Ukraine: à Izioum, alors que la ligne de front se rapproche, le difficile choix de partir

Alors que le monde écoute les dernières sorties de Donald Trump à propos de l'Ukraine et les réponses de Kiev, la guerre ne s'est pas arrêtée pour des millions d'Ukrainiens. Izioum, dans la région de Kharkiv, a été libérée il y a plus de deux ans, mais la ligne de front se rapproche à nouveau dans cette ville martyre, dont beaucoup de bâtiments ont été détruits pendant les combats et qui continue d'être la cible régulière des bombardements.
De notre envoyée spéciale à Izioum,
Les milliers d'habitants qui se trouvent encore à Izioum, dans le nord-est de l'Ukraine, ou y sont revenus, courent le risque à chaque instant de perdre la vie sous les bombes. Mais même face au danger et à l'incertitude, certains choisissent de rester. Lorsqu'on arrive dans la ville, après environ deux heures de route de Kharkiv, la première chose que l'on remarque, c'est le cimetière d'Izioum et, à côté, les fosses communes dans lesquelles 447 corps torturés de civils et soldats avaient été retrouvés lors de la libération de la ville par l'armée ukrainienne en septembre 2022.
Depuis, l'occupation russe a cessé, mais les bombardements continuent. Le 4 février dernier, six personnes sont mortes et plus de cinquante ont été blessées lorsqu'un missile russe s'est abattu sur un centre administratif.
« Nous étions arrivés à l'heure au travail, à l'administration, et j'ai vu l'alerte aérienne. Je suis rentré et nous avons été emportés par le souffle de l'explosion, témoigne Sasha, un survivant d'une cinquantaine d'années. J'ai couru et j'ai dit : "Père, père, es-tu en vie ?" On était vivants. Je lui ai dit : "Sortons d'ici." Les fenêtres, les portes, tout était sens dessus dessous. Nous sommes sortis, plusieurs personnes sont sorties, et beaucoup étaient blessées. Parmi elles, je ne connaissais que Vitya, un ouvrier, il était venu de Koupiansk au début de la guerre, sa fille l'avait emmené. Il s'était enfui à cause de la guerre. »
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« Je ne veux pas partir, j'ai grandi ici toute ma vie, c'est ma ville natale »
Malgré la proximité de la ligne de front, désormais à moins d'une cinquantaine de kilomètres, et la présence accrue de militaires en ville, Izioum reste un lieu de vie pour des milliers de personnes, loin des quelque 45 000 habitants avant la guerre. Les cafés, magasins et transports en communs continuent de fonctionner.
« Il y a un générateur, si on a une panne d'électricité, on le branche et tout fonctionne », explique Anatoly, 30 ans, gérant d'un café-épicerie. Le jeune homme hésite à partir : « C'est une question difficile, je comprends que c'est particulièrement dangereux d'être ici cet hiver, mais je ne veux pas partir. J'ai grandi ici toute ma vie, c'est ma ville natale. Mais ma mère et ma sœur viennent tout juste de partir pour l’Allemagne... »
Alors que le bruit de l'artillerie se fait à nouveau entendre à Izioum, beaucoup de civils n'ont pas les moyens financiers de partir. Ils craignent une nouvelle occupation russe, mais préfèrent rester chez eux que d'envisager une vie d'exil ou de déplacés à l'intérieur même de leur pays.
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Información
- Programa
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- FrecuenciaCada día
- Publicado23 de febrero de 2025, 23:02 UTC
- Duración3 min
- ClasificaciónApto