Relations USA/Europe : et si Trump gagnait ? - Jean-Noël Barrot est l'invité des 4V du 05 novembre 2024
C’est le jour J aux États-Unis. La bataille électorale aux US touche enfin à sa fin, laissant derrière elle des mois d’attaques cinglantes, de débats houleux, et de promesses enflammées. D'un camp à l'autre, les discours se sont durcis, les accusations se sont multipliées, et le pays entier a retenu son souffle. Désormais, l'Amérique se retrouve face à elle-même, à panser les plaies d’une division politique toujours plus marquée. Ce marathon de discours et de sondages laisse place à l’incertitude, tandis que les Américains, las et divisés, scrutent l'avenir avec autant d'espoir que d'appréhension. Reste à savoir si les vainqueurs, autant que les vaincus, sauront transformer les promesses en actes et restaurer la confiance. En Europe, le match serré entre Kamala Harris et Donald Trump déchaîne les passions. Et la possibilité de revoir l’homme d’affaires reprendre du service à la Maison Blanche est loin d’enchanter la France. Au ministère des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot s’interroge. En effet, le ministre de l’Europe souhaite pérenniser les relations diplomatiques entre ces deux nations. Quelque soit l’issue du scrutin, ce dernier affirme que le continent « survivra à la 60e élection des États-Unis […] c’est un choix souverain du peuple américain et nous prendrons le président que les Américains nous donneront ». Rompu à l’exercice de 2016 à 2020, Donald Trump avait renoncé à certains traités notamment celui de Paris sur le climat en tournant le dos à l’OTAN. Depuis sa défaite face à Joe Biden en 2020, l’ancien producteur de télévision est allé encore plus loin dans ses déclarations en affirmant en début d’année qu’il ne viendrait pas en aide aux Européens s’ils étaient attaqués. « Je crois qu’il faut que l’Europe sorte de son complexe d’infériorité, qu’elle se réveille et qu’elle se muscle sur le plan militaire, sur le plan industriel et sur le plan commercial. Cette idée simple, la France la porte avec force depuis sept ans maintenant par la voix du président de la République. Il est plus que temps de la mettre en place avant maintenant » affirme notre invité au micro de Jeff Wittenberg. Pour l’Ukraine, la victoire de Donald Trump pourrait marquer un virage décisif et donner un avantage considérable à la Russie dans ce conflit qui perdure depuis maintenant deux ans. Jusqu’à aujourd’hui, l'aide américaine à l'Ukraine s'est imposée comme un soutien essentiel pour le pays dans sa résistance face à l'agression russe. Depuis le début de l'invasion, les États-Unis ont fourni une assistance massive en armes, équipements militaires, et aides financières, visant à renforcer les capacités de défense ukrainiennes. Ce soutien inclut des systèmes d'armement avancés, comme les missiles anti-chars et les drones, ainsi que de l'entraînement militaire pour les soldats ukrainiens. Parallèlement, une aide humanitaire importante a été déployée pour soutenir la population civile, avec des fonds destinés à l'approvisionnement alimentaire, les soins médicaux, et l'accueil des personnes déplacées. Alors, Donald Trump pourrait-il avantager Vladimir Poutine ? « Je ne crois pas que Donald Trump voudra avaliser la plus grande annexion territoriale depuis 75 ans. Ce serait oublier qu’aucune paix juste et durable ne peut être conclue dans le dos des Ukrainiens et par-dessus la tête des Européens. Mais ce serait surtout consacrer la loi du plus fort ce qui entraînerait des conséquences très lourdes pour le reste du monde » nuance le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Pourtant, Donald Trump a clairement induit l’idée qu’il réduirait, le cas échéant, l’aide américaine. « Nous venons de signer et les États-Unis y ont contribué, un prêt de 50 milliards consentis à l’Ukraine […] la Russie est au bord de l’asphyxie » déclare Jean-Noël Barrot. K.Harri