À Madagascar, des soutiens à la Russie trois ans après le début de la guerre en Ukraine

Trois ans après le début de la guerre en Ukraine, l’Afrique continue d’être un terrain où des groupes pro-russes relaient le discours de Moscou. À Antananarivo, par exemple, Les Amis de la Russie à Madagascar, une association née en 2021 à l’aube du début de la guerre, est un cercle d’influence reconnu par le Kremlin.
De notre correspondante à Antananarivo,
Le groupe Les Amis de la Russie à Madagascar compte 1 000 membres dont plusieurs anciens étudiants malgaches formés en ex-URSS. Il se présente comme un vecteur de la culture russe sur l’île. Si les autorités affichent leur neutralité dans le conflit, ce groupe diffuse un soutien politique clair à la Russie.
Richard Rakotonirina, président de ce groupe, nous accueille chez lui, un drapeau russe sur la table basse, un autre brodé sur sa chemise, signe de son attachement au pays où il a étudié 10 ans. Un signe qui est aussi politique, affirme-t-il. Comme depuis trois ans, il partage ouvertement le narratif d’un conflit qu’il refuse de qualifier de guerre. « C’est une "opération militaire spéciale" de dénazification, soutient le président des Amis de la Russie. Si des groupes extrémistes se trouvent aux portes de votre pays, qu’allez-vous faire ? Vous allez protéger votre pays, votre peuple, votre souveraineté. La réaction du président Vladimir Poutine est normale. »
L'association relaie sa lecture du conflit en ligne ou lors de conférences organisées aux quatre coins de l’île. Le discours imprime auprès d'une partie du monde intellectuel malgache sur fond de rejet d’un narratif occidental. « Les médias occidentaux ne veulent pas comprendre les évènements. Pourtant, la réalité est là : dans cette guerre, l’Ukraine ne différencie pas les objectifs et les cibles, ce qui est tout à fait contraire au président Vladimir Poutine, défend cet ex-étudiant en Russie. Il évite toujours les dégâts collatéraux, c'est-à-dire perdre trop de vies humaines, car il opère dans les zones stratégiques comme les dépôts d’armement, les zones sensibles matérielles. »
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« Wagner a été impliquée dans l'élection présidentielle malgache de 2018 »
Le 11 mars 2022, aux premières heures de l’offensive russe en Ukraine, une trentaine de manifestants érigent des banderoles de soutien à Moscou devant l’ambassade russe à Madagascar. L'événement est structuré, il n’a rien de spontané. Bien qu’isolé, il laisse deviner l’influence de réseaux activistes russes à l’intérieur du pays. « La neutralité se discute, estime Serge Zafimahova, analyste géopolitique. Il ne faut pas oublier que Wagner a été impliqué dans l'élection présidentielle malgache de 2018, donc c’est une neutralité engagée, je dirais. »
Les affinités entre les deux pays ne sont pas une surprise pour ce spécialiste qui y voit l’héritage de liens historiques. « Il y a beaucoup d’anciens de la Russie bien placés au sein de l’administration malgache civile et militaire. Donc, c’est un vecteur qui permet à certaines personnes de dire qu’on peut faire évoluer les relations de Madagascar dans la multipolarité dans laquelle joue la Russie, par exemple, les Brics. »
La portée de ces voix pro-russes reste limitée au sein de l’opinion publique malgache. À l'écart des jeux d'influence, cette dernière suit de loin l’évolution d’un conflit dont les conséquences pèsent lourd sur le coût de la vie quotidienne.
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- Đã xuất bản23:03 UTC 23 tháng 2, 2025
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