Milieux Bibliques - Thomas Römer

Milieux Bibliques - Thomas Römer

Le titre de la chaire Milieux bibliques souligne le fait que la Bible hébraïque peut et doit être étudiée avec les mêmes méthodes et les mêmes approches que les autres corpus textuels du Proche-Orient ancien. Les études bibliques en France ne sont malheureusement pas très développées à cause d'une certaine compréhension de la laïcité. Durant les recherches des dernières années la nécessité d'une collaboration étroite entre les études philologiques, historiques et archéologiques s'est fait de plus en plus sentir, et l'équipe a renforcé les contacts avec le département d'archéologie de l'université de Tel-Aviv. La plupart des cours du titulaire de la chaire ont porté sur différents ensembles littéraires qui sont à l'origine de la Torah (du Pentateuque), et donc de la Bible hébraïque : les traditions sur Abraham, le livre de l'Exode, l'histoire de Joseph (Gn 37-50) et le livre des Nombres. Contrairement au modèle traditionnel dit documentaire (toujours en vogue dans de nombreuses universités nord-américaines), il paraît désormais plus que plausible que l'origine du Pentateuque se trouve dans la narration de l'Exode, qui à l'origine a été une tradition du Nord, et qui a été mis par écrit pour la première fois au VIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le royaume de Juda. Des cours récents sur l'histoire de l'Arche ont confirmé cette hypothèse qui est actuellement soumise à vérification dans un cours de synthèse s'étendant sur trois ans : Naissance de la Bible.

  1. -1 J

    Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : Le mysticisme et les rêves

    Thomas Römer Collège de France Année 2024 - 2025 Milieux Bibliques Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : Le mysticisme et les rêves René Bloch est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Thomas Römer. Il est professeur à l'université de Berne Résumé Il y a quatre-vingt-dix ans, dans une étude qui fit scandale à l'époque (By Light, Light: The Mystic Gospel of Hellenistic Judaism, New Haven 1935), Erwin R. Goodenough avança l'idée que le judaïsme dans le monde grec avait évolué vers une forme de religion mystique. Selon lui, cet aspect mystique du judaïsme offrait une alternative authentique dans un monde païen profondément mystique. Bien que l'approche de Goodenough ait été justement rejetée comme trop radicale par de nombreux savants, il reste qu'un langage profondément mystique est bien présent dans la littérature judéo-hellénistique. D'après Philon d'Alexandrie, les deux versions de la loi juive, celle du Sinaï (en hébreu) ainsi que celle de la Septante (en grec), remontent à une origine mystique. En outre, la pensée mystique est accompagnée de considérations sur les rêves. Lorsque Jacob rêve d'une échelle dont le sommet atteint le ciel (avec des anges qui montent et descendent sur les échelons), il s'agit d'un enseignement allégorique sur le passage idéal entre la terre corporelle et le ciel noétique. Philon distingue entre trois types de rêves, une typologie qui rappelle les interprétations stoïciennes sur les rêves. Cependant, ici encore, on trouve une interprétation spécifique au judaïsme hellénistique, qui ne se contente pas d'imiter le discours des autres.

    58 min
  2. 29 JANV.

    Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : Mythologie juive, mythologie grecque

    Thomas Römer Collège de France Année 2024 - 2025 Milieux Bibliques Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : Mythologie juive, mythologie grecque René Bloch est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Thomas Römer. Il est professeur à l'université de Berne Résumé Les auteurs judéo-hellénistiques dénoncent régulièrement le mythe grec comme quelque chose de honteux et d'incompatible avec le judaïsme. Cependant, cette impression négative apparemment univoque du mythe grec dans la littérature judéo-hellénistique n'est pas exempte de nuances. Tout d'abord, les auteurs juifs anciens utilisent régulièrement des motifs tirés de la mythologie grecque. Deuxièmement, les critiques que les auteurs judéo-hellénistiques formulent contre le mythe grec s'inscrivent justement dans une tradition de la philosophie grecque du mythe. Ainsi, Flavius Josèphe fait explicitement référence aux rejets des poètes par Platon et à l'éviction d'Homère « de peur qu'il n'obscurcisse la conception correcte de Dieu avec des mythes ». Josèphe utilise donc Platon comme une preuve de l' « orthodoxie » juive. Quant au mythe juif, il n'est quasiment jamais déclaré comme tel par les auteurs judéo-hellénistes. Pourtant, pour un auteur comme Philon, il était clair que le mythe juif n'était pas simplement un paradoxe en soi. Les parallèles entre les récits juifs et ceux des Grecs (portant sur les géants ou le déluge par exemple) étaient trop évidents.

