Aux origines de l'antisémitisme

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Aux origines de l'antisémitisme

Depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre contre l’État d'Israël, les actes antisémites se sont multipliés partout dans le monde. Mais cette violence déployée contre les Juifs n’a rien de nouveau. Dans une série spéciale en cinq épisodes, “Au Cœur de l’Histoire” vous propose de remonter le cours du temps pour revenir sur les origines de de l’antisémitisme depuis l’Antiquité jusqu’à la Shoah au XXème siècle.

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  1. [4/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’âge d’or de la presse antisémite

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    [4/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’âge d’or de la presse antisémite

    Dans le sillage de la révolution industrielle et des progrès scientifiques, la haine des juifs et les persécutions dont ils font l’objet se transforment. La presse de l’époque va largement contribuer à relayer les nouvelles idées antisémites. Pour parler du rôle des médias dans la diffusion de l’antisémitisme, Virginie Girod reçoit Adeline Wrona, enseignante-chercheuse à l’université Paris Sorbonne.   La fin du XIXe siècle correspond à l’âge d’or de la presse écrite, diffusée à des centaines de milliers d’exemplaires. C’est à cette période que se crée La Croix, un quotidien animé par des religieux catholiques. L’antisémitisme est alors un argument de vente, comme en atteste le succès du pamphlet anti-juif, La France Juive d’Édouard Drumont. “La Croix va s'engouffrer dans l'antisémitisme et revendiquer un rôle de leader dans ce qu'on pourrait appeler un mouvement médiatique de l'antisémitisme, qui traverse largement tous les journaux français” éclaire Adeline Wrona. “La Croix se présente comme un journal populaire, vise un lectorat qui n’a pas beaucoup d'argent. Sa façon de cultiver l'antisémitisme, ça va être aussi de condamner les riches”.  L’évolution de l’antisémitisme se perçoit notamment dans les caricatures. “Ce qui dominait jusque-là, c'était plutôt la figure du juif errant misérable” rappelle Adeline Wrona, “dans la deuxième moitié du XIXe siècle on voit apparaître une autre figure, le Juif riche (...) qui incarne en fait une forme de capitalisme naissant. La question de la race rejoint la question de la classe”.   C’est surtout l’affaire Dreyfus qui met en lumière ce rôle crucial de la presse. “S'il n’y avait pas eu des journaux aussi puissants, il n'y aurait pas eu d’affaire Dreyfus” estime Adeline Wrona. Alors que le métier de journaliste n’est pas encore structuré, les titres s’appuient sur l’affaire et prennent parti pour essayer de vendre plus que leurs concurrents, quitte à inventer de fausses nouvelles. Le journal satirique antidreyfusard Psst…! est ainsi créé en réaction au “J’accuse…!” de Zola dont il reprend la ponctuation. “Sa seule ligne éditoriale, c'est que Dreyfus est coupable” souligne l’enseignante chercheuse.   Maupassant, Zola, George Sand : les hommes et les femmes de lettres de l’époque vont également se positionner vis-à-vis de l’antisémitisme. “Ça nous dit que l'antisémitisme était la norme (...), qu’il était extrêmement difficile de ne pas reprendre un discours antisémite” L’engagement de Zola en faveur de Dreyfus lui a d’ailleurs probablement coûté la vie.   Thèmes abordés : presse, média, antisémitisme, Zola, affaire Dreyfus

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  2. [5/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’Allemagne nazie et la Shoah

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    [5/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’Allemagne nazie et la Shoah

