Douter de soi est comme avoir un cancer non diagnostiqué. Alors que nous sommes pressés vers la perfection morale, intellectuelle, le culte de l’apparence tout en devant absolument être soi-même, nous sommes rongés par notre inconscient, nos pensées chaotiques et le regard qu’on porte sur soi.
Réfléchissez-y une seconde. Pourquoi les gens intelligents procrastinent ? Pourquoi les gens motivés s’autosabotent ?
Pourquoi, malgré le nombre immense d’opportunités que nous saisissons ou le nombre de compétences que nous acquerrons, certains d’entre nous continuent de plafonner en termes de succès ? Comme s’il y avait une espèce de plafond de verre que nous ne savons pas comment briser et qui nous fait douter sur notre capacité à réussir, parfois même sur notre destinée à réussir.
Pourtant cela ne peut pas être un problème de ressources ou d’opportunités. Nous vivons une époque ou il n’y en a jamais eu autant. Il suffit d’allumer son smartphone ou son ordinateur pour en trouver à la pelle !
D’un côté, il y a ceux qui ont toutes ces opportunités et ne voient jamais leur rêve décoller. De l’autre côté, il y a ceux qui pataugent dans 20 centimètres de boue et qui rencontrent le succès, la gloire et la richesse.
Prenez Albert Einstein par exemple, il a quitté l’école à 15 ans et échoué à l’examen d’entrée de l’école polytechnique de Zurich. Pourquoi restera-t-il dans la mémoire du monde comme l’un des hommes les plus intelligents de la planète, alors que tous les ingénieurs de la Nasa resteront de sinistres inconnus jusqu’à la fin des temps ?
Les théories et conseils ci-dessous sont adaptés de ceux donnés par le philosophe et auteur Peter Sage lors du TEDx de Patras.
On apprend à douter de soi
Un peu de théorie
Physiologiquement, on peut dire que notre système nerveux est câblé pour le confort. Il aime la certitude et le calme.
En revanche notre esprit, qui fait qui nous sommes, est câblé sur le développement, c’est-à-dire l’incertitude et la mise en danger.
Ces deux « organes » cohabitent en chacun de nous et génèrent en nous une frustration. C’est ce qui fait que nous nous disons « Pourquoi je ne me bouge pas pour aller écrire ? » quand nous sommes vautrés dans le canapé, et c’est ce qui nous fait dire « Mais pourquoi je me prends la tête à écrire un livre que personne ne lira ? » quand nous sommes penchés sur notre clavier.
C’est cette frustration et la tension entre la zone de confort et la zone de danger qui pousse bon nombre à douter de soi et à continuer de pédaler dans leur roue comme des hamsters.
Regardons notre cerveau et ce qui le différencie de celui des animaux : le néocortex du lobe frontal.
Il n’est opérationnel que vers l’âge de 7 ans. C’est la raison pour laquelle les bébés dorment autant et pourquoi les plus jeunes vivent une vie faite de jeux et de rêves sans pensées critiques. C’est aussi la raison pour laquelle ils sont aussi impressionnables et faciles à manipuler.
« Donnez-moi un enfant pendant 7 ans et je vous rendrai un homme » Aristote
Pourquoi est-ce important pour arrêter de douter de soi ?
Imaginons une scène (fictive, je vous rassure)
C’est mon tour d’aller faire les courses et je suis seul avec mon Charlie de 3 ans. Sa mère est au travail et elle n’aura pas le temps de remplir le frigo. Je dois donc m’en occuper.
Le truc, c’est qu’en ce moment, ça ne va pas très fort. Nous avons eu des dépenses imprévues et nous sommes déjà à découvert le 10 du mois. En plus, le matin même, je me suis disputé avec madame et je rumine mes arguments depuis qu’elle est partie travailler.
Charlie, lui, n’a aucune idée de ce qu’il se passe dans ma vie d’adulte. Il ne vit pas dans ce monde. Alors quand nous arrivons à la caisse, ils voient les jouets que les chefs de rayon ont habilement placés à la hauteur de ses yeux.
« Papa je veux un jouet ! »
« Non tu ne peux pas. On n’a pas les moyens et ce n’est pas le moment »
Ceux qui ont des enfants savent qu’ils sont des experts dans l’art de la persistance, alors il continue.