    55 min
  3. 22 JANV.

    Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : La Torah et le cosmopolitisme

    Thomas Römer Collège de France Année 2024 - 2025 Milieux Bibliques Conférence - René Bloch - Les débuts de la philosophie juive dans l'Antiquité : La Torah et le cosmopolitisme René Bloch est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Thomas Römer. Il est professeur à l'université de Berne Résumé Durant la période hellénistique, qui semble à la fois si ancienne et si moderne, des auteurs juifs explorent des voies où tradition juive et pensée grecque convergent. C'est également l'époque où débute l'histoire de la philosophie juive. Pour Philon d'Alexandrie (env. 20 av. J.-C. - 50 apr. J.-C.) la Torah, qu'il considère comme la loi de Moïse, est un chemin philosophique conduisant à une vie meilleure. Contrairement à Spinoza, qui, au XVIIe siècle, rejettera les interprétations philosophiques de la Torah, les auteurs judéo-hellénistiques proposaient une signification profonde et cachée dans la Bible. Il s'agit d'une philosophie au service de la théologie, mais néanmoins d'une philosophie. Selon eux, la philosophie est « le plus grand des biens » que l'homme possède, et, d'après quelques auteurs judéo-hellénistiques, Moïse en aurait même été l'inventeur. Pour Philon, la Torah est l'équivalent de la loi de nature (un concept d'origine stoïcienne). Celui qui suit les commandements de la Torah est donc en accord avec le monde. Il s'ensuit que « l'homme soumis à la loi est par là même citoyen du monde ». Ainsi, Moïse devient le symbole idéal du cosmopolite, terme profondément hellénistique qui apparaît pour la première fois dans la littérature grecque chez Philon d'Alexandrie.

    1 h
  4. 03/10/2024

    Conférence - Mikael Larsson : La bible blasphématoire – la réception de la Bible dans quelques films de Lars von Trier

    Thomas Römer Collège de France Année 2024 - 2025 Milieux Bibliques Conférence - Mikael Larsson : La bible blasphématoire – la réception de la Bible dans quelques films de Lars von Trier Mikael Larsson est invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Thomas Römer. Le Pr Larrson s'exprimera en anglais, avec un support de cours en français. Résumé Le réalisateur danois Lars von Trier est une figure qui divise et sa marque de fabrique personnelle consiste à tromper les attentes de ses audiences et à s'opposer à leurs goûts. Ses films innovent par leur forme et leur genre, et ils abordent systématiquement quelques thèmes théologiques centraux, comme la signification du sacrifice ou la relation entre le pouvoir et la liberté. Dans cette contribution, j'examine l'assemblage de traditions bibliques par von Trier et je le présente comme un cas de réception biblique. Pour le dire simplement, je cherche à savoir quelle Bible apparaît dans les films de von Trier et pourquoi. Je commencerai par une brève introduction au domaine de la Bible et du cinéma et à l'œuvre de Lars von Trier. À l'aide de trois films (Anti-Christ [2009], Nymphomaniac [2013] et The House that Jack Built [2018]), je montrerai comment la Bible apparaît dans les films et quelle Bible est utilisée. Je suggérerai également la façon dont les réceptions bibliques fonctionnent pour chaque film, et j'identifierai certains dénominateurs communs dans l'utilisation de la Bible par le réalisateur. Enfin, je réfléchirai au lien entre la réception de la Bible chez von Trier et la notion de société contemporaine « post-séculaire » et je demanderai pourquoi des spectateurs et spectatrices (prétendument) sécularisé(e)s s'intéressent à l'utilisation de la Bible par le réalisateur et pourquoi des controverses sont apparues quant à la façon dont le réalisateur subvertit ou réifie les « vues de l'Ancien Testament sur les femmes ». Mikael Larsson Associate professor in Old Testament Studies, Faculty of Theology, Uppsala University Mikael Larsson est professeur associé en Ancien Testament à la faculté de théologie de l'université d'Uppsala, en Suède. Il y dirige le département d'études bibliques et est vice-président de la Société suédoise d'exégèse. Ses recherches portent principalement sur la Bible dans la culture contemporaine et sur les questions relatives au genre, à la sexualité et au pouvoir. Il a effectué un post-doc au Centre d'études sur le genre (Université d'Uppsala) et a été chercheur au sein de l'unité de recherche de l'Église de Suède. Il est membre d'Interfilm et a participé aux jurys œcuméniques des festivals internationaux de cinéma de Zlin (2008), Berlin (2011) et Nyon (2017).