    Le IIIe Reich d’Adolf Hitler fait de l’antisémitisme l’un des fondements du régime nazi. Ces théories raciales érigées en doctrine d’État au XXe siècle conduisent au plus grand génocide de l’Histoire : la Shoah.  Dans le dernier épisode de cette série spéciale sur les origines de l’antisémitisme, Virginie Girod reçoit Pierre-Jérôme Biscarat, historien, spécialiste de la Shoah et chargé de mission au Département Mémoire et Citoyenneté de l’Office National des Combattants et Victimes de guerre.    L’idée que les Juifs forment une race est apparue dans la seconde moitié du XIXe siècle, dans le sillage de l’effort des naturalistes de classer et hiérarchiser les espèces. L’homme politique français Arthur de Gobineau est un des précurseurs de cette anthropologie raciale avec son Essai sur l’inégalité des races humaines en 1853. “On va passer de l'antijudaïsme chrétien à un racisme biologique antisémite” explique Pierre-Jérôme Biscarat “Ça ne repose sur aucune logique scientifique. Ces théoriciens sont guidés par une forme d'idéologie”.   Adolf Hitler reprend néanmoins ces théories raciales à son compte pour accéder au pouvoir. Dans une Allemagne meurtrie par la crise économique de 1929 et la défaite lors de la Première guerre mondiale, le parti nazi fait du juif le bouc émissaire. Devenu chancelier, le Fürher fait de l’antisémitisme la doctrine d’Etat. “C'est l'un des fondements du régime nazi. Les lois vont contrôler, stigmatiser, exclure puis conduire à l'assassinat” développe l’historien.   Le 9 novembre 1938, le pogrom de la Nuit de Cristal fait une centaine de victimes. “C’est une manifestation de violence populaire. On a une société allemande qui, pour une partie d'entre elle, est prête à en venir aux mains avec le voisin juif” raconte Pierre-Jérôme Biscarat. “Entre vouloir la mort de tous les juifs et l’accomplir, il y a une frontière. Ceux qui vont accomplir la Shoah dans toute l'Europe, c'est une élite criminelle de 4000-5000 hommes : ceux des unités mobiles de tuerie et ceux qui encadrent les centres de mise à mort”.   Lors de la conférence de Wannsee, en janvier 1942, une poignée de fonctionnaires nazis fixe les modalités pour rationaliser l’extermination d’un peuple à l’échelle d’un continent. “L'idéologie et l'adhésion à l'antisémitisme, c'est le moteur principal” estime Pierre-Jérôme Biscarat. Au total, on estime que près de 6 millions de juifs ont été assassinés durant la Shoah.    Thèmes abordés : Shoah, Adolf Hitler, Allemagne Nazie, Seconde guerre mondiale

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  3. [3/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’ombre de l’affaire Dreyfus

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    [3/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’ombre de l’affaire Dreyfus

    C’est au XIXe siècle que la haine des juifs prend ses caractéristiques modernes. En s’adossant à un discours pseudo-scientifique, elle prend un nouveau nom : “antisémitisme”. Pour évoquer la montée de l’antisémitisme, qui culmine avec l’affaire Dreyfus, Virginie Girod s’entretient avec Denis Charbit, professeur de science politique à l’université libre d’Israël.  “Il faut bien comprendre que ce qui fait le succès de l’antisémitisme à travers les siècles vient du fait qu’il se greffe sur un discours social dominant. Au XIXe siècle, le discours social principal est celui de la science” explique Denis Charbit. “La haine des Juifs va se greffer à un discours pseudo-scientifique pour décréter qu'il y a une race sémite, qui serait inférieure, mais surtout dangereuse”. C’est en 1873 que le journaliste allemand Wilhelm Marr forge le néologisme “antisémitisme”.   Si la révolution industrielle fait entrer les sociétés dans l'ère moderne, elle donne aussi de nouvelles munitions à ceux qui prônent le rejet des Juifs, notamment à gauche. “La révolution industrielle va permettre à certains Juifs de s'élever dans l'échelle sociale et à travers la figure des Rothschild, par exemple, on va associer le juif à l'argent” illustre Denis Charbit.  Si l’antisémitisme prospère dans les milieux socialistes et marxiste, la bourgeoisie est également hostile aux juifs. Un rejet encore teinté d'antijudaïsme. “L’homme qui fait la jonction, c’est Édouard Drumont” précise Denis Charbit. Polémiste et homme politique d’extrême-droite, il publie “La France juive” “où il essaie de démontrer que la révolution aurait profité aux Juifs seulement, et qu'elle aurait pénalisé en France les ouvriers et les catholiques”. Le pamphlet antisémite est un best-seller.   Huit ans après sa parution, l’affaire Dreyfus éclate et cristallise l’antisémitisme de l’époque. Alfred Dreyfus, parce qu’il est juif, est considéré comme le coupable idéal d’une affaire de haute trahison qui devient bientôt un conflit social entre deux France.   Lorsqu’il s’achève, l’antisémitisme a encore changé de visage. “L'antisémitisme va passer de la gauche à la droite de manière définitive” détaille l’historien “les forces anti-républicaines vont récupérer politiquement l'antisémitisme pour en faire une valeur cardinale jusqu'à l'apothéose : le régime de Vichy”. Autre conséquence moins connue, l’affaire Dreyfus contribue à forger le projet sioniste dans l’esprit du journaliste autrichien Theodore Herzl, correspondant à Paris. Accablé par la haine des Juifs qui se déverse dans le pays des droits de l’Homme, “il en arrive à concevoir que la solution politique pour les Juifs, c’est qu'ils disposent d'une terre et d'un État dont ils seraient à la tête” raconte Denis Charbit.   Thèmes abordés : antisémitisme, judaïsme, marxisme, Affaire Dreyfus

