Caffè Croissance 006 – Razzia sur nos data, à qui profite le crime?
« Medbase de Migros, c’est le plus gros employeur de Suisse en termes de médecine ambulatoire. » Dans l'épisode Razzia sur nos data, à qui profite le crime? , Tony & Marco reçoivent Grégoire Barbey, auteur de cette récente enquête, journaliste cyber au journal Le Temps et co-auteur de Notre si précieuse intégrité numérique aux Editions Slatkine (2021). Passionné de politique et de technologies, c’est à lui que sera posée la question du jour, saucissonnée en 7 tranches plus ou moins fines pour l’occasion. Si les GAFAM sont décriées pour leur modèle d’affaires nourri par l’analyse de données personnelles, les organisations suisses ne sont plus en reste: Razzia sur nos data, publiée en mars 2024 par Heidi.news, lève une partie du voile sur l’utilisation de “nos” données par les organisations parmi les plus connues et respectées en Suisse. DEBRIEF Lorenzo Stoll, Head of Cargo chez Swiss WorldCargo, a apprécié le dernier épisode sur la Stratégie de croissance ou rentabilisation et nous l’a fait savoir sur LinkedIn. On prépare les 2 prochains épisodes de Caffè Croissance, avec 2 nouveaux invités après Grégoire Barbey. LA QUESTION DU JOUR: razzia sur nos data, à qui profite le crime? On entre dans le vif du sujet avec une perche tendue par Carmela Troncoso, professeure assistante en informatique à l’EPFL, dans l’épisode 10 de l’enquête. Un exemple qu’elle cite et qui remonte aux années 2000: celui d’un supermarché américain qui effectuait des analyses d’achats à des fins de publicité ciblée. L’analyse du comportement d’achat des shoppers/consommateurs ne date pas d’Internet mais d’avant-guerre, puisque la société Nielsen mesure les achats alimentaires en France depuis 1933. Ses analyses de panel permettent aux marques vendues en rayon de bénéficier d’informations proches de la “Segmentation de la clientèle par période de la vie” illustrée dans l’épisode 3 de Razzia sur nos data. Les analyses des panels Nielsen - présent dans 49 pays - s’effectuent dans une indifférence quasi générale, tandis que l’autre domaine d’activité du groupe Nielsen est la mesure d’audience pour les médias (Internet inclus, i.e. partenariat avec Mediamétrie en France depuis l’an 2000). Pourquoi tant de méfiance envers les GAFAM et tant d’indifférence envers Nielsen? Quand le porte-parole du groupe Migros en Suisse romande tient les propos suivants: Nous n’avons aucun intérêt à obtenir des informations qui ne servent pas ce but (ce qui serait le cas si nous collectionnions des données pour les vendre à d’autres, ce que nous ne faisons pas) C’est omettre que Migros, comme Coop, sont rétribués par Nielsen pour alimenter le panel suisse. Est-il possible que le porte-parole du géant orange n’ait simplement pas connaissance de pareilles “subtilités” ? Parlons maintenant de gouvernance des données, avec une ou deux nuances notables entre Coop & Migros sur la conduite de la transformation digitale des deux mastodontes du retail en Suisse: Tandis que Coop a créé une division “digital & customer” au sein de sa direction en 2023 pour répondre de manière “plus rapide et ciblée” aux attentes des clients, chez Migros la responsabilité en la matière est partagée entre le Marketing (MGB-Cumulus/migros.ch), l’IT et le service juridique. De votre perspective, quelle organisation répondrait mieux aux attentes des clients ? Voilà une information qui a retenu notre attention: Migros va abandonner son environnement informatique sur site (on-premise) pour s’orienter vers le cloud, c’est-à-dire le stockage de données en ligne. Migros exploitait jusqu’ici encore quatre centres de données lui appartenant. Comme Rainer Baumann, chef du département Opérations à la Fédération des coopératives Migros, pensez-vous que ce modèle n’était pas la bonne solution