De Gré ou de Force

Vincent Demoury
De Gré ou de Force

La transformation écologique en questions. Face aux limites planétaires et à l'urgence écologique, quelles responsabilités et quelles marges de manoeuvre ? Professionnels de l'énergie, de la communication, de la RSE, scientifiques et artistes répondent.

Episodes

  1. 12/30/2024

    L'électricité : la solution pour décarboner l'économie ? - Maxence Cordiez

    (2/3) Expert de l'énergie et de l'électricité, top voice de LinkedIn, Maxence Cordiez revient pour De Gré ou de Force sur son parcours, sur le rôle de la vulgarisation des enjeux liés à l'énergie et sur la responsabilité des politiques dans la modification des systèmes énergétiques et l'atteinte des objectifs climatiques. Il s’agit du 2ème épisode d’une série de 3. Sommes-nous entrés dans « l’âge d’or de l’électricité » ? L’électrification semble promise à un essor important. L’électricité est en effet le vecteur énergétique le plus facile à décarboner, notamment grâce au déploiement des EnR.  En France, l’électricité compte pour 25% de l’énergie finale consommée et la stratégie nationale bas-carbone envisage 55% à 60% d’électricité dans le bouquet énergétique pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.  Cependant, l’électrification n’est pas la panacée : Nous aurons besoin de molécules bas-carbone comme le biogaz pour les secteurs difficiles à électrifier (ex: l’industrie), avec des limites sur la disponibilité en volume et le coût de ces molécules. Dans certains pays en développement, l’électricité bas-carbone vient seulement superposer à la consommation d’énergies fossiles au lieu de s’y substituer (heureusement pas en Europe, où l’on constate une réelle substitution). L’une des caractéristiques de l’électricité est de nécessiter de gros investissements de départ (le coût d’un réacteur nucléaire comme l’EPR de Flamanville se chiffre en milliards d’euros - 19 selon la Cour des Comptes), d’où une barrière de financement qui peut ralentir le déploiement de l’électrification. Pour soutenir la décarbonation de l’économie européenne : 1) l’Union Européenne devrait soutenir les entreprises bien davantage qu’elle ne le fait aujourd’hui, notamment lorsque l’on observe les politiques énergétiques menées en Chine et aux Etats-Unis. Il est urgent de soutenir nos entreprises dans le secteur des batteries, du nucléaire, des éoliennes, des pompes à chaleur…Faute de quoi nous risquons de connaître un scénario semblable à celui qui a frappé le secteur du solaire photovoltaïque, où l’industrie européenne a perdu la bataille face à la puissance chinoise. 2) L’application d’un mécanisme robuste d’ajustement carbone aux frontières couvrant la totalité des secteurs de l’économie en profondeur pourrait permettre de soutenir la compétitivité des industries européennes en ajoutant un prix du carbone aux produits importés et en permettant aux exportateurs européens de jouer sur un pied d’égalité avec leurs concurrents étrangers. 3) Tous les leviers disponibles devront être mobilisés pour atteindre la neutralité carbone, d’où la nécessité d’une neutralité dans les choix technologiques. On ne décarbonera pas Malte de la même manière que la République Tchèque ou la France. Il faut donc redonner des degrés de liberté aux Etats-Membres afin qu’ils mettent en place des politiques adaptées à leurs besoins et à leurs ressources et que l’on puisse mobiliser tous les leviers de décarbonation disponibles. La transition va coûter cher, d’où la nécessité de faire un effort d’efficacité dans la dépense. En attendant l’électrification à grande échelle, la sécurité énergétique passera par la sécurisation de volumes d’énergie à des prix compétitifs et par des efforts d’efficacité et de sobriété soutenus par une fiscalité incitative.  L’augmentation des prix des énergies fossiles peut également présenter des opportunité : lors du premier choc pétrolier, l’industrie automobile européenne avait par exemple pris des parts de marché à l’industrie américaine, aux véhicules plus gourmands en carburant. En se positionnant dès aujourd’hui en champion de l’électricité bas-carbone, l’Europe peut se positionner en avance de phase sur les marchés de demain, et ainsi renforcer sa compétitivité.