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  4. [2/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : L’antijudaïsme au Moyen Âge

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    [2/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : L’antijudaïsme au Moyen Âge

    Au Moyen Âge, les populations juives sont de plus en plus stigmatisées dans les sociétés européennes, qui se christianisent progressivement. Pour mieux appréhender les rapports entre Juifs, Chrétiens et Musulmans à cette époque, Virginie Girod s’entretient avec Sylvie-Anne Goldberg, historienne et directrice d’étude à l’EHESS dans le deuxième épisode de notre série spéciale consacrée aux origines de l’antisémitisme.  La présence juive dans l’Occident médiéval a pu relever du casse-tête pour articuler les communautés juives à des sociétés qui se consolident autour de l’unité de la chrétienté. La tolérance relative envers le judaïsme s’explique "parce que le christianisme considérait, selon ce qu'avait écrit Saint-Augustin, que les Juifs devaient être préservés : ils étaient les témoins authentiques de la vérité du christianisme" souligne Sylvie-Anne Goldberg.   Pour autant, la chrétienté ne se montre pas bienveillante à l'égard du "peuple témoin". "Nous avons des sources antijuives qui commencent très tôt, dès que les Pères de l'Église commencent à rédiger des textes. Un chrétien doit se définir essentiellement par le fait qu'il n'est pas juif" retrace l’historienne. Et au fur et à mesure que se renforce le pouvoir de l’Église, la situation des Juifs devient de plus en plus précaire.   "Il y a un moment de bascule qui succède à l'appel à la croisade", dont les juifs vont aussi être les victimes, "puisqu'ils étaient considérés comme les avant-postes des infidèles en Palestine" poursuit Sylvie-Anne Goldberg.  "Plus l'Église devient forte dans les instances des pouvoirs royaux, plus la place des Juifs est compromise au sein de ces sociétés", résume l’historienne. Les monarchies, devenues "absolument chrétiennes", relaient les consignes du Vatican. Ainsi, après le concile de Latran en 1215, les mesures discriminatoires envers les juifs se multiplient. Accusés de commettre des crimes rituels, caricaturés, on leur impose le port de la rouelle, une étoffe colorée afin de les distinguer facilement. L’accès à certaines professions est également restreint. Suite logique de l’ostracisation, les Juifs sont victimes d’expulsions massives afin d’éradiquer leur présence et d’encourager les conversions.   Thèmes abordés : antijudaïsme, persécution, christianisme, croisade

