Les rendez-vous de Philopop

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Les rendez-vous de Philopop

Les Rendez-vous de Philopop avec Didier Carsin

  1. DEC 15

    Les Rendez-vous de Philopop - La Superstition

    Les Rendez-vous de PHILOPOP- émission du 15-12- 2024 La superstition C'est une croyance qui interprète des événements comme des signes exprimant une intention surnaturelle, et détermine une conduite appropriée (prières, offrandes, sacrifices, rites) pour infléchir en sa faveur les puissances surnaturelles (qu'il s'agisse d'un Dieu ou des dieux) 1- Superstition et hasard a- Pour le superstitieux, la mort tragique d'un homme tué par une tuile qui tombe d'un toit ne résulte pas de la rencontre fortuite de séries de causes indépendantes (définition rationnelle du hasard par Cournot), mais d'une intention surnaturelle (exemple tiré de l'appendice de la 1ère partie de l'Ethique de Spinoza, 1677, et dans L'Essai sur les fondements de la connaissance et sur les caractères de la critique philosophique de Cournot, 1851) b- b- Le hasard, notion dont la source est superstitieuse, témoigne de notre pensée primitive: "Le hasard est le mécanisme se comportant comme s'il avait une intention" (Deux sources de la morale et de la religion, H. Bergson, 1932) 2- Les causes de la superstition et l'explication de la formation des interprétations superstitieuses a- La superstition naît de l'incertitude de l'avenir et est engendrée par la crainte (Préface du Traité théologico-politique de Spinoza, 1670). L'exemple d'Alexandre le Grand. b- La formation imaginaire des présages et des prodiges c- Par les prodiges, les hommes imaginent que Dieu (ou les dieux) intervient comme une volonté analogue à la leur (anthropomorphisme), en produisant des événements qui leur sont favorables ou défavorables (anthropocentrisme). D'où le problème pratique de la superstition comment faire pour gagner la faveur divine ? 3- Les conséquences intellectuelles, morales et politiques de la superstition a- Elle entraîne une mentalité obscurantiste qui favorise l'intolérance et fait le lit du despotisme : la haine de la raison et le rejet de toute réflexion critique. Le besoin de certitude et l'intolérance b- Sous "couleur de religion", la superstition est le moyen le plus efficace d'assurer la domination d'un gouvernement despotique, quand elle est stabilisée et canalisée par l'institution d'un culte 4- Superstition et religion Est-elle une perversion de la croyance religieuse ou doit-on identifier toute forme de croyance religieuse à la superstition ? - La croyance est une conviction subjective, l'assentiment à un contenu qu'elle ne peut justifier objectivement. La superstition religieuse est une croyance aux signes de ce contenu (reliques, miracles, rituels etc...) qui prétend s'ériger en savoir (elle est une illusion) - Croire à la révélation, est-ce être superstitieux ? Religions révélées et religion naturelle. Bibliographie: - Appendice de la 1ère partie de l'Ethique et la Préface du Traité théologico-politique de Spinoza - Deux sources de la morale et de la religion de Bergson (chapitre II) - Critique de la raison pure ("De l'opinion, de la science et de la foi"), et La Religion dans les limites de la simple raison (4ème partie, 2ème section) de Kant. - Pour lire et comprendre la Préface du Traité théologico-politique de Spinoza, cette conférence- vidéo de PHILOPOP avec son plan : https://www.youtube.com/watch?v=GhKDrRiKplk

