h 33 min
  2. 21 JUIN

    Séminaire - Benjamin Spector : Les relatives d'ordre supérieur

    Luigi Rizzi Linguistique générale Collège de France Année 2023-2024 Syntaxe comparative Séminaire - Valentina Bianchi, Giuliano Bocci & Silvio Cruschina : Italian Wh-Questions at the Crossroads: Semantics, Syntax, and Prosody Intervenant(s) Benjamin Spector Institut Jean-Nicod, CNRS Résumé Il est généralement admis que les propositions relatives restrictives, comme « [qui sont rouges] » dans « les fruits [qui sont rouges] », dénotent des propriétés d'individus, qui peuvent s'appliquer à un objet et renvoyer le vrai ou le faux – dans cette analyse, « qui sont rouges » est synonyme de l'adjectif « rouges ». Je montrerai que cette thèse n'est pas vraie en toute généralité. Les relatives restrictives peuvent dénoter des propriétés de quantificateurs généralisés. Considérons ainsi la phrase « J'ai lu les livres que je devais lire ». Elle peut décrire une situation dans laquelle aucun livre ou ensemble spécifique de livres n'avait la propriété de devoir être lus par moi, mais où je devais lire, par exemple, un livre d'histoire pris dans une certaine liste prédéterminée, et deux romans russes également pris dans une liste prédéterminée, et où j'ai rempli cette obligation. Dans cet exemple « que je devais lire » ne dénote pas une propriété qui s'applique à un livre si ce livre doit être lu, car dans le scénario décrit, aucun livre n'a cette propriété, et néanmoins « les livres que je devais lire » ne produit pas d'échec référentiel. Je montrerai qu'on doit analyser une telle relative comme dénotant une propriété de second ordre, à savoir une propriété qui s'applique à un quantificateur généralisé, et je relierai ce fait à des faits déjà connus concernant l'interprétation des phrases interrogatives. Je montrerai en particulier que les « relatives de quantité » (« amount relatives ») sont un cas particulier de ces « relatives d'ordre supérieur », et je discuterai des restrictions syntaxiques qui semblent s'appliquer à la distribution de ces « relatives d'ordre supérieur » (y compris les « relatives de quantité »).

    52 min
  3. 18 JUIN

    Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : The View from CiCewa (Bantu): Towards a Cartography of Passive Voice(s) and Developing Terraling

