France: la fin d'une dissuasion nucléaire chimiquement pure?

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Le 27 avril, Emmanuel Macron s'est de nouveau dit prêt à ouvrir le débat d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire. Une inflexion se fait jour, dans une doctrine qui jusque-là érigeait la dissuasion comme une défense strictement nationale. 

« Dissuasion nucléaire chimiquement pure », la formule est celle du diplomate Nicolas Roche, dans Les mondes en guerre publié en 2021. Il soulève la singularité d'une dissuasion française strictement vouée à menacer de riposte un agresseur pour empêcher la guerre.

Une arme placée exclusivement entre les mains du président faisant de la France une monarchie nucléaire, reposant sur une doctrine qui, ces trente dernières années, n'a connu que de rares évolutions, précise l'historien Yannick Pincé, chercheur au centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques : « On a notamment renoncé à l'armement tactique qui représente en fait les armes nucléaires qui visaient des objectifs militaires. Jacques Chirac a renoncé au ciblage démographique pour cibler en fait ce que l'on appelle des dommages inacceptables sur les adversaires. Et on est passé de trois composantes nucléaires, donc Terre, Mer et Air à deux composantes, Terre et Air. »

Deux composantes donc, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins dotés de leurs missiles balistiques stratégiques M51 et la composante aérienne avec les chasseurs-bombardiers Rafale et leurs missiles ASMP-A, au service d'une doctrine invariable. Invariable jusqu'au bouleversement majeur de la guerre en Ukraine et d'un éventuel retrait du parapluie nucléaire américain comme le laisse entendre le candidat Donald Trump.

Dissuasion nucléaire

La dissuasion nucléaire est un outil de souveraineté impossible à partager, et ce, pour une raison simple : qui appuierait sur le bouton ? Mais depuis le discours de Toulon en 2022, Emmanuel Macron indique qu'il souhaite « européaniser » la capacité de dissuasion nucléaire. Les intérêts vitaux de la France s'étendent à l'Europe, précise le président français. Une réassurance qui, en filigrane, existe déjà pointe Yannick Pincé : « Rien que la présence de soldats français à l'Est, est une forme de réassurance nucléaire, puisqu'en cas d'offensive russe contre un pays d'Europe de l'Est, ça passerait par des combats contre des soldats français, contre des soldats d'une puissance nucléaire, ce qui ferait réfléchir à la base. Mais on peut imaginer tout un tas de dispositifs qui maintiendraient la souveraineté française sur nos armes nucléaires. Par exemple, comme on l'a fait lors de nos exercices aériens, on peut inclure des avions alliés dans nos exercices de raid nucléaire. On peut aussi stationner des rafales dans des pays alliés, sur le modèle de ce que pratiquent les Américains au niveau de l'Otan. C'est-à-dire que les armes nucléaires resteraient gardées par des soldats français et resteraient en fait dépendantes d'un ordre d'engagement du président de la République française. Donc ce n'est pas vraiment un partage, c'est plus une européanisation et une forme de réassurance vis-à-vis de nos alliés. »

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Reste que ces inflexions constituent un véritable tournant dans la dissuasion nucléaire, assure l'historien Yannick Pincé : « On ose désormais parler de dialogue avec nos alliés sur la défense européenne qui inclurait notre dissuasion nucléaire. On ose aussi envisager l'échec de la diss

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