Frantz Fanon, indocile et messianique...
La légende a retenu ceci: un Noir de Martinique n'hésitant pas dans ses discours à dire "Nous, Algériens..."; un soignant et psychiatre passé dans le camp du FLN et autres Damnés de la terre, pour reprendre le titre de l'un de ses livres les plus connus; un esprit ardent qui n'hésitait pas à tout bousculer: frontières, repères et bonnes consciences... Icône de l'antiracisme et de la lutte anticoloniale, Frantz Fanon est un nom associé, aujourd'hui encore, à tout un imaginaire politique, au même titre que Malcolm X ou James Baldwin qui était au cœur de notre précédent Caviar pour tous, Champagne pour les autres. Sa trop courte vie, lui qui fut emporté par une leucémie foudroyante en décembre 1961 alors qu'il n'avait que 36 ans, a aussi sans doute contribué à mythifierr une épopée dont s'empare avec bonheur un journaliste américain, Adam Shatz, dans une biographie-événement parue au printemps aux éditions de La Découverte sous le titre: Frantz Fanon, une vie en révolutions... C'est avec un grand plaisir que nous le recevons, Adam Shatz, dans ce dernier Caviar & Champagne de la saison en direct du club We Are, en rappelant qu'il est également éditeur aux États-Unis de la London Review of Books. Et c'est peu dire que nous avons plein de questions à lui poser au sujet de cette biographie passionnante qui est tout sauf une hagiographie puisqu'à côté des colères, des combats, de la générosité et de la sincérité de Fanon, l'auteur creuse aussi les contradictions, les silences et les ambiguïtés d'un essayiste/combattant pas toujours facile à suivre entre le moment où il publie Peau noire, masques blancs en 1952 et celui où paraît, neuf ans plus tard, Les Damnés de la terre... Une biographie qui a aussi le grand mérite d'aborder l'héritage et l'actualité de Frantz Fanon. Pour entourer Adam Shatz et parce que Fanon nourrissait aussi une sensibilité particulière au jazz, et notamment au be-bop, nous avons invité Naïssam Jalal et Grégory Privat. La première, flûtiste et vocaliste, est connue pour ses engagements et sa musique toute en résistance et en spiritualité. On la retrouvera le 8 juillet prochain à Jazz à Porquerolles, dans le Var, pour un hommage collectif au regretté Frank Cassenti qui avait fondé ce si beau festival. Naïssam Jalal a également présenté récemment sur plusieurs scènes un tout nouveau projet, Landscapes of Eternity, nourri notamment par un voyage en Inde. Egalement avec nous, le pianiste Grégory Privat, natif de Martinique, comme Frantz Fanon, mais aussi comme Edouard Glissant, autre penseur antillais dont il nous avait si joliment parlé il y a quelques années dans une autre émission sur TSFJAZZ... Grégory Privat que retrouverons musicalement, cette fois-ci, à l'issue de cette conversation, avec une session live autour de son nouvel album, Phoenix, toujours en direct du club We Are. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.