    Luigi Rizzi Linguistique générale Collège de France Année 2023-2024 Colloque - Syntactic Cartography and African Languages : The View from CiCewa (Bantu): Towards a Cartography of Passive Voice(s) and Developing Terraling Colloque organisé par Luigi Rizzi, Professeur du Collège de France, chaire linguistique générale Avec le soutien de la Fondation du Collège de France. Hilda Koopman, UCLA In this talk, I will establish a cartography of Passive (and passive-like) Voice(s) for Chichewa (Bantu), use it to explore the observed crosslinguistic variation in passive constructions across languages, and implement the findings in a (pilot) comparative Terraling dataset for passive constructions that can serve as the basis for further current or future theoretical investigations. Like many Bantu languages, Chichewa has extensive verbal morphology, with both a postverbal applicative morpheme and two passive(-like) morphemes (Alsina & Mchombo (1990) [1], Alsina (1999) [2], Dubinsky & Simango (1996) [3]). The applicative morpheme -ir adds a variety of arguments/adjuncts to the verbal stem, not only goals or benefactives, but also instruments, or locative adjuncts. The stative morpheme (-ik) occurs in middles and potentials. The passive morpheme -idw occurs not only with canonical (agent-theme) and low oblique applicative passives, but also with non-canonical passive applicative constructions (instrumental, locative, ...). Applicative and statives/passive can co-ocur in different orders V-stat-Appl, but V-Appl-Pass, or V Pass Appl the latter restricted to Instrumental and locative applicatives. Various interactions determine the cartography of Passive-(like) Voice(s) in Chichewa. Passive Voice(s) and Applicative interact with the argument structure ("little" vP) and the hierarchy of "obliques"/ PPs/applicatives (Schweikert (2005) [4]; morpheme orders reflect the syntactic derivation and give insight into the order of operations; stative and passives occur in different regions in Cinque's functional hierarchy (Cinque (1999) [5]) etc. Taken together, this leads to a general cartography of Passive Voice(s), and the conclusion that not only stative, but also passive voice(s) in Chichewa can be merged at different heights in the hierarchical structure. Because Passive can be merged above Locative, Locative can be passivized. Because Passive can be merged below APPL, passive voice can be merged below Instrumental and Locative, and only themes can be passivized in this order. This investigation provides important insights into some fundamental theoretical questions. What is the element that introduces the external argument a (light)verb: little v? ("yes") or (Kratzerian) Voice ("no"), and where is it located (above locative adjuncts or below) ("both are attested")? What are the formal properties of Passive Voice: is (Passive) Voice ever involved in argument structure (assigning or reducing argument structure?). Or is it simply a vehicle, devoid of any semantic properties, that serves to map arguments on their syntactic positions ? We briefly explore how variation in height of Merge further leads to a new typology of passive-like constructions crosslinguistically, and show how to concretely implement the findings in the open crosslinguistic Terraling-dataset for passive-like constructions https://terraling.com/groups/13. Références [1] Alsina, Alex & Sam Mchombo. 1990. The syntax of applicatives in Chichewa: problems for a theta theoretic asymmetry. Natural Language and Linguistic Theory 8(4). 493–506. [2] Alsina, Alex. 1999. Where's the Mirror Principle? The Linguistic Review 16(1). 1–42. [3] Dubinsky, Stanley & Silvester Ron Simango. 1996. Passive and Stative in Chichewa: Evidence for Modular Distinctions in Grammar. Language 72(4). 749–793. [4] Schweikert, Walter. 2005. The order of prepositional phrases in the structure of the clause, vol. 83. John Benjamins Publishing. [5] Cinque, Guglielmo. 1999. Adverbs and

    59 min

À propos

Les enseignements (cours et séminaire) liés à la chaire Linguistique générale portent sur les modèles théoriques du langage, ainsi que sur l'analyse comparative des structures linguistiques. Suivant une longue tradition d'études en linguistique générale, la recherche actuelle présentée dans les enseignements concerne à la fois l'invariance, les propriétés générales du langage humain, et la variation possible entre les langues. L'emphase portera tantôt sur la nature des principes universels qui régissent la structure du langage, tantôt sur les mécanismes responsables de la variation, avec une référence particulière aux modèles paramétriques. Le noyau central de l'enseignement sera consacré à l'analyse des structures syntaxiques, objets complexes qu'il est important de cartographier de manière aussi détaillée que possible. Si l'articulation des structures peut atteindre un niveau de complexité considérable, les mécanismes générateurs fondamentaux sont, selon certains modèles actuels, d'une grande simplicité. Les enseignements abordent en parallèle les ingrédients de base du calcul syntaxique postulés par le minimalisme, les résultats des projets cartographiques, ainsi que les questions et les nouvelles directions que ces lignes de recherche ouvrent. L'étude de l'acquisition du langage peut éclairer l'analyse des structures linguistiques, et en même temps être inspirée de façon décisive par la théorie et la description de la grammaire adulte. Le développement du langage chez l'enfant sera donc un autre thème central des enseignements liés à la chaire. Ces enseignements se nourrissent des derniers développements de la recherche dans tous les domaines évoqués : la théorie de la syntaxe et la syntaxe comparative, les modèles paramétriques de la variation, la cartographie des structures, les mécanismes combinatoires, les effets de localité. Tous ces thèmes sont abordés, dans les recherches liées à la chaire Linguistique générale, du point de vue des systèmes linguistiques adultes, ainsi que dans la perspective de l'acquisition du langage.

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