    1 h 1 min
  5. 26/04/2024

    Conférence - Christophe Nihan : Nourrir les morts : genèse et transformations d'une pratique funéraire dans l'Israël ancien

    Thomas Römer Collège de France Année 2023 - 2024 Milieux Bibliques Conférence - Christophe Nihan : Nourrir les morts : genèse et transformations d'une pratique funéraire dans l'Israël ancien Christophe Nihan Faculté de Théologie, Université de Munster Résumé La pratique consistant à nourrir, à intervalles plus ou moins réguliers, les défunts d'une famille est bien documentée dans l'ensemble du Proche-Orient ancien. Plusieurs données, tant archéologiques que textuelles, attestent que cette pratique représentait également un élément important du culte funéraire en Israël à l'époque royale (préexilique). Selon une thèse classique, cette pratique aurait été progressivement abandonnée après l'exil, en lien avec l'émergence du monothéisme yahviste. Cette thèse semble appuyée par certains textes, mais elle est également contredite par d'autres données, qui montrent au contraire une continuation de la pratique consistant à nourrir les morts bien après l'exil. Se pose alors la question de savoir comment expliquer cette contradiction apparente. Jusqu'à présent, cette question n'a guère reçu de réponse satisfaisante. Si certains travaux récents, notamment américains (M. Suriano, K.M. Sonia), estiment à juste titre la thèse classique trop rigide, ils ne proposent pas pour autant d'interprétations permettant d'expliquer la coexistence de vues contradictoires sur l'alimentation des défunts. Dans cette conférence, on commencera par reprendre les principaux éléments composant ce dossier. On proposera ensuite une explication nouvelle, qui repose sur la distinction entre deux conceptions du culte funéraire et, plus largement, des rapports aux morts. Si la pratique consistant à nourrir les morts n'a jamais été véritablement abandonnée ni rejetée, c'est la conception même des morts qui a été progressivement transformée. On s'interrogera pour finir sur les ressorts et les enjeux de cette transformation dans une perspective d'histoire des religions comparée.

    56 min
4,8
sur 5
88 notes

À propos

Le titre de la chaire Milieux bibliques souligne le fait que la Bible hébraïque peut et doit être étudiée avec les mêmes méthodes et les mêmes approches que les autres corpus textuels du Proche-Orient ancien. Les études bibliques en France ne sont malheureusement pas très développées à cause d'une certaine compréhension de la laïcité. Durant les recherches des dernières années la nécessité d'une collaboration étroite entre les études philologiques, historiques et archéologiques s'est fait de plus en plus sentir, et l'équipe a renforcé les contacts avec le département d'archéologie de l'université de Tel-Aviv. La plupart des cours du titulaire de la chaire ont porté sur différents ensembles littéraires qui sont à l'origine de la Torah (du Pentateuque), et donc de la Bible hébraïque : les traditions sur Abraham, le livre de l'Exode, l'histoire de Joseph (Gn 37-50) et le livre des Nombres. Contrairement au modèle traditionnel dit documentaire (toujours en vogue dans de nombreuses universités nord-américaines), il paraît désormais plus que plausible que l'origine du Pentateuque se trouve dans la narration de l'Exode, qui à l'origine a été une tradition du Nord, et qui a été mis par écrit pour la première fois au VIIe siècle avant l'ère chrétienne, dans le royaume de Juda. Des cours récents sur l'histoire de l'Arche ont confirmé cette hypothèse qui est actuellement soumise à vérification dans un cours de synthèse s'étendant sur trois ans : Naissance de la Bible.

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