Le bocal Josée Thibeault

Le journaliste culturel Kevin Sweet entre dans Le bocal pour jaser avec moi de carburant créatif, de critique artistique, des grandes Solitudes canadiennes, de privilège mâle et blanc, d’identités marginales… et d’amitié.

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La créatrice de Café et bas de laine, Cathia Riopel, me rejoint dans Le bocal pour une conversation franche et éclatée à propos d’écriture, de Paris, de périménopause, de direction artistique de nos garde-robes, de vêtements vintage… et d’amour.

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Mon cœur bat plus vite. Ma bouche est sèche. Ma gorge se serre.
Et le doute monte.
De quel droit. De quel droit je prends ici la parole.
Est-ce que j’ai vraiment quelque chose à dire?
Quand j’ai parlé de mon projet de podcast à une amie, elle m’a fait un drôle d’air. Et puis elle a dit : « wow, t’as du courage. »
Quand j’avais présenté mon projet de spectacle solo La fille du facteur au directeur artistique d’une compagnie de théâtre, il m’avait dit « wow, ça prend du courage pour raconter une histoire vraie. »

Pourquoi toujours cette notion de courage évoquée quand on annonce qu’on va prendre la parole? Qu’on va dire « je »?

Est-ce qu’on dirait la même chose à un homme?

De tout temps, les femmes ont été poussées au silence.
Leur prise de parole est toujours reléguée
aux affaires de bonnes femmes,
à l’autofiction (le terme est dit avec un petit rictus de dédain),
à la biographie (même expression condescendante, comme si on parlait d’un livre de recettes).
ou au domaine de l’intime (l’intime ne pouvant jamais, bien sûr, être synonyme de littérature ou d’œuvre d’art).

Alors, à chaque fois que les battements de mon cœur s’accélèrent, que mon souffle se loge dans le haut de ma poitrine, que des sueurs froides m’envahissent… à chaque fois que je remets en doute ma prise de parole, je dois me marteler ces mantras dans tout le corps :

« Le personnel tend vers l’universel ».
« L’intime est politique »

Autrice et artiste de la parole, Josée Thibeault présente ce podcast écrit et enregistré dans Le bocal, son balcon vitré du neuvième étage de sa tour d’ivoire, véritable bulle d’introspection et d’observation en ces temps de distanciation sociale et physique. Pour parer à la paralysie créative et à la rareté des occasions de performer en public, celle qui nous a donné le spectacle solo La fille du facteur regarde vers l’avant, revisite le passé, réfléchit à nos sociétés prises dans la tourmente, écrit et parle. Partageant monologues créatifs et poésie spoken word, chaque épisode du Bocal s’inscrit dans une démarche personnelle de poétiser le moment présent, avec humilité, humanité et humour.