Improvisations (le podcast)

Aldor
Improvisations (le podcast)

Courts propos improvisés et quotidiens, A propos de tout et de rien.

  1. 3 NOV.

    Nuit canaille

    Rue Cortot, à Montmartre Quand vient l'hiver et son manteau de nuit, les femmes et les hommes se rassemblent, le soir venu, dans les rues des grandes villes, abandonnant leur solitude, leur solitude tant aimée, pour plonger dans le bruit, le chatoiement de la lumière, la présence diffractée de leurs semblables. Sous les fanaux des lampes électriques et les pavés usés, nous nous côtoyons, nous nous cherchons, nous nous frottons les uns aux autres, parlant et riant pour ne pas avoir peur, pour chasser le silence nocturne et son cortège de terreurs. Nous errons, pressés les uns contre les autres, sans autre but que d'être là, parmi les nôtres, être là dans une commune humanité faisant face à la nuit et au froid. Nous errons, troupeau divagant à travers les places et les boulevards, les cafés et les brasseries, les théâtres, les salles de spectacle, cherchant la lumière et le bruit mais comme nous le ferions de phares : non pour en être constamment illuminés, pour substituer le jour à la nuit, mais pour, restant dans l'ombre, dans cette obscurité un peu canaille que nous aimons aussi, en être parfois brièvement éclairés, éclairés et rassurés. C'est du coeur de l'ombre, dans cette ambiance interlope de Lunapark le bien-nommé, de lupanar peut-être, que nous voulons marcher sous la lueur des réverbères comme des danseurs qui s'avanceraient sur la piste sombre d'une boîte de nuit pailletée des éclats d'une boule à facettes, fausse nuit constellée d'étoiles sous le lampadaire de la lune. On peut entendre le Pont-Neuf, traversé hier soir ; Ô Solitude, de Henry Purcell chanté ici par Rosemary Standley et Dom La Lena, et au-dessus, lisant ce texte, ma voix. La photo a été prise l'hiver dernier à Montmartre. (Et comme toujours, l'écoute au casque sera bien meilleure).

    6 min
  2. 21 OCT.

    IA et autisme

    N'étant ni informaticien, ni médecin, ni cybernéticien, ni psychologue, je me dois de préciser, en préambule, que c'est du fond de ma totale méconnaissance des deux sujets figurant dans le titre que je m'exprime aujourd'hui. Cela ayant été dit et posé, je poursuis (et donc commence). Je suis frappé par le hiatus existant entre la capacité des IA générative à produire, quand elles sont bien promptées, des images riches, fascinantes et finalement inattendues, leur talent pour jouer à des jeux très élaborés (mais qui, aussi complexes soient-ils, disposent d'un corpus de règles connu et fini), et leur incapacité à tenir la distance, je veux dire à construire des scénarios, des histoires ou même des chansons qui aient un peu d'allure. Si les images créées par DALL-E ou Midjourney sont souvent extraordinaires et, j'insiste, surprenantes, les textes des Gpéteurs et Gpéteuses qu'on trouve désormais à foison sur les réseaux sociaux sont presque toujours pénibles et ennuyeux, et si l'on peut se laisser prendre une fois, dès la deuxième on reconnait à quoi l'on a affaire. C'est comme si l'intelligence artificielle était douée, voire très douée, en matière de créativité locale, d'instruction approfondie d'une consigne ou d'un jeu de consignes donné, mais très démunie dès lors qu'il s'agit d'élargir le champ, de voir plus loin et plus divers, d'ajouter des dimensions et de l'épaisseur, du lien, de l'inédit. Ce comportement me fait penser à ces personnes (j'en connais une comme ça) qui sont souvent très intelligentes, très calées, très remarquables dans leur ou leurs domaines de compétence, qui ont une étonnante capacite de concentration, de mobilisation de leur esprit sur un sujet particulier, qui jouent parfois (et c'est sans doute lié) remarquablement aux échecs, mais que la compagnie de leurs semblables, le bruit, la fureur, le désordre qui prévalent habituellement dans la vie quotidienne et les relations entre humains paniquent et rendent comme impuissantes. C'est comme si elles avaient besoin, pour ne pas vivre dans l'angoisse, de ces routines et algorithmes qui font fonctionner les IA génératives, qui sont merveilleusement capables de rendre et transcrire une pensée, une vision, d'explorer toutes les possibilités ouvertes par un ensemble exhaustif de règles mais qui, pour le moment, semblent perdre leurs moyens lorsqu'il s'agit d'embrasser plus large, de se déployer dans des champs non contigus, de s'envoler sur les ailes de la métaphore ou de l'analogie. Quand on demande à l'IA de sortir des chemins qu'elle a déjà battus et rebattus, elle dérape immédiatement, et ne sait plus que produire un gloubi-boulga sirupeux, une sorte de mélasse écœurante qui juxtapose des informations jusqu'à plus soif mais ne conduit à rien. Les IA étant des créations humaines, notre connaissance, notre compréhension peut-être, de certains comportements psychologiques serait éclairé et gagnerait sans doute à leur étude. Le site ZeroGPT permet de tester les textes pour vérifier s'ils ont été rédigés par une IA ou par un être humain : https://zerogpt.net/fr Et pour infirmer quelque peu mon propos, voici (Merci a Denis Sammartino) un groupe de musique, une musique, un clip entièrement créés par IA : https://www.youtube.com/watch?v=dnmJtjP-8Jw

    4 min
  3. 16 OCT.