    27 min
  2. 12/12/2024

    Le transport maritime - Julien Boulland (Bureau Veritas)

    Le transport maritime est la colonne vertébrale de l'économie mondiale. Le secteur fait face à de nombreux défis : décarbonation, réduction des pollutions, amélioration du bien-être des marins, digitalisation, amélioration de l'efficience et nouveaux modes de propulsion. Les réglementations édictées par l'organisation Maritime Internationale et par l'Union européenne suffiront-elles à rendre le secteur plus durable ? Nous en parlons avec Julien Boulland, expert chez Bureau Veritas. Julien Boulland occupe actuellement le poste de responsable du développement des services liés à la « sustainability » au sein de la direction stratégique de Bureau Veritas Marine & Offshore. Il pilote egalement l’initiative interne « Future Shipping Team », dont l’objectif est de créer une communauté de pratiques et de connaissances sur la décarbonation du transport maritime au sein de sa société. Julien a travaillé 19 ans au sein de Bureau Veritas dans des fonctions techniques et commerciales, notamment pendant 10 ans en Asie. Pour en savoir plus sur Bureau Veritas : https://www.bureauveritas.fr/nos-marches/marine-offshore Sur le transport maritime dans le monde : https://news.un.org/fr/story/2024/10/1149951 Sur le transport maritime en France : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-transports-2024/11-transport-maritime-de-marchandises-#:~:text=Champ%20%3A%20France%20entière.&text=En%202022%2C%20le%20transport%20maritime,des%20trafics%20énergétiques%20en%20hausse.

    1h 2m
  3. 08/13/2024

    Le gaz naturel - Anne Sophie Corbeau (Columbia University)

    Anne-Sophie Corbeau, spécialiste des marchés du gaz naturel, professeur à Sciences-Po et Global Research Scholar à Columbia University (NYC) aborde dans cet épisode les questions suivantes : Quel avenir pour les énergies fossiles ? Faut-il s’attendre à une diminution à l’horizon 2050 ? Quels sont les freins à la réduction des énergies fossiles ? Qu’est-ce que la guerre en Ukraine a changé pour l’énergie et pour le gaz ? Pourquoi l’Europe continue-t-elle à importer du gaz russe malgré la guerre ? En important du gaz américain sous forme liquéfiée, est-on en train de créer une nouvelle dépendance ? Est-on sûr que les réserves de gaz des USA et du Qatar suffiront à approvisionner le monde dans les prochaines années ? Quel impact la demande domestique américaine pourrait-elle avoir sur les exportations ? Le gaz est-il plus propre que les autres énergies fossiles ? Pourquoi les émissions de méthane ne sont-elles pas éliminées ? Est-ce que le GNL (gaz naturel liquéfié) est moins propre que le gaz importé par gazoduc ? Le GNL américain provient-il du gaz de schiste ? Est-ce que le biométhane est capable de remplacer le gaz naturel ? Où en est-on du développement de l’hydrogène et des nouveaux vecteurs énergétiques ? Pour aller plus loin : https://www.iea.org/energy-system/fossil-fuels https://www.iea.org/energy-system/fossil-fuels/natural-gas https://www.energypolicy.columbia.edu/publications/repowereu-tracker/ https://www.energypolicy.columbia.edu/publications/anatomy-of-the-european-industrial-gas-demand-drop/

    50 min
  4. 07/26/2024

    Les émissions de méthane - Antoine Rostand (Kayrros)

