La Pause géopolitique

Anne Battistoni, Major-Prépa
La Pause géopolitique

La Pause géopolitique est un podcast qui permet de prendre du recul sur les grands événements géopolitiques contemporains. À partir d'un événement d'actualité, ce podcast propose de mobiliser des concepts de géopolitique pour donner des clés de compréhension sur le monde qui nous entoure. La Pause géopolitique est animée par Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire, et proposé par Major-Prépa, le site de référence des étudiants en prépa économique et commerciale.

  1. 2월 14일

    Le Nigéria, grand d’Afrique, puissance d’avenir ?

    En janvier 2025, le Monde proposait une sélection des 15 Africaines et Africains qui avaient marqué 2024 et incarné une forme d’excellence. Cette liste ne comportait pas moins de 5 personnalités nigérianes. On y trouve pêle-mêle une mannequin sud-africano-nigériane, rejetée par l’Afrique du Sud mais élue miss univers Nigeria, l’entrepreneur le plus riche d’Afrique Aliko Dankote, le ballon d’or africain de l’année Ademola Lookman né en Angleterre, qui joue à l’Atalanta de Bergame et qui appartient à la sélection nationale du Nigéria qu’il a porté en finale de la CAN – coupe d’Afrique des nations. La liste intègre aussi un entrepreneur de la tech nigériane Tosin Eniolorunda dont la société Moniepoint est une licorne, c’est à dire valorisée à plus d’un milliard de dollars, et enfin la chanteuse Tems, triplement nominée aux Grammy Awards 2025. Cette diversité incarne le dynamisme du Nigeria, dont le rayonnement culturel est ancien et l’esprit entrepreneurial connu. Elle accrédite l’idée que ce pays est la puissance majeure du continent… Et pourtant, ce pays possède aussi un triste record, il est le dernier pays au monde pour l’espérance de vie. Avec 54 ans et demi, il est 10 ans en dessous de la moyenne du continent africain et dénote dans son environnement régional (en Afrique de l’ouest, la région au plus bas score mondiale, cette espérance est tout de même de 58 ans et demi). Quelles ambitions géopolitiques peut avoir dans ces conditions ce pays ? Ainsi étudier le Nigeria, c’est à la fois appréhender un géant en devenir, déjà rayonnant, mais aussi y lire un concentré des problèmes de développement de l’ Afrique Sub-saharienne. C’est constater aussi que le pays est à l’intersection de thématiques majeures que nous avons pu aborder ou aborderons dans d’autres podcasts : que pèse les héritages coloniaux dans les difficultés du pays ? celui-ci souffre-t-il de la malédiction des matières premières ? Pourquoi le djihadisme subsiste-t-il et s’exprime-t-il violemment, même si l’on parle beaucoup moins de Boko Haram dans les médias, vous l’avez constaté .. ? La croissance de la population explique-t-elle les faiblesses de son développement et notamment le drame de la faim qui s’y joue encore ? Les « clans nigérians » sont ils une facette de la « gangstérisation du monde » et des opportunités criminelles offertes par la la mondialisation ? et ce pays, qui candidate à l’entrée dans le groupe des BRICS+ peut-il obtenir la reconnaissance internationale attendue en tant que grande puissance du Sud Global ?

    48분
  2. 1월 20일

    Trump et la puissance américaine (hier, aujourd'hui, demain)

    Le 18 et 19 novembre dernier s’est tenu à Rio de Janeiro, sous présidence brésilienne, le Sommet annuel du G20. Alors que l’ONU est largement paralysée, le G20 demeure l’institution multilatérale la plus représentative du monde contemporain et par son format restreint permet des débats et des rencontres entre les acteurs premiers du monde. Or l’événement est passé largement inaperçu. Certes la présence d’un Joe Biden, affaibli par la victoire Républicaine, en est l’une des raisons. L’absence de V. Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par la Cour pénale Internationale pour crimes de guerre était aussi marquante. Lula, président brésilien a choisi d’éviter les sujets de clivages et donc les conflits majeurs du temps présent, en Ukraine et au Moyen-Orient. Mais aucune avancée notable n’a pu être enregistrée sur les autres dossiers : comme la question climatique ou la taxation exceptionnelle des milliardaires. Finalement ce G20 aura été surtout l’expression de la crise du multilatéralisme, de la décomposition de l’ordre international et enfin de l’affaiblissement de l’influence occidentale. En effet, si il y eut un gagnant sur ces terres latino-américaines, ce fut le président chinois Xi Jinping qui séjourna 11 jours, entre rencontres bilatérales et sommets internationaux. Il signa une soixantaine d’accords commerciaux - la Chine est en effet devenu le premier partenaire commercial de la quasi-totalité des pays d’Amérique latine à l’exception notable du Mexique) - , il célébra avec la présidente péruvienne l’ouverture du Port de Chançay construit par l’entreprise chinoise Cosco pour dynamiser et renforcer les relations commerciales entre Chine et les pays sud américains de la rive Pacifique. Bref, il a donné l’impression que l’influence de son pays avait détrôné celle des Etats-Unis en Amérique Latine. Le rayonnement et l’autorité des Etats-Unis seraient-ils sur le déclin ? Le XXe siècle fut incontestablement un siècle américain (comme le pronostiquait dès 1941 le journaliste Henry Luce). Faut-il admettre que le XXIe siècle serait celui de la Chine ? et que le temps du repli est venu pour les Etats-Unis ?

