L’institution du pape, au cœur du christianisme catholique, est l’une des plus anciennes et durables du monde. Elle trouve ses racines dans la figure de saint Pierre, l’un des douze apôtres de Jésus. Selon la tradition chrétienne, Jésus aurait confié à Pierre une mission particulière en déclarant : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Évangile de Matthieu). Ce passage est interprété par l’Église catholique comme la désignation de Pierre comme premier chef de la communauté chrétienne. Pierre aurait ensuite été le premier évêque de Rome, et c’est en sa mémoire que s’ancre la légitimité spirituelle de ses successeurs, les papes. À l’origine, les premiers évêques de Rome n’avaient pas un pouvoir universel sur l’ensemble des chrétiens. Mais, au fil des siècles, l’évêque de Rome acquiert une autorité grandissante, en raison de la centralité de Rome dans l’Empire romain et du prestige de saint Pierre. Dès le IIIe siècle, certains évêques romains commencent à intervenir dans les affaires d'autres Églises. Cette influence prend un tournant décisif après la conversion de l’empereur Constantin au IVe siècle et la légalisation du christianisme dans l’Empire. Le terme « pape », issu du grec pappas (« père »), devient réservé à l’évêque de Rome. À partir du Moyen Âge, les papes sont de véritables puissances politiques. Ils règnent non seulement sur l’Église, mais aussi sur les États pontificaux, un territoire important en Italie centrale. Des papes comme Grégoire VII ou Innocent III jouent un rôle déterminant dans la politique européenne. Le pape peut excommunier des rois, couronner des empereurs et lancer des croisades. L’Église devient une force unificatrice de l’Occident chrétien. Mais cette puissance connaît aussi des crises. Le Grand Schisme d’Occident (1378-1417) voit plusieurs papes rivaux se disputer la légitimité pontificale. Au XVIe siècle, la Réforme protestante, menée par Martin Luther, conteste l’autorité du pape, provoquant la rupture avec une partie du monde chrétien. Au XIXe siècle, avec l’unification de l’Italie, les papes perdent leurs territoires temporels. En 1870, Rome est annexée, mettant fin aux États pontificaux. En réponse, le concile Vatican I proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale : lorsque le pape s’exprime ex cathedra sur des questions de foi ou de morale, il ne peut se tromper. Cette affirmation renforce son autorité spirituelle. En 1929, les accords du Latran signés avec l’État italien créent le Vatican, un État indépendant dont le pape est le souverain. Le pape devient alors une figure mondiale, influente au-delà du seul domaine religieux. Jean-Paul II, pape de 1978 à 2005, incarne cette dimension universelle. Premier pape polonais, il joue un rôle central dans la chute du communisme en Europe de l’Est. Depuis 2013, le pape François, premier pape originaire d’Amérique latine, marque l’institution par son style simple, son attention aux pauvres, ses prises de position sur l’écologie, la justice sociale et les abus sexuels dans l’Église. Il cherche à réformer une institution millénaire, tiraillée entre tradition et modernité. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.