    49 min
  2. JUN 16

    Les Rendez-vous de Philopop - Le Temps

    Les Rendez-vous de PHILOPOP, émission du 16 juin 2024 Le Temps Que le temps passe, c'est là un fait aussi évident que mystérieux qui est l'objet de la réflexion du philosophe H. Bergson (1859- 1941) tout au long de son oeuvre. En quoi consiste ce passage? Pour le comprendre, nous lirons surtout le 2ème chapitre de son 1er grand ouvrage, Les données immédiates de la conscience (1889). Mais pour être en mesure de le saisir,  il faut d'abord se libérer de la représentation spatialisante que nous en procure notre intelligence, et comprendre pourquoi elle a besoin de nier sa réalité pour connaitre et expliquer les choses.  1- La critique de la spatialisation du temps a- La transformation du temps réel (la durée) en espace b- L'intelligence a besoin d'immobilité 2- Comment accéder au temps réel (la durée)? a- Il y a deux conceptions possibles de la durée: l'une "pure de tout mélange", l'autre "où intervient subrepticement l'idée d'espace" b- L'exemple des sons successifs d'une cloche: "ou bien je me propose explicitement de les compter" (compter, c'est dissocier et spatialiser), ou bien, "je me borne à recueillir l'impression pour ainsi dire qualitative que leur nombre fait sur moi" 3- Les caractères de la durée pure a- Elle est "la forme que prend la succession de nos états de conscience quand notre moi se laisse vivre et s'abstient d'établir une séparation entre l'état présent et les états antérieurs" b- L'activité de la mémoire constitue la durée en fondant les états de conscience les uns dans les autres et en les organisant en un tout indivisible (voir l'exemple d'une mélodie) c- La durée est une activité de synthèse par laquelle le passé est perpétuellement conservé et intégré dans le présent. Il n'y a pas de temps universel qui soit le même tous et qui constitue le cadre des expériences, si ce n'est par convention, pour les commodités de la vie sociale, mais il y a une pluralité de durées individuelles dont le rythme peut varier. 4- Qu'en est-il de notre identité personnelle (de notre "moi")?  a- La durée constitue notre moi; “le temps est l'étoffe de notre être” (Evolution créatrice, chapitre 1) - Si notre passé se conserve tout entier en nous, la mémoire ne peut pas être une faculté qui conserve et classe des souvenirs - C'est la continuité de la durée qui permet de comprendre que nous soyons libres et puissions faire surgir de la nouveauté imprévisible (l'idée d'une "création de soi") 5- Le temps n'existe-t-il que pour les êtres conscients?  - De l'expérience de la durée intérieure à l'affirmation de "l'élan vital" (Evolution créatrice, 1907) - L'"intuition de la durée"  Bibliographie: - Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), chapitre 2. - Evolution créatrice (1907), chapitre 1 - La Pensée et le Mouvant (1934)

    45 min
  3. APR 21

    Les Rendez-vous de Philopop - Qu'est ce que le pessimisme?

    Les Rendez-vous de PHILOPOP- émission du 21 avril 2024                              Qu'est-ce que le pessimisme ? Une lecture du Monde comme Volonté et comme Représentation de Schopenhauer (1819) Le pessimisme est ordinairement considéré comme la disposition d'esprit d'un homme qui voit tout en noir. S'agit-il seulement d'une vision de l'existence purement subjective qui est affaire d'humeur ou de tempérament ? Ou peut-on en donner des raisons objectives, comme le prétend Schopenhauer ? Cette émission vise à présenter sa démarche et à expliquer en quoi sa philosophie est un pessimisme. 1- Le pessimisme réfute toute vision théologique du monde qui conduit à réduire le mal à une apparence ou à un moyen de promouvoir le bien  a- C'est la rencontre du mal qui suscite l'interrogation philosophique, mais souvent les philosophes ont préféré relativiser son existence, en visant sa justification (optimisme métaphysique de Leibniz; philosophie de l'histoire de Hegel) b- La réfutation de l'optimisme de Leibniz (le monde "est le meilleur des mondes possibles"), doctrine illusoire reposant sur un théisme (affirmation d'un Dieu bon auteur du monde) et faisant un usage illégitime du principe de causalité (Dieu est considéré comme la cause première) c- L'argumentation du pessimisme opposée à l'optimisme: en quel sens Schopenhauer établit que le monde "est le pire des mondes possibles" 2- L'élucidation de l'origine du mal (de la souffrance): le "Vouloir" comme puissance universelle et aveugle constitutive de toute chose, la souffrance étant ainsi " le fond de toute vie" a- Le désir humain, manifestation de sa force aveugle qui s'éprouve comme "une soif inextinguible" qu'aucun objet désiré ne saurait combler b- Si désirer, c'est souffrir d'un manque, le plaisir n'en est que la délivrance passagère. Le bonheur "n'est rien que de négatif" c- L'ennui (nous n'avons rien à désirer) est une souffrance plus insupportable que celle que nous éprouvons quand des obstacles nous empêchent de satisfaire un désir. Il révèle le non-sens de l'existence humaine (un parallèle avec Pascal). 3- Se délivrer du Vouloir-vivre qui est la source du malheur de la vie a- La recherche du bonheur conduit au malheur tant qu'il est une course sans fin d’objets en objets.  b- Quel intérêt pratique peut avoir une philosophie pessimiste: la prise de conscience de la source du malheur de la vie c- La "négation du Vouloir-vivre" comme affranchissement du Vouloir-vivre et de la tyrannie des désirs Conclusion: Le pessimisme comme remède contre l'illusion optimiste qui expose au désespoir Bibliographie: 1- Le Monde comme Volonté et comme Représentation, d'Arthur Schopenhauer (1819) - 4ème partie: "La Volonté s'affirme, puis se nie", et Suppléments 17 ("Sur le besoin métaphysique de l'humanité")  et 56 ("De la vanité et des souffrances de la vie") 2- Pensée 126 de Pascal (édition Le Guern en Folio) 3- Essais de théodicée de Leibniz, en G/F 3- Candide, conte philosophique de Voltaire, particulièrement les chapitres 5 et 19