« Papa ! Papa ! Je veux un jouet ! Est-ce que je peux avoir un jouet s’il te plaît ? »
Charlie ne vit pas dans le monde des découverts bancaires. Il ignore que le banquier va m’appeler encore et encore pour me dire de trouver une solution. Il ne rumine pas les arguments que je vais ressortir à sa mère ce soir pour gagner notre dispute du matin. Tout cela tourne dans ma tête et je pète un câble :
« Tu ne peux pas avoir un jouet, car tu n’es pas sage, tu n’es pas un gentil garçon aujourd’hui ».
Je pense que cela va garder Charlie calme et me permettre de retourner à mes problèmes d’adultes. Mais ce que j’ignore, c’est ce que Charlie entend. Il entend : « Je ne suis pas sage », « Je ne suis pas un gentil garçon », « Je ne le mérite pas ».
Le plus grave, c’est qu’il va passer le plus clair de sa vie à vérifier inconsciemment cette croyance. Il va même la vérifier en s’autosabotant si jamais la menace du succès mets en péril le modèle du monde qu’il s’est construit. Obnubilé par mes préoccupations (légitimes) et sans le savoir, j’ai enseigné à mon fils à douter de lui-même.
Alors, comment changer cela ? Comment renverser la vapeur pour arrêter de douter de soi ? Voici les 3 défis que vous devrez relever pour y arriver.
Premier défi : désapprenez ce qu’on vous a appris
L’auteur et philosophe Peter Sage le dit très bien :
« Nous ne nous élèverons jamais plus haut que la propre opinion que nous avons de nous-même. »
Or cette perception de vous-même est déjà faite à l’heure où vous lisez ces lignes. Nous nous la construisons pendant nos sept premières années, quand nous avons pensé être aimés ou non de ceux qui nous importent le plus.
De la même façon, personne ne peut nous aimer plus que nous nous aimons nous-mêmes. Au final c’est donc un travail à réaliser sur l’estime de soi, l’amour de soi et la confiance en soi.
Un sujet que j’ai déjà traité ici même dans l’article que je vous invite à lire : « 10 traitements chocs pour améliorer l’estime de soi »
Deuxième défi : rééduquez votre néocortex
La puissance des habitudes
Nous sommes des êtres d’habitudes. Notre néocortex est le centre de nos prises de décisions. C’est l’organe le plus complexe et le plus exigeant de notre corps. Il représente seulement 1/150e de notre masse corporelle, mais utilise 20 % des calories totales consommées chaque jour.
Quand nous utilisons notre néocortex, notre esprit tire ses conclusions inconscientes et fait quelques raccourcis : « Tu utilises ton intelligence pour prendre cette décision. Ça doit donc être une bonne décision. »
Mais votre cerveau, comme votre corps, se moque de savoir si vous prenez une décision intelligente ou non, son rôle à lui est de s’adapter à ce que vous lui proposez. Donc si vous prenez les frites à la place de la salade, et que vous répétez cette décision plutôt que d’utiliser l’intelligence de votre néocortex, alors cette décision émigre dans le mésencéphale et devient un comportement inconscient, un schéma que l’on appelle une habitude.
Cela peut être une bonne chose, car il y a de bonnes habitudes, mais cela crée parfois des situations incongrues. Vous êtes-vous déjà habillé et préparé pour aller travailler un jour férié ? ou vous êtes-vous demandé ou sont passé les 2 derniers kilomètres de voiture pour rentrer à la maison ?
Ces situations cocasses (ou inquiétantes) nous arrivent parce que nous n’utilisons notre néocortex que 5 % de notre temps, les autres 95 % du temps, nous dormons éveillé. Nous sommes sur pilote automatique.
C’est comme si notre pensée critique était une fourmi. Travailleuse et déterminée. Elle sait ce qu’elle veut et elle marche vers le nord pour atteindre son but conscient : sa vision de la réussite.
Le problème, c’est qu’elle marche sur le dos d’un éléphant qui va vers le sud. Cet éléphant c’est notre inconscient avec ses croyances limitantes, ses schémas limitants, et tous nos problèmes non résolus qui poussent à douter de soi. C’est pourquoi nous nous auto-sabotons.
Comment faire bouger l’éléphant pour qu’il aille dans la bonne direction ?
L’esprit est comme une boussole. Il ne peut pointer que dans une seule direction à la fois. Quand nous utilisons notre pensée critique les 5 % du temps, nous sommes capables de prendre cette boussole et de la pointer dans la direction que nous voulons. C’est ce que notre libre arbitre nous permet de faire.
Mais ce n’est pas ce que nous faisons 95 % de notre temps, et
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- PublishedNovember 28, 2021 at 5:00 AM UTC
- Length20 min
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