    Se mettre dans la peau

    Au théâtre, l'autre jour, exercice consistant à se mettre dans la peau d'un personnage. J'y ai lamentablement échoué. J'arrive assez facilement, je crois, à me mettre à la place d'Untel ou Untelle, à jouer au "si j'étais elle" ou au "si j'étais lui", pour comprendre son point de vue. Cet échange de points de vue ne va cependant pas très loin : on peut, et c'est ce qu'on fait le plus souvent, permuter les rôles et conserver cependant sa façon de voir en plaquant sur l'autre notre propre sensibilité : à ta place, voici ce que je ferais. On change de place mais on garde le Je. Il est déjà beaucoup plus difficile de se mettre dans la tête, dans l'esprit d'une personne, d'intégrer non pas seulement son point de vue mais sa façon de voir, de penser, de réagir. On y arrive, mais pas toujours, et il est courant qu'on se trompe, qu'on prête à l'autre des intentions qu'il ou elle n'avait pas, qu'on projette sur lui, sans le vouloir, des fantasmes : nos propres désirs, nos propres effrois, surtout, entraînant ordinairement une succession de catastrophes et d'incompréhensions, d'autant plus douloureuses et surprenantes qu'on croyait agir avec délicatesse et qu'on pensait bien faire. Mais se mettre dans la peau, c'est beaucoup plus compliqué encore. C'est tenter d'arriver à la vérité de l'être par une toute autre voie, ou par une voie supplémentaire, celle que porte le corps (et qui s'exprime d'ailleurs souvent au travers de la voix, avec un x cette fois-ci). Sans doute n'est-il pas totalement juste, mais il n'est pas totalement faux non plus, de croire que la dignité non seulement s'exprime mais se crée, pour partie, dans le maintien du corps, l'attitude, le port de tête. Je veux dire que le corps n'est pas seulement le réceptacle d'un esprit qui y imprimerait sa marque comme les vices de Dorian Gray flétrissent son portrait ; il est parfois, souvent, et peut-être même toujours une des sources auxquelles s'abreuve cet esprit : c'est de l'épine plantée dans son dos que naît la méchanceté de la sorcière de Kirikou, et Quasimodo ne serait pas qui il est dans un corps différent. C'est que le corps (son avachissement, son rayonnement, sa splendeur, ou au contraire son côté rabougri et gollumesque) ; le corps non seulement s'exprime mais se voit, est cette chose qui se voit, cette chose qui se reflète dans le regard des autres, cette chose que, comme le miroir de la marâtre de Blanche-Neige, le regard des autres construit. C'est l'extraordinaire expérience relatée, il y a trois-quarts de siècle, par John Howard Griffin dans son livre Dans la peau d'un noir. Se mettre dans la peau d'une personne, c'est tenter l'expérience d'un lâcher-prise total durant lequel on se fie entièrement à ce que susurre, à ce que chuchote, à ce que hurle plutôt notre corps, ou plutôt le corps de cet être que nous essayons d'être, cet être que, magiquement, nous comprendrons probablement plus en le singeant qu'en l'étudiant, un scalpel et les ressources de l'esprit à la main.

    4 min
  4. 11 OCT.