    58 min
  4. FEB 25

    Les Rendez-vous de Philopop - Colonialisme et Terrorisme : une confrontation entre Sartre et Camus

    Les situations historiques ne sont jamais identiques. Mais dans la mesure où l’enchaînement monstrueux des massacres qui ont lieu depuis cinq mois en Israël et à Gaza, nous y incite, il peut être utile de réfléchir à ce qu’ont écrit Sartre et Camus sur le colonialisme et le terrorisme et sur les raisons de leurs divergences à propos du drame algérien, à la fin des années 50. 1. Le désaccord entre Sartre et Camus sur l’avenir de l’Algérie a. Le rejet de la colonisation française. Quelques dates à rappeler : les massacres de Sétif en mai 1945, le déclenchement de l’insurrection armée par le FLN en novembre 1954, la proclamation de l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962. b. Pour Sartre, il n’y a pas d’autre solution que l’indépendance. Il accorde son soutien public aux militants du réseau Jeanson qui collectent et transportent des fonds et des faux papiers pour aider les nationalistes algériens. c. Camus veut croire encore à une réforme profonde du système colonial qui permette le maintien de l’Algérie française. 2. Une divergence d’analyse concernant le système colonial a. Camus dénonce ses injustices dans ses articles sur la « Misère de la Kabylie » parus dans le journal Alger républicain en 1939, et en appelle à une réforme sociale et économique pour réaliser une « Algérie pacifique et juste ». 3. Une divergence d’analyse et de jugement sur la nature et le rôle de la violence a. Sartre : la violence émancipatrice du colonisé Le système colonial a besoin d’engendrer de la haine pour se maintenir : haine raciste des colons pour les colonisés (qu’ils ont besoin de déshumaniser et d’invisibiliser) et haine des colonisés pour les colons La violence coloniale conduit à la révolte des colonisés. La violence revient ainsi en boomerang contre le colonisateur, le jour où la furie des colonisés ne peut plus être retenue et éclate (c’est le « temps des massacres », voir la préface de Sartre aux Damnés de la terre de Frantz Fanon, 1961) La violence insurrectionnelle des colonisés est le seul moyen pour eux de sortir « des ténèbres coloniales » et de s’émanciper b. Camus : le refus de la « casuistique du sang » (Chroniques algériennes) Que la violence soit parfois nécessaire, n’implique pas qu’on puisse en justifier le principe au nom d’une justice absolue, et en faire un usage indiscriminé pour frapper des civils innocents. Les analyses de Camus dans son Essai de 1951, L’Homme révolté : le « crime logique », le « principe de révolte » contre « l’esprit de révolution » On ne peut condamner la torture pratiquée par l’armée française et sa répression féroce menée contre les populations civiles sans condamner en même temps les attentats terroristes du FLN. Pour Camus, c’est l’engrenage des violences qu’il faut combattre, car il ne peut mener qu’à la destruction. Conclusion : Réfléchir sur ces deux références en cherchant à comprendre la critique que chacune d’elles peut adresser à l’autre. Mesurer combien leur usage médiatique se révèle souvent abusif (j’en donne un exemple pour Camus) Bibliographie : Situations, V chez Gallimard, recueil d’articles de Sartre dans lequel on peut trouver notamment « Le colonialisme est un système » et sa préface aux Damnés de la terre de Frantz Fanon L’homme révolté de Camus, collection Folio Chroniques algériennes de Camus, collection Folio

