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Juriste historien, Dario Mantovani est né en 1961 à Milan (Italie). Sa formation en lycée classique a préludé aux études de droit. Il a parcouru dans différentes universités italiennes (Trente, Parme) une carrière de chercheur et d'enseignant, avant de devenir professeur de droit romain à l'université de Pavie (à partir de 1997).

Droit, culture et société de la Rome antique - Dario Mantovani Collège de France

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Juriste historien, Dario Mantovani est né en 1961 à Milan (Italie). Sa formation en lycée classique a préludé aux études de droit. Il a parcouru dans différentes universités italiennes (Trente, Parme) une carrière de chercheur et d'enseignant, avant de devenir professeur de droit romain à l'université de Pavie (à partir de 1997).

    09 - Corps et esprit : réalités et métaphores de la possession. L'anthropologie vue par les juristes romains

    09 - Corps et esprit : réalités et métaphores de la possession. L'anthropologie vue par les juristes romains

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougent

    Résumé

    Les juristes, comme tout un chacun, philosophe ou homme de la rue, étaient conscients du dualisme constitutif de l'homme, unité du corps et de l'âme (mieux encore, du corpus, de l'animus, la composante rationnelle de l'intériorité, et de l'anima, la composante sensorielle). Ils ont utilisé ce dualisme dans divers contextes, la « corruption » de l'esclave, la vente d'esclaves sur le marché et surtout dans la configuration de la possession. Dans tous ces cas, la donnée anthropologique est déconstruite et remontée selon les besoins du droit, qui se saisit de l'extériorité et de l'intériorité de l'être humain par le langage, notamment par les métaphores. Quand l'homme entre dans le droit, il en sort transformé.

    • 1 hr 5 min
    08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougent

    08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougent

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougent

    Résumé

    Donner corps aux idées et les faire bouger dans l'espace est un moyen efficace de représenter et manier des abstractions. Certaines métaphores spatiales et ontologiques sont entrées dans l'usage du langage juridique à tel point qu'elles ne sont plus perçues comme telles. C'est le cas du mot conventio, que le juriste Ulpien explique (Digeste 2.14.1.3) en réactivant le sens originel du verbe convenire, qui signifie se réunir en un lieu en étant partis d'endroits différents. D'où l'utilisation métaphorique de conventio pour signifier la rencontre des volontés des parties contractantes. La même métaphore, spatiale et ontologique (selon les catégories de la linguistique cognitive), est reprise dans les articles 1101 et 1113 du Code civil, relatifs à la définition du contrat. De même qu'Ulpien met en lumière la valeur métaphorique de conventio, lire Ulpien nous permet de saisir la matrice de la définition moderne.

    Dans d'autres cas la trame métaphorique du langage juridique est plus cachée, plus profonde, plus fondamentale encore. C'est le cas de l'idée du transfert des droits, selon laquelle les droits sont des objets (ou même des personnes) qui se déplacent, passant d'une main à l'autre et emportant avec eux leur physionomie. La lecture d'un autre texte d'Ulpien (Digeste 41.1.20.1) redonne vie à cette sorte de théâtre des droits. Nous retrouvons enfin les mots d'Ulpien en sous-texte d'une page d'Emmanuel Kant : le destin des métaphores est d'en engendrer d'autres, et celui du droit romain de produire des idées, souvent à notre insu.

    • 1 hr 13 min
    07 - S'en prendre au corps du débiteur, des Douze Tables à saint Ambroise

    07 - S'en prendre au corps du débiteur, des Douze Tables à saint Ambroise

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    S'en prendre au corps du débiteur, des Douze Tables à saint Ambroise

