Centrafrique: le manque de moyens des pompiers met la population en danger

Reportage Afrique

En cas d'incendies ou de catastrophes naturelles, certains habitants de dix arrondissements de Bangui doivent se débrouiller avec les moyens du bord, estimant que les sapeurs-pompiers manquent toujours à l'appel. Mis en cause, les responsables de ce service évoquent non seulement un manque cruel de moyens logistiques, de ressources humaines, mais aussi l'incivisme de certaines personnes qui empêchent cette entité de remplir sa mission régalienne. Reportage de notre correspondant qui a visité deux maisons incendiées au nord de la capitale.

L'état de la maison démontre l'intensité des flammes : lits, chaises, armoires, vêtements, appareils ménagers… Tout a été entièrement détruit, et parfois transformé en charbon. Éléonore est l'une des victimes : « C'est hier, pendant la nuit, que le feu s'est déclaré dans la maison. On n'en connait pas encore l'origine. On a essayé de l'éteindre, mais ça n'a pas marché. » À Bangui, capitale de la Centrafrique, certains habitants déplorent, ces dernières semaines, des dysfonctionnements dans le travail des agents de la protection civile.

En pleurs, Éléonore fouille dans les décombres, dans l'espoir de retrouver quelques objets importants, ayant résisté aux flammes : « Nous avons tout perdu, nos documents, nos diplômes, nos actes de naissance, notre argent. Ma fille a été asphyxiée, on l'a conduite à l'hôpital. »

Les flammes ont également consumé chaque recoin de la bâtisse de son voisin Paul, laissant derrière elles des cendres et des ruines fumantes : « Les flammes étaient indescriptibles. Il n'y a pas eu de victimes, mais le dégât matériel est grave. J'ai vainement tenté de contacter les unités de secours. Avec l'aide des voisins, nous avions utilisé du sable et de l'eau pour essayer d'éteindre le feu. »

De passage dans le secteur, Enock se gratte les sourcils et se souvient de ce qui était arrivé à sa fille. Âgée de 8 ans, elle était accidentellement tombée dans un puits d'environ cinq mètres : « Les conditions de travail des secouristes sont à revoir. Après 1 000 tentatives, nous avions eu en ligne une unité de la protection civile qui ne pouvait pas intervenir. Ils ont évoqué un manque de carburant et des pannes de véhicules. Ma fille a finalement perdu la vie. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. »

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Pour comprendre ces dysfonctionnements, visite de la direction générale de la protection civile. C'est l'heure du grand rassemblement et des derniers préparatifs pour ces agents avant de regagner leur poste. Thomas Djimasse, directeur de la protection civile, confie :

« Le gouvernement vient d'intégrer 150 sapeurs-pompiers supplémentaires qui seront déployés dans les 20 préfectures, c'est un effort à saluer. Nous avons déjà remis en ligne tous nos numéros d'urgence, à savoir le 10-10, le numéro 118 et le 12-12. On peut nous contacter sur tous ces numéros. Maintenant, il faudrait que les éléments soient équipés. J'appelle les partenaires techniques et financiers de la RCA de nous appuyer. Nous avons déjà la promesse de l'ambassade de France pour reprendre sa coopération avec la protection civile. »

En attendant de trouver une solution définitive, dans certains quartiers de la capitale, les habitants s'organisent pour palier aux manques.

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