Coup d’envoi, ce lundi 10 février, à Paris, du Sommet mondial sur l’intelligence artificielle. Tous les projecteurs seront braqués sur les applications et les nouveaux acteurs de ce secteur révolutionnaire. Si les champs de bataille ne sont pas encore peuplés de robots tueurs, les algorithmes d’intelligence artificielle se font une place sans cesse grandissante dans les systèmes d’armes.
Radars hyper-adaptifs nourris au deep learning, cartographie, acquisition de cibles, partage automatisé d’information et drone d’attaques construit autour d’un logiciel dopé à l’IA... la guerre d’Ukraine sert de laboratoire. L’agence ministérielle de l’IA de défense, l’Amiad, créée en 2024 a pour mission de permettre à la France de maîtriser souverainement l’intelligence artificielle de défense, pour « ne pas être en retard d’une guerre », dit son directeur Bertrand Rondepierre :« La guerre en Ukraine, c'est quand même un laboratoire en matière de drones justement. Il y a énormément de choses qui sont en train de s’y faire en matière d'autonomie, d'accomplissement de mission, à la fois sur de la reconnaissance et aussi sur des munitions télé opérées, donc des drones qui font ensuite des frappes. C'est un constat que la guerre évolue. On est vraiment sur une mutation, par exemple avec une massification de drones à bas coûts versus des gros objets très chers, ce n'est pas que l'un soit supérieur à l'autre mais c'est une question qui se pose et donc ça, c'est une mutation qu'il faut prendre en compte et qu'il faut suivre ».
HX-2 un drone dopé à l’IA
Helsing, jeune pousse française a ainsi développé l’HX-2 un nouveau type de drone d’attaque, capable de détruire avec précision des objectifs d’artillerie ou encore des blindés tout en résistant aux brouillages adverses, l’entreprise, nous dit son fondateur Antoine de Braquilanges, a répondu à l’appel du général ukrainien Valeri Zaloujny pour obtenir de ces entreprises venues du civil, une percée technologique, « L'entreprise (Helsing) a annoncé un certain nombre de partenariats et de contrats pour les Ukrainiens, pour offrir finalement aux Ukrainiens cette masse à bas coûts, c'est-à-dire un grand nombre d'objets produits rapidement, dont le prix unitaire finalement est assez faible, mais qui est augmenté avec de l'IA et qui est donc rendue un peu plus d'intelligence. Ce paradigme est fondamentalement nouveau par rapport à des approches de développement capacitaire de très long terme où on déploie et où on développe des plateformes très complexes, sur spécifiées, et en fait finalement assez peu agiles en termes de développement logiciel et d’IA ».
Repenser l’art de la guerre
L’IA remodèle l’art de la guerre et s’impose comme l’alliée indispensable face au déluge d’informations dont disposent les armées. L’IA offre donc plus de vélocité mais pas seulement, indique Marc de Fritsch directeur de MASA leader mondial des logiciels pour l’entrainement des État-major : « Accélérer la décision, mais c'est aussi proposer d'autres solutions et c'est de tester les solutions. C'est là à mon avis, qu’est le plus gros enjeu parce que on peut gagner du temps, mais finalement si on arrive au même résultat, bon, on va juste gagner du temps. Le fait par exemple, d’avoir une simulation connectée au système d’information et de commandement et de pouvoir tester la solution que l'on envisage dans une simulation et de la réinjecter dans les systèmes de commandement, là c'est un énorme avantage ».
Les solutions existent, restent à les concrétiser, notamment pour produire en masse des drones équipés d’IA souligne Antoine de Braquilanges. Les entreprises de l’IA de défense plaident donc pour la création d’un « Airbus » du secteur, ce sera l’un des enjeux du sommet de Paris, « Comment est-ce qu'on fait pour se préparer à ça ? Comment est-ce qu'on passe à l'échelle industrielle ? Quel modèle de production et de supply chain logistique met on en place pour être capable de monter en cadence de production de ces drones par milliers ? Comment le faire à l'échelle européenne ? Tout cela relève d’une volonté de politique industrielle. Nous, on pense qu'on a des solutions. Aujourd'hui, on a des projets chez Helsing qui proposent des solutions souveraines au niveau national, mais sur un modèle européen, pour que le jour J on puisse produire à l'échelle industrielle, des objets en toute autonomie stratégique ».
Les entreprises d’IA de défense plaident donc pour la création d’un « Airbus » du secteur, et ce sera d’ailleurs l’un des enjeux du sommet de Paris.
À écouter aussiDéfense: les drones aidés de l'IA nous obligent à «réinventer notre façon d'appréhender le champ de bataille»
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- PublishedFebruary 9, 2025 at 5:52 AM UTC
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