    Les émissions de méthane (les rejets ou les fuites de gaz dans l'atmosphère) sont la 2ème cause la plus importante du réchauffement climatique. Eliminer les émissions dues au secteur de l'énergie est possible, alors pourquoi ne le fait-on pas ? Dans cet épisode, Antoine Rostand, CEO de Kayrros, explique pourquoi il est important de disposer de données environnementales et ce qu'il faudrait faire pour en finir avec les émissions de méthane. Les émissions de méthane sont un problème connu depuis des décennies. Le méthane a un pouvoir réchauffant de 28 à 84 fois plus élevé que le CO2 en fonction de l’horizon de temps considéré. 60% des émissions de méthane proviennent des activités humaines La bonne nouvelle : 75% des émissions de méthane pourraient être éliminées à un coût quasi-nul selon l’Agence Internationale de l’Energie Or, les industries du pétrole, du gaz et du charbon n’ont toujours pas résolu le problème, par paresse, par négligence ou par manque de sanctions Il y a un consensus scientifique et politique sur le fait que l’on manque de données environnementales pour piloter les politiques publiques La réglementation européenne sur les émissions de méthane (EU Methane Legislation) a été mise en place entre autres grâce aux technologies de détection des fuites de méthane comme celle développée par Kayrros. Cette réglementation obligera bientôt les importateurs d’énergie à s’assurer qu’il n’ya pas de fuites de méthane en amont Selon Antoine Rostand, aucune industrie ne s’est jamais auto-régulée. Il est indispensable d’imposer des sanctions à ceux qui ne respecteront pas cette réglementation A partir de données géospatiales, Kayrros fournit aux décideurs – aux gouvernements, à la Commission Européenne, aux Nations Unies, mais aussi à des fonds d’investissement - des données concernant les volumes et les sources d’émissions de gaz à effet de serre, mais aussi des données sur les forêts En France, Kayrros collabore aussi avec les pompiers sur la prévention des incendies en mesurant la végétation autour des maisons pour savoir si celles-ci sont défendables ou non contre les incendies Les opérateurs amont ne coopérent pas avec Kayrros, qui travaille davantage avec les importateur, ce qui fait dire à Antoine Rostand qu’ « on ne peut pas être du côté des flics et des brigands à la fois. » Eliminer les émissions de méthane permettrait d’éliminer près de 50% du réchauffement à court terme ! La situation n’est pas tenable car les coupables sont connus. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de boucle de répression Il y a un vrai problème de réglementation et de juridiction : Algérie, Kazakhastan, Iran, Russie, Turkmenistan, Etats-Unis sont de grands émetteurs de méthane mais ni la France ni l’Union Européenne n’ont juridiction sur ces pays Parmi les solutions :  il faudrait constituer un buyer’s club pour faire pression sur les exportateurs. Organismes cités dans l’épisode : AIE (Agence Internationale de l’Energie) CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) IMEO (International Methane Emissions Observatory) NASA (National Aeronautics and Space Administration) UNEP (Programme des Nations Unies pour l’Environnement)   Chansons citées dans l’épisode : Eye in the Sky – The Alan Parsons Project Satellite – Lena Meyer Landrut Pour aller plus loin : UNEP IMEO (International Methane Emissions Observatory) : https://www.unep.org/topics/energy/methane/international-methane-emissions-observatory IEA Methane Tracker Database : https://www.iea.org/data-and-statistics/data-product/methane-tracker-database EU Methane Legislation (juillet 2024) : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=OJ:L_202401787&pk_campaign=todays_OJ&pk_source=EURLEX&pk_medium=X&pk_keyword=energy_sector&pk_content=Regulation&pk_cid=EURLEX_todaysOJ

    39 min

About

La transformation écologique en questions. Face aux limites planétaires et à l'urgence écologique, quelles responsabilités et quelles marges de manoeuvre ? Professionnels de l'énergie, de la communication, de la RSE, scientifiques et artistes répondent.

To listen to explicit episodes, sign in.

Stay up to date with this show

Sign in or sign up to follow shows, save episodes, and get the latest updates.

Select a country or region

Africa, Middle East, and India

Asia Pacific

Europe

Latin America and the Caribbean

The United States and Canada