    Fascination (hypnotique) pour l’intelligence

    (c) Boris Eldagsen et DALL-E2, Pseudomnesia, The Electrician L'intelligence nous fascine : nous sommes admiratifs, à juste titre, devant notre ingéniosité, notre créativité, notre habileté collective à imaginer, penser, concevoir, créer, notre capacité à peindre des fresques, tourner des bols, fabriquer des montres, des briquets, des moteurs, construire des avions, des téléphones et des bateaux, écrire des livres, bâtir des huttes, construire des villes et des palais. En dépit de tous nos défauts, et ils sont légion, nous sommes tellement, tellement smarts et ingénieux, tellement pleins de ressources, tellement admirables ! Il n'y a probablement jamais eu d'espèce animale si fière, si extasiée d'elle-même et de ses œuvres, cela sans préjudice de la conscience générale, intime et dépourvue du moindre doute que nous avons de nos faiblesses, de nos imperfections, et peut-être même de nos vices. Notre intelligence nous fascine, à juste titre, et de là vient aussi notre fascination pour l'intelligence artificielle, cette intelligence au carré que nous avons créée et dont nous découvrons, chaque jour, avec émerveillement et effroi, les prodiges et les progrès. Il y avait, l'autre jour, à Normale Sup, une conférence à ce propos. Mitchell Baker, chairwoman de Mozilla, Arthur Mensch, patron de Mistral AI, et Anne Bouverot, grande maîtresse du sommet sur l'intelligence artificielle qui se tiendra en février prochain à Paris, discutaient de la création d'une IA ouverte, libre au sens des logiciels libres, qui mettrait à disposition de tous données et algorithmes, permettant à tous de les enrichir et de les adapter. Je pensais, écoutant ces orateurs qui ne partageaient pas forcément les mêmes vues mais avaient en commun leur intelligence grande et vivace ; je pensais à cette observation que le narrateur d'À l'ombre des jeunes filles en fleurs glisse en évoquant M. de Norpois : "Sauf chez quelques illettrés du peuple et du monde, pour qui la différence des genres est lettre morte, ce qui rapproche, ce n'est pas la communauté des opinions, c'est la consanguinité des esprits.". C'était bien la consanguinité des esprits, l'agréable impression d'être du même monde, de parler d'égal à égal, qui, ce soir là, plus que la communauté des opinions, rapprochait les orateurs. Et j'ai le sentiment que c'est le même élan un peu ireffréné, qui nous pousse, comme hypnotisés, vers l'intelligence artificielle, cette chose qui, parce qu'elle est comme nous capable de créer, est encore plus captivante qu'une machine à vapeur ou une robe de grand couturier, et s'approche effectivement de l'intelligence, cette chose qui, plus encore que la beauté, nous fascine. Il y a, de fait, en dépit de tout ce qui plaide contre elle, mille excellentes raisons de s'intéresser à l'I.A. Mais prenons garde à notre fascination atavique pour l'intelligence, à la séduction du malin, à notre tendance à placer l'intelligence au-dessus de tout. Elle ne le mérite sans doute pas. On pourra se renseigner sur l'intéressant travail de Boris Eldagen en visitant son site : https://www.eldagsen.com/pseudomnesia/ On pourra également regarder, sur Arte TV, le passionnant documentaire : IA et cinéma - la vie rêvée des machines, qui souligne bien la différence entre la capacité de l...

    4 min
  5. 4 OCT.

    La loi de la jungle

    Le Douanier Rousseau, Forêt tropicale avec singes (1910), (c) National Gallery of Art, Washington Lors d'une formation organisée par un de ces organismes qui, soit dit en passant, vivent largement des deniers publics, l'intervenant nous explique, un brin condescendant, que la vraie vie c'est le marché, et que le marché, c'est la loi de la jungle, où seul survit le plus fort. Que ne va-t-il plus souvent dans la jungle ! Il suffit en effet de s'y promener, ou dans la forêt, ou même dans le bois pendant que le loup n'y est pas, pour constater, de ses propres yeux voir, que ce n'est pas parce qu'il y a le loup, le renard et la belette, la panthère, le lion, le crocodile ou l'ours que les autres animaux disparaissent. Au contraire même, ce qui caractérise les espaces sauvages et notamment la jungle et la forêt, c'est la prolifération et l'extrême diversité du vivant, à toutes les échelles, au rebours exact de l'idée fausse au gré de laquelle la loi du plus fort signifierait la disparition des plus faibles. La loi de la jungle, et la sélection naturelle de façon plus générale, ne fait pas disparaître les moins forts pour conduire à un monde tristounet où ne survivraient que les loups, les T-Rex et les requins même pas marteau ;  la loi de la jungle, c'est la recherche continue de niches évolutives au sein desquelles des créatures animales ou végétales, petites et grandes, fragiles et robustes, peuvent prospérer les unes au milieu des autres, les unes avec les autres, dans une sorte de symbiose, un système équilibré d'échanges de bons procédés. La loi de la jungle, ce n'est pas la loi du plus fort, c'est la loi du plus adapté, ou plutôt même la loi des adaptés, qui pousse chacun à trouver le lieu et le moment où il pourra, d'une façon ou d'une autre, coexister avec les autres, faire avec eux écosystème. C'est bizarre comme l'évidence de l'extrême diversité du vivant, qui crève pourtant les yeux quand on se promène un peu dans une nature pas trop abîmée ou domestiquée par les humains, a été dénaturée, c'est le cas de le dire, par le pseudo-darwinisme social, cette construction idéologique bâtie sur un contresens complet, une incompréhension radicale de la façon dont le monde tourne. Je me demande si cette manière d'interpréter l'évolution comme une lutte pour la domination de l'un au lieu d'y lire des stratégies collectives et imperceptiblement coordonnées de coopération, est le fait de l'être humain, empêtré dans ses gènes de grand prédateur chasseur, ou celui de l'homme masculin, aveuglé par les émanations babouines de la testostérone. Mais quoi qu'il en soit, ouvrons les yeux : nous aurons vite fait de voir que la vraie jungle ressemble plus à celle du Douanier Rousseau qu'à celle des cours de management.