    47 min
  5. 12/17/2023

    Les Rendez-vous de Philopop : L’antisémitisme, le sionisme, la Palestine, l’Etat d’Israël, La réflexion de Hannah Arendt

    Les Rendez vous de PHILOPOP, émission du 17 décembre 2023 L’antisémitisme, le sionisme, la Palestine, l’Etat d’Israël, La réflexion de Hannah Arendt Face à l’horreur des massacres qui ravagent le Moyen Orient, il paraît utile de lire ou de relire l’œuvre de Hannah Arendt (1906- 1975). En tant que juive allemande, elle dut fuir l’Europe en 1941 et se réfugier aux Etats Unis, où elle prit la nationalité américaine en 1951. L’émission se propose d’examiner les raisons pour lesquelles H. Arendt fut sioniste et celles pour lesquelles elle cessa de l’être L’antisémitisme moderne et les impasses d’une émancipation purement individuelle (Sur l’antisémitisme) Pour comprendre pourquoi les Juifs se sont trouvés « au centre de la tourmente », il faut saisir la spécificité de l’antisémitisme moderne qui ne peut pas être confondu avec la haine des Juifs d’origine religieuse, et replacer son développement dans le cadre de l’Etat-nation en Europe aux XIX et XX èmes siècles. L’antisémitisme politique. Le sort des Juifs étant lié à l’existence de l’Etat-nation, son déclin les expose à l’antisémitisme qui les associe imaginairement à des liens financiers avec un Etat corrompu. L’antisémitisme social. Loin de se traduire dans les mœurs, l’égalité des conditions (qui résulte de l’émancipation juridique des Juifs) engendre un antisémitisme social. Plus les Juifs s’assimilent, plus leur différence fait problème, à mesure que leur identité juive devient moins visible. D’une identité religieuse, on passe à une identité raciale (un « type juif ») fantasmée par les antisémites. Le Juif est alors soumis à une injonction contradictoire : ne pas ressembler à un Juif tout en étant juif. Quels que soient ses efforts pour s’assimiler, le Juif est ramené à sa condition de « paria » et se trouve la proie de l’antisémitisme (« Que Dreyfus est coupable, je le conclus de sa race », écrivait l’écrivain antisémite Maurice Barrès) Du « paria » au réfugié apatride. La justification d’un Etat pour le peuple juif (L’impérialisme) Déchus de leur nationalité et de leur citoyenneté par l’Allemagne nazie (fin des années 30), les Juifs sont réduits à la condition de réfugiés apatrides : « Il semble qu’un homme qui n’est qu’un homme a précisément perdu les qualités qui permettent de le traiter comme leur semblable ». Le premier des droits d’un être humain doit être celui « d’avoir des droits » : cela ne signifie pas seulement des droits civils aux individus, mais cela implique aussi le droit pour un peuple à la liberté politique et à se constituer en nation dotée d’un Etat pour protéger ses droits (L’Etat d’Israël assure « l’établissement de droits humains ») Quelle doit être la structure du nouvel Etat en Palestine dont les Juifs ont besoin ? La rupture de H. Arendt avec le sionisme En quel sens il faut entendre, selon H. Arendt, l’idée d’un peuple juif Les critiques de H. Arendt à l’égard du mouvement sioniste auquel elle reproche de ne pas prendre en compte l’existence des Arabes Palestiniens et de vouloir imposer par la force la création d’un Etat national juif La fondation d’Etats-nations en Palestine risque de conduire au même échec auquel ont été conduits les Etats-nations d’Europe centrale après le démembrement de l’empire austro-hongrois en 1919. Elle risque de mener à une guerre sans fin (des minorités opprimées, et l’expulsion de populations : 750 000 Arabes palestiniens sont ainsi transformés en réfugiés, privés « du droit d’avoir des droits », comme l’étaient en Europe des centaines de milliers de Juifs à la fin des années 30). Contre la solution d’Etats-nations, H. Arendt préconise celle d’un Etat bi-national assurant des droits égaux aux Juifs et aux Arabes et organisé sur la base de conseils où ils régleraient ensemble les problèmes qu’ils ont en commun. Bibliographie : - Sur l’antisémitisme, 1er tome des Origines du totalitarisme (1951), de Hannah Arendt, collection Essais/Points, et L’Impérialisme, chapitre V : « Le déclin de