    Résumé

    Les Douze Tables, au Ve siècle av. J.-C., réglementaient une procédure appelée manus iniectio (mainmise) : le créancier était autorisé à emmener le débiteur insolvable chez lui et à le garder enchaîné. En l'absence de paiement, le débiteur pouvait être vendu à l'étranger comme esclave, ou son corps découpé en morceaux. La cruauté de la procédure conduisit les Romains eux-mêmes à tenter de la rationaliser, comme le montre le débat (probablement imaginaire) entre le philosophe Favorinus et le juriste Africanus, à l'époque d'Hadrien, rapporté par Aulu-Gelle (Nuits attiques 20.1). Les préteurs ont également conçu la procédure civile d'exécution selon les règles des Douze Tables : l'emprisonnement du débiteur insolvable était encore, à l'époque classique, une possibilité pour le créancier, qui utilisait son corps pour faire pression sur lui et ses familiers et amis, sans pour autant aller jusqu'à la vente comme esclave ou la mise en morceaux du cadavre. La pratique des représailles sur le corps du débiteur a néanmoins survécu jusqu'à la fin de l'Antiquité. Saint Ambroise la mentionne dans son commentaire du Livre de Tobie (10) : des créanciers arrivaient jusqu'à empêcher – illégalement – l'enterrement du débiteur mort afin de faire pression sur les héritiers. L'empereur Justin (Codex Iustinianus 9.19.6) en témoigne également. L'homélie d'Ambroise n'est quand même pas à prendre au pied de la lettre : elle révèle un sous-texte riche en métaphores juridiques et suggère qu'il était un lecteur averti des textes de droit romain et sans doute des Douze Tables.

    • 59 min
    06 - Perdre la tête pour le droit : la capitis deminutio

    06 - Perdre la tête pour le droit : la capitis deminutio

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    06 - Perdre la tête pour le droit : la capitis deminutio

    Résumé

    Résumé

    Une expression juridique a frappé l'imagination au cours des siècles : capitis deminutio. Le sens est assez clair : comme l'expliquent Gaius, puis Justinien (Institutes 1.16), il s'agit du changement de statut d'un individu, affectant sa liberté et/ou sa citoyenneté, ou sa position potestative au sein de la famille. Mais si cette explication élimine les aspérités et répond au besoin d'un langage rationnel et contrôlé, que signifiait capitis deminutio à l'origine ? Caput était-il compris métonymiquement et métaphoriquement comme la condition juridique ou bien s'agissait-il d'une image de la mort par décapitation, ou encore d'autre chose ? Le cours portera aussi sur les traces que la capitis deminutio a laissé dans le droit moderne.

    • 1 hr 9 min
    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésie

    Résumé

    Il existe de nombreuses façons de définir un objet, en l'occurrence un navire. Ce cours explore les démarches d'un déclamateur latin (Cicéron, De l'invention, 2.153), d'un juriste (Alfénus, Digeste, 21.2.44), d'un érudit (Aulu-Gelle, Nuits attiques, 10.25.5), du graveur d'un sesterce de Néron (RIC 178 ; BnF). Au centre d'un faisceau d'images et de métaphores, suivre le langage d'Alfénus permet de découvrir qu'un poète lui a sans doute emprunté sa métaphore des « membres » d'un navire (Ovide, Métamorphoses, 14.539 sqq.) ; à son tour, le juriste s'est peut-être approprié un diminutif – parva navicula – qu'il avait entendu dans sa jeunesse dans un discours de Cicéron (Après son retour de l'exil, au peuple Romain 19-20). À travers ces liens, la pensée juridique se révèle ancrée dans la culture et la société qui l'entourent.

    • 1 hr 6 min
    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    Dario Mantovani
    Droit, culture et société de la Rome antique
    Collège de France
    Année 2023-2024

    Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine

    04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridique

    Résumé

    Pour aborder un problème juridique, il faut d'abord des concepts pour le rendre maniable, puis le résoudre à la lumière des critères de valeur jugés préférables. Le juriste P. Alfenus Varus, consul en 39 av. J.-C. et personnalité de la scène politique et culturelle romaine, doit déterminer si le fait de changer quelques juges dans un jury modifie l'identité du jury et du procès (Digeste, 5.1.76). Une question d'identité dans le temps, donc. Comment la traiter ? Alfénus utilise la notion de corps développée par la philosophie grecque, qui les distingue selon qu'ils sont unitaires (comme une pierre), composés d'éléments cohérents (comme un navire) ou d'éléments séparés, mais conceptuellement considérés comme un seul corps (comme un peuple). Derrière cette question se cachent de profonds dilemmes philosophiques, notamment celui représenté par le navire de Thésée ou, plus troublant encore, celui concernant l'identité dans le temps de chacun d'entre nous. Pouvons-nous être considérés comme les mêmes qu'il y a une semaine, malgré le changement incessant de notre constitution physique ? L'idée du corps sert donc non seulement pour produire des métaphores permettant de nommer des concepts, mais aussi comme outil d'argumentation.

    • 1 hr 3 min

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