    45분
  3. 2024. 12. 16.

    Les minerais, or noir du XXIe siècle ?

    En France, en 2022, l’ancien patron de Peugeot Citroën, Philippe Varin, a rendu un rapport sur les métaux critiques : il montre que le pays dépend à près de 100% de l’extérieur pour ses approvisionnements en métaux nécessaires à la transition énergétique. Comme bien des pays développés, la France a progressivement fermé ses mines et abandonné la filière minière pour des raisons à la fois économiques - coûts plus élevés que la concurrence - et environnementales. Certes, les ressources du sous-sol français sont limitées mais c’est aussi la filière du raffinage qui fut abandonnée. Lorsqu’un industriel a besoin de métaux, il utilise des minerais qui ont déjà subi une première transformation. Entre le produit extrait de la mine et le produit fini, se situe l’étape du raffinage qui a pour but d’extraire le précieux métal de la quantité de terre et d’autres roches avec lequel il est amalgamé. Le processus de séparation nécessite beaucoup d’énergie, d’eau et est potentiellement source de grandes pollutions. Ainsi, alors que, dans les années 1980, le groupe français Rhône-Poulenc purifiait dans son usine de La Rochelle près de 10 000 tonnes de terres rares soit la moitié du marché mondial, cette activité a été pourtant progressivement abandonnée pour des raisons environnementales (des rejets radioactifs) et de coûts. Il était bien plus commode d’importer de Chine. Aujourd’hui, après le rapport Varin, le gouvernement cherche à reprendre la main. Le code minier a été simplifié, une nouvelle cartographie du sous-sol est en cours par le BRGM, le service géologique national, et plusieurs projets industriels sont en développement. Du côté de l’extraction, le groupe Imerys souhaite ouvrir une mine de lithium dans l’Allier tandis que le français Eramet et Electricité de France veulent exploiter du lithium issu d’eau géothermale en Alsace. C’est bien une filière qu’il faut mettre en place, ainsi dans le cas de l’Allier, le projet se décline en trois étapes, l’extraction à Echassières , un site de stockage à une quinzaine de kilomètres et une usine de conversion pour le raffinage à Montluçon à une cinquantaine de kilomètres. Et l’on reparle d’ouvrir à La Rochelle, avec le groupe belge Solvay, une usine de recyclage pour récupérer des terres rares. Mais, pour aboutir, ces projets doivent surmonter deux écueils : celui du financement d’abord, car ils sont toujours très coûteux (1 milliard d’euros pour le projet de l’Allier) ; celui ensuite du débat public qui révèle la vigueur d’oppositions diverses liées à la fois aux possibles conséquences environnementales et à l’utilité réelle du projet. L’Etat lui a choisi, il considère le projet dans l’Allier d’ « intérêt national majeur », insistant ainsi sur l’aspect géopolitique de la question. S’intéresser aux matières premières, c’est donc prendre en compte une question majeure de notre siècle. Le pétrole a été l’or noir du XXe siècle. Le XXIe siècle sera donc métallique : dopée par la transition verte et la numérisation de l’économie mondiale, la demande en minerais s’envole. Or la production aujourd’hui ralentit, les découvertes de nouveaux gisements se raréfient. Les États se livrent donc à une compétition féroce pour sécuriser leurs approvisionnements. Les ressources présentes sur terre sont-elles suffisantes pour faire face à l’explosion des besoins ? Peut-on les exploiter sans détruire la planète ? Cette manne financière profite -t-elle réellement aux Etats producteurs ou sont-ils condamnés à la « malédiction des matières premières », un concept mis en valeur déjà il y a plusieurs décennies ? Les Occidentaux pourront-ils rattraper leur retard sur la Chine dans la sécurisation de leur filière minière ?

    43분
  4. 2024. 11. 19.

    Géopolitique du Liban : un État en voie de disparition ?