    48 min
  6. 10/29/2023

    Les Rendez-vous de Philopop - Les philosophes des Lumières face à la traite négrière et à l'esclavage colonial

    1- Pourquoi les Lumières sont-elles mises en question ? a- La reconnaissance assez récente des injustices du passé colonial: la Loi du 21 mai 2001, dite "Taubira", et, depuis le 10 mai 2006, célébration d'une "journée de commémoration nationale des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions" (1794 et 1848) b- Quelle position et quel rôle ont eu les philosophes des Lumières (on limitera le propos aux philosophes français parmi lesquels Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot...)? Ont-ils fermement combattu la traite et l'esclavage ou en ont-ils seulement condamné le principe au nom de l'universalité des droits, tout en en justifiant la pratique pour des motifs politiques et économiques ? c- Montesquieu (Livre XV de l' Esprit des Lois, 1748) est considéré comme le premier philosophe à avoir posé les principes théoriques de la dénonciation de l'esclavage. Son statut fondateur est-il mérité, et au-delà de son cas, peut-on continuer à affirmer la vertu émancipatrice des Lumières ? 2- Le cas Montesquieu comme illustration des « ambiguïtés » des philosophes des Lumières (critique de Louis Sala Molins, dans Le Code Noir ou le calvaire de Canaan) a- Il serait silencieux sur la pratique de l'esclavage afro-antillais et sur l'existence du Code Noir (texte promulgué en 1685 qui réglemente en 60 articles l'usage et la vie des esclaves dans les colonies françaises) b- Il serait indifférent au sort des esclaves noirs, comme en témoignerait le ton léger de l'ironie et de la plaisanterie sur un sujet aussi grave, dans le célèbre chapitre 5 du Livre XV, De l'esclavage des nègres. Critique adressée par Bernardin de St Pierre dans le post-scriptum de la 12ème lettre du Voyage à l'Ile de France (1773). c- Sa condamnation de l'esclavage serait très ambigüe puisqu'elle admettrait son existence dans les pays chauds (conformément à la théorie du climat exposée au Livre XIV) d- Cette condamnation se trouverait contredite par la 2ème partie du Livre XV où Montesquieu ne se préoccupe plus que d'indiquer comment prévenir les "abus" et les "dangers" de l'esclavage. Montesquieu est-il vraiment anti-esclavagiste ? Son souci n'est-il pas plutôt de réfléchir aux moyens de perpétuer l'esclavage colonial en évitant des révoltes ? 3- Réponses aux critiques. Lire le Livre XV en confrontant son propos aux préjugés dominants du XVIIIème siècle a- Montesquieu produit une définition générale de l'esclavage (chapitre 1) qui comprend aussi bien l'esclavage antique que l'esclavage moderne, le servage que l'esclavage "pris à la rigueur tel qu'il était chez les Romains et qu'il est établi dans nos colonies" (note du chapitre 2). L'absence de référence explicite au Code Noir n'est-elle pas une affaire de prudence ? b- Lecture du chapitre 5 "De l'esclavage des nègres": l'ironie comme arme suprême des Lumières contre l'injustice et l'absurde, et comme réaction réfléchie de Montesquieu aux opinions dominantes du moment (à propos de la nécessité économique de la traite et de l'esclavage, à propos de la question de l'origine de la couleur des Noirs...) c- Expliquer la présence de l’esclavage dans un certain nombre de contextes (politiques et géographiques) n'est pas le justifier. S'il favorise la servitude, un climat chaud n'est jamais une fatalité. L'argument de la chaleur du climat est fallacieusement invoqué par des élites économiques pour justifier l'institution de l'esclavage dans les colonies et son maintien (chapitres 7 à 9). d- L'esclavage étant institué dans les faits, le problème est d'éviter ses abus et ses dangers (chapitre 11). Montesquieu préconise ainsi son encadrement juridique. Il n'est pas abolitionniste, il plaide pour des mesures progressives d'affranchissements (ce sera le programme de la Société des amis des Noirs, fondée en 1788) 4- Le mouvement des Lumières comme prise de conscience progressive du caractère insoutenable de l'esclavage colonial a- Les Lumières ne sont pas un état doté d'emblée de principes déjà constitués.(les

    55 min

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