    4 min
  6. 2 OCT.

    Les corbillards de la Fashion Week

    A Paris, le 1er octobre 2024 Hier matin, de part et d'autre du pont Alexandre III et dans toutes les rues adjacentes, puis hier soir dans les allées séparant la pyramide du Louvre de l'arc de triomphe du Carrousel, un long serpent, une litanie de voitures noires, de longues et larges voitures identiquement Mercedes, collées les unes aux autres et attendant leur maîtresse ou leur maître tandis que le chauffeur (je n'ai pas vu de conductrice) se repose au volant ou en grille une, seul ou avec deux ou trois de ses collègues, debout sur le trottoir ou la chaussée, n'osant s'adosser à la carrosserie rutilante, à ce miroir sombre où nulle tache, nul défaut ne se voit. Il y a quelques-uns de ces véhicules un peu cubiques faits pour transporter six ou sept membres du menu fretin mais ce sont pour l'essentiel de grosses berlines et limousines, ces voitures à gros moteur thermique, à large empattement, à calandre luxueuse, héritières, dans leur robe de jésuite, de toutes ces générations d'automobiles qui, depuis les années 1930, partout sur la planète, symbolisent l'argent, le pouvoir, la puissance et le conformisme. Elles sont là, moteur éteint, étalant leur monophormisme, leur monochromie, leur monotonie, leur dignité de corbillard. Ne serait-ce la tristesse et l'uniformité de leurs atours, leur allure de croque-mort, on pourrait se croire revenus au début du siècle dernier, quand les cochers des demi-puissants et des demi-mondaines se retrouvaient, à Passy ou Auteuil, tandis que leur maître et maîtresse se pavanaient dans les allées du Bois. Mais il y a moins de couleurs et moins de gaieté, et finalement moins d'élégance. Il s'agit pourtant, ai-je compris, du final de la Fashion week. C'est pour déplacer de quelques centaines de mètres, d'un défilé à l'autre, quelques centaines de peoples, pour célébrer, avec la sévérité et l'entre-soi qu'il convient les funérailles de la fête de la mode qu'ont été mobilisés ces gros machins couleur de suie, ces hannetons aux couleurs de deuil.

    3 min
  7. 27 SEPT.

    Désintoxication (et puis finalement non)

    Bucy-le-Long, niche élevée par Claude Thomas Dutour de Noirfosse J'aimerais être Marcel Proust pour décrire avec élégance : élégance, bienveillance, amusement et un brin de regret peut-être ; pour décrire avec élégance et précision, un peu de peine à de la joie mêlée, le soulagement surpris que je ressens, après ces semaines de vide étatique, en constatant que, finalement, l'absence de décision et quasi de gouvernement n'a pas été si catastrophique, et qu'elle a au contraire permis de se rendre compte, de confirmer plutôt, que les choses les plus importantes, les plus essentielles, n'ont pas pour cadre les bureaux des ministères mais la rue, les écoles, les hôpitaux, les champs, les livres, les salles de spectacle, les terrains de sport et, pour évoquer cette affaire sordide et peut-être banale, les prétoires. Ce que je veux dire, nous en parlions l'autre soir avec un groupe que Laurence Bouchet, l'animatrice et conductrice de la Philomobile avait réuni ; ce que je veux dire, c'est qu'il faut évidemment des lois : des lois, des décrets, des arrêtés pour imposer quelques règles et surtout interdire ce qui nuit ; mais que, même s'il peut être absolument justifié de les prendre en avance de phase, quand la société prise dans son ensemble peine à bouger et qu'il faut, comme pour l'abolition de la peine de mort, susciter le mouvement, c'est toujours un peu un échec quand on s'en remet à la loi pour punir des comportements que nous devrions de nous-mêmes nous interdire. Et voilà (Ô magie de l'écriture et de l'introspection !), voilà qu'écrivant cela, je bascule sur le sentiment inverse de celui sur lequel j'avais commencé : si l'action politique ne consiste en effet qu'à prendre acte et transcrire dans des textes les demandes et consensus sociaux, on peut très bien s'en passer. Mais sa grandeur et sa véritable vertu est d'éclairer le chemin, de bousculer un peu la société pour la faire évoluer. La politique, c'est un peu l'équivalent social de la rencontre amoureuse : ce bouleversement qui nous sort de nous-mêmes et nous permet de grandir.

    3 min

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