    Les diagnostics posés sur l’état du Liban sont souvent dramatiques. En décembre 2020, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, exprimait par cette boutade son sentiment « Pour moi, disait-il, c’est le Titanic sans orchestre ». Dans l’ouvrage paru en 2022, l’historien et politologue Pierre – Jean Luizard n’hésite pas à parler à propos du Liban d’un pays en voie de disparition. Aux côtés de Syrie, Irak, Yémen, Libye, il le range dans la catégorie des Etats faillis, que l’on peut définir comme des États qui ne remplissent pas leurs missions auprès de leur population tant dans les domaines régaliens (justice, sécurité, monnaie, contrôle du territoire) que dans la fourniture de services économiques et sociaux à leur population. En un demi-siècle, le pays a connu guerre civile, offensives et occupation israélienne et syrienne, attentats et assassinats politiques en série, vacance du pouvoir politique et multiples formes d’ingérence étrangères. Or ce pays dans les années 1950 ou 1960 apparaissait comme un îlot de prospérité et de coexistence réussie, on le qualifiait de Perle du Moyen-Orient, de Suisse orientale, Beyrouth était parfois surnommée le Paris du Moyen-Orient… Quoi qu'on pense de ces qualificatifs d’ailleurs, le constat est là. Le Liban va mal, et la guerre qui l’accable fait plonger un peu plus le pays dans la nuit. Pourquoi ? Si l’État ne fonctionne pas, serait-ce parce qu’il n’existe pas ? qu’il n’y a pas vraiment eu d'État nation libanais ? Ce pays n’est-il pas une création artificielle, coloniale qui n’a pas réussi à souder la communauté de ses habitants ? Cette explication facile fait fi des fragilités internes, comme des enjeux régionaux et des interventions étrangères dans ce pays souvent perçu comme un État tampon, hier entre l’Europe et le monde ottoman, aujourd’hui entre Israël et l’Iran. La réalité est plurielle et complexe.

    42분
  5. 2024. 10. 31.

    Géopolitique du Japon, une puissance si discrète

    Le 18 septembre dernier, un triste fait divers a accru les tensions entre le Japon et la Chine. Un enfant japonais de 10 ans a été tué, poignardé sur le chemin de son école à Shenzhen, la grande métropole technologique et industrielle du Sud Est de la Chine. Celle-ci parle d’un incident isolé, mais cette attaque a eu lieu le jour anniversaire du début de l’invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931 et survient 3 mois après l’attaque en juin d’un autre enfant japonais et de sa mère à un arrêt de bus. Elle s’insère dans un climat de dégradation des relations entre les deux pays. Le sentiment antijaponais en Chine a toujours été vivace, nourri de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Depuis un an on observe un regain des tensions et, le 26 août dernier, pour la première fois un avion de reconnaissance de l’Armée chinoise est entré dans l’espace aérien japonais. Il est vrai que le rapport de force entre les deux Etats a considérablement changé en ½ siècle : à la fin des années 1960 le Japon était la troisième puissance économique mondiale – derrière Etats-Unis et URSS, grâce à une croissance économique spectaculaire, deux fois plus rapide que celle des autres pays occidentaux. À l’époque la Chine était un pays fermé, vivant au rythme des révolutions maoïstes, isolé dans la communauté internationale et dont les habitants vivaient pauvrement. En 2010 le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon alors N°2. Depuis, la Chine ambitionne d’être numéro 1 dans tous les domaines, développant des ambitions maritimes, elle inquiète le Japon, surtout depuis l’arrivée de Xi Jingping au pouvoir en 2013 menant une politique plus autoritaire et plus agressive. Que peut faire le Japon ? Dans sa Nouvelle histoire du Japon, l’historien Pierre François Souryi écrit en 2023 : « Méprisé par son principal allié les Etats- Unis, à peu près ignoré par les Européens, incapable de s’entendre avec son voisin russe sur une frontière communément admise, suscitant toujours autant d’antipathie chez son voisin sud-coréen et menacé de ses fusées par Pyongyang, tenu à distance par une Chine prompte à raviver les cicatrices de la guerre, le Japon est pour ainsi dire inaudible sur les grands problèmes du monde contemporain ». Le bilan est-il vraiment aussi accablant ? pour un pays qui possède pourtant maints critères de puissance ? Revenons à l’actualité.

    47분
  6. 2024. 09. 26.

    Le monde en 2024 : lignes de force, lignes de fracture ?

