24 min

La guerre est déclarée Nos Chemins de Liberté

    • Documentary

"Ils ont monté le mât et puis ils ont commencé à remonter le drapeau nazi. Le drapeau rouge avec la croix gammée".

En 1939, Louis Guével avait 17ans. Trop jeune pour être mobilisé, il est resté travailler dans la ferme familiale, au Grouanec. Ses souvenirs sont rassemblés dans ce troisième épisode de Nos chemins de Liberté.

Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.

Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien. 

Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.

Citation
 

« C’était au cours de l’été

Par une journée ensoleillée et chaude

Plouguerneau avait des airs d’Aix-en-Provence

On s’attendait à entendre les cigales



On se demandait où était le ferme des Guével

Frédéric des archives savait

Il nous a proposé de nous montrer le chemin

On a suivi sa voiture en allant au bout de la frontière

C’était à côté du Grouaneg 

A un ou deux kilomètres de là

La ferme était imposante ! 



Sur le palier de sa maison, Louis attendait

La casquette en place

Il nous a fait rentrer dans sa cuisine

Là trônait une grande table

En bois

Massive

On sentait qu’elle avait dû accueillir des sacrés repas de famille

On avait aussi l’impression qu’on était dans la salle du conseil municipal



Faut dire que Louis il connaissait bien le conseil 

Il y avait siégé de nombreuses années

Alors il s’est installé au centre

Et nous on s’est tous et toutes mis en face de lui

Comme des enfants 

Comme ses enfants

Comme ses administrés



On a installé les micros

Branché les câbles

Et appuyé sur les boutons d’enregistrement



Yannig et Christine ont commencé à poser les questions

Fallait parler fort car Louis avait un peu du mal à entendre

S’il avait perdu un peu des oreilles, niveau mémoire c’était tout autre chose

Il avait les jours, les dates, les heures, les minutes et les faits 

On en revenait pas ! 



En quelques minutes on était avec lui

Dans sa vie de jeune qui observait la guerre

On la voyait se dérouler sous nos yeux 

Dans nos oreilles on entendait les bruits de la guerre

En fermant les yeux on avait même les images

Bref, on était au cinéma de Louis

Avec lui on a su comment la guerre avait été déclarée ici 



Après deux heures d’écoute on était rassasié

Louis avait le sourire des jours heureux

Il était content de nous avoir livré tout ça

Pour fêter ce moment singulier, son fils nous a offert à boire

C’est un rite 



Après, Louis nous a ramené à la porte

En douceur

Malgré la chaleur

Christine a voulu faire une photo

Elle aime bien les souvenirs et les rencontres Christine

Alors…



En partant je me suis dit que j’allais faire son portrait dans sa cuisine 

Au milieu de la table

Entre les deux fenêtres

Comme une photo de Président…



Mais Louis s’en est allé avant

Sans doute qu’il n’aimait pas trop poser devant un objectif…



Avec ses 3 enfants on a quand même décidé de la faire cette photo

Sa photo

On a demandé à la police municipale de vider Plouguerneau 

On voulait pas d’habitants, voitures, vélos…

Comme si c’était la guerre qui avait tout emporté

Et dans la rue principale ils ont pris la pause

Sur la photo on sent le silence d’un bourg qui n’est plus maitre de son destin

On sent aussi l’absence d’un père qui manque à ses enfants



Louis nous a fait un beau cadeau

Un témoignage qui restera

Pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petit

"Ils ont monté le mât et puis ils ont commencé à remonter le drapeau nazi. Le drapeau rouge avec la croix gammée".

En 1939, Louis Guével avait 17ans. Trop jeune pour être mobilisé, il est resté travailler dans la ferme familiale, au Grouanec. Ses souvenirs sont rassemblés dans ce troisième épisode de Nos chemins de Liberté.

Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.

Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien. 

Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.

Citation
 

« C’était au cours de l’été

Par une journée ensoleillée et chaude

Plouguerneau avait des airs d’Aix-en-Provence

On s’attendait à entendre les cigales



On se demandait où était le ferme des Guével

Frédéric des archives savait

Il nous a proposé de nous montrer le chemin

On a suivi sa voiture en allant au bout de la frontière

C’était à côté du Grouaneg 

A un ou deux kilomètres de là

La ferme était imposante ! 



Sur le palier de sa maison, Louis attendait

La casquette en place

Il nous a fait rentrer dans sa cuisine

Là trônait une grande table

En bois

Massive

On sentait qu’elle avait dû accueillir des sacrés repas de famille

On avait aussi l’impression qu’on était dans la salle du conseil municipal



Faut dire que Louis il connaissait bien le conseil 

Il y avait siégé de nombreuses années

Alors il s’est installé au centre

Et nous on s’est tous et toutes mis en face de lui

Comme des enfants 

Comme ses enfants

Comme ses administrés



On a installé les micros

Branché les câbles

Et appuyé sur les boutons d’enregistrement



Yannig et Christine ont commencé à poser les questions

Fallait parler fort car Louis avait un peu du mal à entendre

S’il avait perdu un peu des oreilles, niveau mémoire c’était tout autre chose

Il avait les jours, les dates, les heures, les minutes et les faits 

On en revenait pas ! 



En quelques minutes on était avec lui

Dans sa vie de jeune qui observait la guerre

On la voyait se dérouler sous nos yeux 

Dans nos oreilles on entendait les bruits de la guerre

En fermant les yeux on avait même les images

Bref, on était au cinéma de Louis

Avec lui on a su comment la guerre avait été déclarée ici 



Après deux heures d’écoute on était rassasié

Louis avait le sourire des jours heureux

Il était content de nous avoir livré tout ça

Pour fêter ce moment singulier, son fils nous a offert à boire

C’est un rite 



Après, Louis nous a ramené à la porte

En douceur

Malgré la chaleur

Christine a voulu faire une photo

Elle aime bien les souvenirs et les rencontres Christine

Alors…



En partant je me suis dit que j’allais faire son portrait dans sa cuisine 

Au milieu de la table

Entre les deux fenêtres

Comme une photo de Président…



Mais Louis s’en est allé avant

Sans doute qu’il n’aimait pas trop poser devant un objectif…



Avec ses 3 enfants on a quand même décidé de la faire cette photo

Sa photo

On a demandé à la police municipale de vider Plouguerneau 

On voulait pas d’habitants, voitures, vélos…

Comme si c’était la guerre qui avait tout emporté

Et dans la rue principale ils ont pris la pause

Sur la photo on sent le silence d’un bourg qui n’est plus maitre de son destin

On sent aussi l’absence d’un père qui manque à ses enfants



Louis nous a fait un beau cadeau

Un témoignage qui restera

Pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petit

24 min