Derrière les barbelés du Spins

Nos Chemins de Liberté

"On a été encerclé par les allemands. On a vu démolir toutes les dunes du Spins et ils ont commencé à faire les blockhaus".

À la grève blanche où sont postés les allemands, la famille de Francine et Marie Le Goasduff a été la seule à être autorisée à rester. Leur vie s'est organisée, derrière les barbelés. Elles racontent leurs souvenirs pour ce quatrième épisode de Nos chemins de Liberté. 

Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.

Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien. 

Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.

Citation

« Christine en parlait avec des lumières dans ses yeux 
Yannig aussi
Les sœurs, les 3, devaient être interviewées !
Le genre d’évidence qu’on n'a pas envie de questionner
Surtout quand on n’a pas toutes les cartes en main

Ici, tout le monde les connaissait
Et même la France d’ailleurs  
Faut dire qu’elles étaient passées aux infos 
Régionales et nationales !
Au 20h même
Celui de TF1

Il me fallait alors simuler
Omettre une certaine forme d’ignorance
Faire comme si je connaissais les sœurs Le Goasduff
Comme si j’avais déjà croisé les chemins de Francine, Marie et Jeanne…

Souvent, dans un processus d’intégration, faut mentir pour accéder aux histoires
Pour comprendre l’Histoire d’un territoire
Quand des femmes sont des Institutions c’est qu’elles incarnent des valeurs d’importance
Des valeurs d’appartenance
Des cultures qui se préservent
Qui passent de générations en générations

Alors les sœurs Le Goasduff sont les amies de tout le monde 
Chacun partage une anecdote comme on partage un gâteau de famille
Chacun dispose d’un bout de l’histoire

Alors un jour d’été, en fin de journée, 
quand on est arrivé chez Francine et Marie
avec nos micros et enregistreurs
j’avais l’impression de rentrer à l’Elysée
Le matin j’avais même repassé ma chemise

Et heureusement car Francine et Marie étaient sur leur trente-et-un
Toutes belles
En couleurs
On devait être autour du 14 juillet
Un vrai feu d’artifice
Elles avaient aussi dû aller chez le coiffeur
Bref, elles nous attendaient !

Tout de suite elles se sont étonnées de ne pas voir de caméras
Juste des micros a demandé Francine ?
Oui oui ai-je murmuré de peur de me prendre une remarque
Sans les caméras on avait l’air pas à la hauteur de ce rendez-vous
De leur rendez-vous !

Christine, en douceur, leur a expliqué l’absence d’images
L’importance de préserver leur voix
L’arrivée des « podcasts » aussi dans cette modernité mouvante
La puissance du décalage dans un monde qui va si vite
La douceur de perdre son temps en prenant celui du temps d'écouter
Pour apprendre autrement
Pour les découvrir différemment

Si Francine parlait beaucoup, Marie observait 
Son regard était là
Comme la présence d'une Maîtresse d’école qui sait se faire respecter
En silence 
Christine a su rassurer
Cr

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