    Nous autres, Européens, vivons une période déstabilisante. Nous sommes sans doute le continent le plus préservé des soubresauts politiques, économiques et sociaux par la stabilité de nos institutions, par la protection offerte par l’Union Européenne, par le niveau de vie et la couverture sociale que nous avons construits depuis les décennies de l’après-guerre. Nous avons fortement contribué à proposer au monde un mode de règlement des conflits ou de gestion des biens publics mondiaux basé sur le dialogue, le multilatéralisme, l’édification de règles communes. Or depuis quelques années, ce monde semble en train de s’effondrer. Il est vrai que la guerre s’étend et semble toujours plus proche de nous. A moins de 5 h d’avion de Paris, des combats déchirent l’Est européen, le Caucase, le Proche-Orient, ou le Nord Sahel. Ce sentiment d’un monde qui s’effondre s’explique aussi par la panne du multilatéralisme : le dialogue, la recherche de compromis nous ont permis de vivre en paix au sein de l’Union Européenne or cette capacité à dialoguer entre grandes puissances semble au point mort. Enfin, c’est tout simplement notre place dans le monde qui est aujourd’hui remise en cause lorsque nos tentatives pour proposer des solutions via des normes, des valeurs ou des actions est rejetée. Le monde en 2024 se résume -t-il alors à une géopolitique du désordre ? Tout converge pour donner cette impression : l’extension de la guerre (guerres chaudes et meurtrières, guerres froides porteuse de tensions plus grandes encore), la contestation des démocraties, le regain des protectionnismes, la multiplication des accidents climatiques … Il est donc urgent de chercher l’intelligibilité du monde. Nous savons que nous vivons des crises multiples et que celles-ci sont la traduction du passage d’un monde ancien à un nouveau monde qui est en train de naître. Mais au-delà du recours à cette analyse (inspirée par Gramsci), ne peut-on décrypter les désordres ambiants comme une phase mettant en place de nouveaux acteurs et aussi de nouvelles règles... dessinant un nouveau monde que nous aurions intérêt à prendre en compte, à intégrer le plus rapidement possible pour y trouver notre place. Peter Drucker, l’un des pères du management, disait : « le plus grand danger dans les moments de turbulence, n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec la logique d’hier. » Aussi, mettons-nous au temps présent.

    42분
  7. 2024. 06. 07.

    L’Europe centrale, nouveau centre de gravité de l’Union 20 ans après son intégration ?

    En avril dernier, les élections présidentielles organisées en Slovaquie aboutissaient à la victoire de Peter Pellegrini, candidat allié au premier ministre nationaliste et populiste Robert Fico. Cette victoire s’est largement jouée sur le thème de la guerre en Ukraine, le nouveau président affirmant qu’il était le candidat de la paix tandis que son adversaire pro-européen allait précipiter son pays dans la guerre par son soutien aux Ukrainiens. La Slovaquie se retrouve ainsi dirigée par un duopole populiste et nationaliste après la victoire de Robert Fico aux législatives d’octobre 2023. Son gouvernement qui vient par ex en mars d’annoncer la suppression de l’instance judiciaire chargée de lutter contre la corruption, s’annonce illibéral. La Slovaquie rejoint ainsi la Hongrie de Orban à la fois dans la complaisance vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine et le refus d’aider l’Ukraine, et dans la critique de l’action de l’UE et la remise en cause de l’Etat de droit. Qu’en penser ? 20 ans après son entrée dans l’Union, l’Europe de l’Est semble générer des Etats qui freinent la construction européenne et qui rejettent un certain nombre de ses valeurs. Pourquoi ? Mais de qui parle-t-on ? L’Europe centrale et orientale a-t-elle encore une identité spécifique ? L’attaque russe sur l’Ukraine en février 2022 et la guerre qui dure depuis plus de deux ans apparaît comme un révélateur des divisions au sein de cette Europe de l’est. L’euroscepticisme militant des démocraties illibérales (Pologne avant 2023, Hongrie, Slovaquie aujourd’hui) contraste avec l’ europhilie des Etats baltes ou aujourd’hui de la Pologne. Dans ce pays, vous vous en souvenez peut-être les élections au printemps 2023 ont conduit à la victoire de Donald Tusk à la tête d’une coalition centriste et pro-europe qui s’attache depuis à rétablir l’Etat de droit dans le pays. Comment comprendre ces évolutions et ces disparités ? Les spécificités de l’Europe centrale se sont-elles diluées en entrant dans l’Union ou bien cette intégration a-t-elle conduit à une réaffirmation de leur identité propre ? Certes aucun Etat entré il y a 20 ans ne souhaite quitter l’Union, car tous savent ce qu’elle leur apporte. Mais la question est posée : Peut-on passer d’une identité socialiste à une identité européenne facilement, en faisant l’économie d’une affirmation nationale ? Pour le dire brutalement, leur volonté affirmée clairement il y a 20 ans n’était -elle qu’un trompe l’œil masquant l’appât du gain ? en l’occurrence les aides européennes ?

    43분

소개

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