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  5. ٧ رجب - المشتركون فقط

    [1/5] « Aux origines de l’antisémitisme » : l’antijudaïsme dans l'Antiquité

    Depuis l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre contre l’État d'Israël, les actes antisémites se sont multipliés partout dans le monde. Mais cette violence déployée contre les Juifs n’a rien de nouveau. Dans une série spéciale en cinq épisodes, "Au cœur de l’Histoire" vous propose de remonter le cours du temps pour revenir sur les origines de de l’antisémitisme depuis l’Antiquité jusqu’à la Shoah au XXème siècle.  Avant l’antisémitisme, concept moderne, on parle d’antijudaïsme. Pour explorer sur cette vision propre à la période antique, qui permet de comprendre ce que deviendra ensuite l’antisémitisme, Virginie Girod reçoit François Lefèvre, professeur d’histoire grecque à l’université Sorbonne Paris, et auteur d’Histoire du monde grec antique, paru aux éditions Poche.   "L’antisémitisme suppose une notion de race que les Grecs et les Romains n’avaient pas formulée" clarifie François Lefèvre. "En revanche, ils associent très précocement les Juifs à leur religion et vont donc raisonner sur des termes culturels".   La montée de l’antijudaïsme, le rejet de l’observance de la religion juive, doit se comprendre en lien avec l’hellénisation, "c'est-à-dire de l’assimilation ou non" au monde grec, souligne François Lefèvre. "Ce qui choque, c'est le fait de ne pas se mélanger et le fait de ne pas reconnaître les dieux de la communauté. Or on touche le point le plus sensible de la religion des Grecs et des Romains. C’est une religion collective, il faut que la communauté soit unie pour se mettre en règle avec les dieux".  C’est dans ce contexte qu’à lieu en 38 à Alexandrie le premier pogrom connu de l’histoire. Mais les graines de la violence ont été semées longtemps auparavant, dans les écrits du philosophe grec Posidonios d'Apamée : "c'est l'image du juif idolâtre et comploteur qui apparaît, que l’on retrouve chez Cicéron". Si les sympathies de l’élite juive à Rome garantissent jusqu’ici un statut privilégié aux juifs, la Judée a tendance à se révolter contre l’autorité romaine et en 70, le temple de Jérusalem est détruit par Titus. La naissance du christianisme achève de marginaliser le judaïsme. Cependant, l’image de juifs "déicides" ayant ordonné la crucifixion du Christ, "c’est une construction qui viendra plus tard, parce que les chrétiens ont du mal à exister par eux-mêmes" tempère François Lefèvre. Après l’empereur Constantin, qui se convertit en 313 au christianisme, les mesures discriminatoires envers les juifs se multiplient néanmoins, formalisées par Théodose II en 438.   "L'antijudaïsme antique nous invite à réfléchir à différentes choses qui apparaissent à cette époque. Tout d'abord les Juifs sont l'image de la différence, de l’altérité. Et c’est la grande entrée dans l'histoire de la notion de minorité et l'idée qu'une minorité ne peut pas exister si elle n'est pas protégée" explique François Lefèvre.   Thèmes abordés : judaïsme, empire Romain, Grèce Antique, Christianisme   "Au cœur de l'histoire" est un podcast Europe 1 Studio - Présentation : Virginie Girod  - Production : Camille Bichler et Nathan Laporte - Réalisation : Julien Tharaud - Composition de la musique originale : Julien Tharaud  - Rédaction et Diffusion : Nathan Laporte - Communication : Marie Corpet - Visuel : Sidonie Mangin

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  • Découvrez “Au Cœur de l’Histoire”, ce podcast phare, qui vous donne accès à tout le catalogue d’Histoire d'Europe 1. Les récits 100% immersifs de Virginie Girod, et les épisodes mythiques de Stéphane Bern, promettent un vrai voyage dans le temps pour ceux qui veulent apprendre et se divertir. Quelles sont les racines des grands Empires ? Quels sont les secrets des guerres, complots et controverses de l'Histoire ? Qui sont les grand.e.s pionnier.e.s de leurs époques ? Tant de sujets que ces deux incarnants explorent chaque jour en podcast et à l’antenne d’Europe 1.

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  • [Europe 1 Archives] Partez à la rencontre de Napoléon, du début de carrière du jeune Général Bonaparte à la mort du petit tyran de Sainte-Hélène. Dans cette série inédite de "Au Coeur de l'Histoire", créée à partir des Archives d'Europe 1, découvrez la conspiration du Général Malet, l'histoire de Joséphine de Beauharnais, de Marie Walewska, de napoléon et ses soeurs. Revivez la Bataille de Waterloo ou la Bérézina et la retraite de Napoléon. Des récits issus des Archives d'Europe 1 et racontés par Virginie Girod, Clémentine Portier-Kaltenbach, Jean Des Cars ou Franck Ferrand.

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