Spécialiste de la détection de radiofréquence par satellite, la start-up Unseenlabs s'est imposée dans le domaine de la surveillance maritime. Basée à Rennes cette jeune pousse multiplie les levées de fonds et affiche des ambitions à la frontière du spatial civil et militaire. Zoom sur le « New Space » français.
Rediffusion du 12 mai 2024.
Attention pépite ! Unseenlabs a vu le jour il y a dix ans. Les frères Galic, Clément Benjamin et Jonathan ont saisi les opportunités offertes par les nano satellites pour détecter et localiser en mer avec une extrême précision n'importe quel navire grâce à ses émissions électromagnétiques.
Ce fut une première révolution, nous explique Clément Galic : « Nos satellites sont des antennes dans l'espace qui peuvent capter des signaux radiofréquence. Ça, c'est un domaine qui était réservé. C'était la chasse gardée de la défense - pour la défense dure - jusqu'à ce que nous décidions en 2015 d'ouvrir ce marché au monde de la sécurité civile et du privé.
Donc, tout part de trois frères qui ont envie de tenter l'aventure spatiale, de placer en orbite un instrument capable de localiser les sources d'émissions radio fréquence. On s'est dit : on est des ingénieurs mais on crée une boîte privée qui devra gagner de l'argent, essayons au moins dans un premier temps, de nous attaquer à un marché que l'on sait en besoin de nouveaux types de données.
C'est comme ça qu'on s'est focalisé sur la surveillance maritime. Ca va intéresser ce qu'on appelle 'l'action de l'État en mer'. Nous, l'essentiel de nos activités, c'est la lutte contre la pêche illégale. Donc ce n'est pas de la défense dure, c'est de la police des mers en fait. Et on a le pendant privé qui vont être les armateurs, les assureurs : on va pouvoir leur apporter des données qui vont renseigner plus finement sur la réalité des trafics maritimes ».
Avec leur technologie et leur constellation de 13 nano-satellites, les ingénieurs d'Unseenlabs peuvent cartographier la position des bateaux, y compris détecter les navires qui auraient coupé leur système d'identification automatique comme le font régulièrement des bateaux russes qui s'arrêtent au large de l'Irlande, à la verticale d'un câble sous-marin stratégique.
Adapter le système à n'importe quel type d'émetteur
Forte de ce savoir faire, l'entreprise rennaise souhaite élargir ses capacités de surveillance au domaine terrestre pour traquer les brouilleurs, un sujet saillant notamment en Ukraine où les brouillages antidrones sont omniprésents.
« Un brouilleur, reprend Clément Galic, Pdg d'Unseenlabs, c'est une grosse machine, qui est un gros camion qui envoie ce qu'il faut en radiofréquence pour brouiller tout ce qui passe autour.
Nous depuis l'espace, on sera capable de localiser ces sources de brouillage, de les caractériser et d'expliquer aux intéressés, comment contre-brouiller, pour pouvoir agir. Aujourd'hui ce qu'on fait, c'est de localiser des bateaux, et bien on fera la même chose pour les brouilleurs. Et en fait, l'idée c'est vraiment de répliquer ce marché du maritime à n'importe quel type de marché, n'importe quel type d'émetteur. Nous, on n'a pas le rôle de se substituer à l'Etat, par contre, ce qu'on apporte, c'est une capacité qui va coûter moins cher pour compléter ou soulager peut-être des services patrimoniaux, grâce à nos données. Donc c'est du complémentaire ».
Unseenlabs, n'a qu'un concurrent américain, et pour continuer à mener la course en tête, la pépite tricolore envisage dès 2026 de lancer une flotte de satellites de 150 kilos, de nouvelle génération.
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- Veröffentlicht18. August 2024 um 04:52 UTC
- Länge3 Min.
- BewertungUnbedenklich